Avant le lever du soleil, cinq « terroristes présumés » avaient été abattus par les forces sécurité dans la station balnéaire de Cambrils, à 120 km au sud de Barcelone. Trois autres avaient été arrêtés dans deux autres localités de Catalogne, une région autonome qui dispose de sa propre police, selon les autorités. L’hypothèse des enquêteurs est que tous sont liés à l’attaque de jeudi après-midi à Barcelone, revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique, qui a déjà revendiqué des attentats similaires à Nice, Londres et Berlin.
Une camionnette blanche a descendu à toute allure l’allée centrale des Ramblas, une longue avenue bondée de touristes, fauchant les passants par dizaines et percutant un kiosque à journaux. Le conducteur est descendu du véhicule et s’est enfui en courant, sans dire un mot et la police n’a pas annoncé l’avoir retrouvé. Le bilan est lourd: 13 morts et plus d’une centaine de blessés et pourrait encore s’aggraver, a prévenu le responsable de l’Intérieur de Catalogne, Joaquim Forn.
« J’ai vu quatre ou cinq personnes à terre et des gens essayaient de les réanimer. Il y avait beaucoup de sang« , a raconté à l’AFP Lily Sution, une touriste néerlandaise. Tom Gueller a raconté à la radio BBC avoir vu le véhicule dévaler l’avenue. « Il ne ralentissait pas du tout. Il fonçait droit dans la foule au coeur des Ramblas« , a-t-il dit.
Les autorités étaient toujours en train de recenser les victimes, d’au moins 24 nationalités différentes, selon la protection civile quand l’alerte à été donnée à Cambrils peu après minuit. Une Audi A3 fonçait sur la promenade de bord de mer, renversant les passants. Elle a percuté une voiture des Mossos d’Esquadra, la police catalane, et une fusillade a éclaté, selon le gouvernement régional. Quand l’opération a pris fin, « cinq terroristes présumés » étaient morts, un policier et six civils blessés, dont un dans un état critique. Des ceintures d’explosifs que portaient les « terroristes pérsumés » abattus à Camrils étaient faux, a annoncé le chef du département de l’Intérieur Joaquim Forn, à la radio Onda Cero.
« Nous étions sur la promenade de la plage. Nous avons entendu des tirs et pensé « ça doit être des fusées » mais c’était des coups de feu, a raconté à l’AFP Markel Artabe, 20 ans, employé dans un restaurant de Cambrils. Il a raconté avoir vu une étrangère à terre, apparemment touchée à la tête, avec ses amis qui criaient à l’aide. Les Mossos d’Esquadra ont annoncé dans la nuit avoir arrêté un troisième homme, à Ripoll, à une centaine de kilomètres au nord de Barcelone, où un Marocain, Driss Oukabir, avait déjà été appréhendé.
Un autre suspect, né à Melilla, une enclave espagnole au Maroc, a été arrêté à 200 km au sud de Barcelone, après l’explosion mercredi soir d’une maison dont la police croit que les occupants préparaient un engin explosif. L’Espagne, troisième destination touristique au monde, avait été jusqu’ici épargnée par les attentats des jihadistes de l’EI qui ont touché d’autres capitales européennes, telles Paris ou Bruxelles. Mais c’est à Madrid qu’avaient eu lieu les attentats islamistes les plus meurtriers jamais commis en Europe: le 11 mars 2004, des bombes avaient explosé dans des trains, faisant 191 morts. Ils avaient été revendiqués par un groupe de la mouvance al-Qaïda.
Cette expérience tramatisante et sa longue lutte contre les attentats terroristes des séparatistes basque de l’ETA, ont poussé l’Espagne à renforcer se services de renseignement et à appliquer une politique d’arrestations préventives des suspects de jihadisme. La Catalogne est avec Madrid et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc, l’un des lieux de concentration d’islamistes radicalisés. Plus d’un tiers des personnes condamnées pour des activités en rapport avec le terrorisme jihadiste résidaient en Catalogne, contre 35,4% dans la région de Madrid, selon un rapport du think tank Real Instituto El Cano.
Les réactions d’indignation ont très vite afflué. « Ils ne nous terroriseront pas. Toute l’Espagne est à Barcelone. Les Ramblas appartiendront de nouveau à tout le monde« , a déclaré le roi Felipe VI dans un message du Palais royal. Le souverain devait participer à 12H00 (10H00 GMT) à Barcelone à une minute de silence en solidarité avec les victimes de l’attentat. Le chef du gouvernement Mariano Rajoy s’était rendu dans la capitale catalane, où le gouvernement régional séparatiste prétend faire sécession de l’Espagne. « Nous sommes unis dans la douleur. Mais nous sommes surtout unis par la volonté de mettre fin à cette folie et cette barbarie« , a-t-il déclaré à la télévision, annonçant un deuil national de trois jours à partir de vendredi.
Barcelone s’était immédiatement mobilisée. Les employés de sécurité à l’aéroport ont mis fin à une grève, les taxis se sont mis à transporter gratuitement les voyageurs qui le nécessitaient. Des volontaires se sont précipités pour donner leur sang, au point que les autorités ont fait savoir que ce n’était plus nécessaire.
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