Une grande exposition en hommage au pionnier Ahmed Cherkaoui en décembre

Ahmed Cherkaoui dans son atelier. Crédit DR

Ahmed Cherkaoui est sans aucun doute le précurseur de l’art moderne au Maroc. En décembre 2017, pour le cinquantenaire de sa mort, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain lui consacre une exposition rétrospective.

Au départ, l’exposition devait être une rétrospective des deux plus grands noms de la peinture marocaine à savoir Gharbaoui et Cherkaoui, mais la Fondation nationale des musées (FNM) a finalement opté pour un hommage à Ahmed Cherkaoui en décembre 2017, à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort.

Contrairement aux expositions de Giacometti et Picasso qui avaient été achetées clé en main, ou à celle consacrée au grand maître espagnol Francisco Goya (prêtée par la Banque d’Espagne), l’exposition sur Ahmed Cherkaoui sera entièrement montée et financée par la FNM.

Le nom de l’exposition n’a pas encore été déterminé, tout comme le nombre d’œuvres qui seront présentées. Toutefois, plusieurs grands collectionneurs nous ont confié que la FNM avait déjà commencé une collecte auprès d’eux.

« Il est impératif pour le Musée Mohammed VI d’organiser des expositions purement marocaines et notamment des rétrospectives des plus grands artistes que le Maroc ait connus afin que le peuple réalise à quel point son patrimoine regorge de richesses », nous confie un des plus grands collectionneurs de Cherkaoui au Maroc, ravi de pouvoir contribuer à cette exposition.

« Je ne comprenais pas qu’il n’y ait toujours pas d’exposition de Cherkaoui au Musée Mohammed VI. Je suis soulagé de savoir que nous allons dans le bon sens, c’est une forme de reconnaissance, car c’est la place qu’il mérite. J’espère que cette exposition sera faite intelligemment et que ça ne sera pas qu’une succession de toiles accrochées. J’attends une démarche d’explication et de recherche qui raconteront la naissance du signe et de l’abstraction ainsi que le sentiment d’identité très cher à Cherkaoui. Je souhaite plein de réussite à cette exposition et je suis moi-même disposé à me battre pour que ça réussisse« , confie de son côté Hicham Daoudi, fondateur de la Compagnie marocaine des oeuvres et objets d’art (CMOOA).

Mehdi Qotbi, président de la FNM, nous assure que « le Musée Mohammed VI a, depuis sa création et à chaque exposition majeure occidentale, mis à l’honneur la place à la peinture et la création du Maroc. Pour le cinquantenaire de la mort de l’immense Cherkaoui, nous avons eu envie de lui rendre hommage, à lui, l’un des fondateurs de la peinture marocaine ».

 

Composition, 1962;, Ahmed Cherkaoui Crédit CMOOA
Composition, 1962, Ahmed Cherkaoui
Crédit CMOOA

Ahmed Cherkaoui (1934-1967)

Ahmed Cherkaoui est né dans la plaine de la Chaouia. Son père est descendant d’une grande famille de mystiques: la confrérie soufie de l’Cherkaoua. Du côté de sa mère, il est amazigh de la tribu Zayanes du Moyen Atlas. D’où les fortes références à la fois mystiques et amazighes très présentes dans ses toiles.

L’art amazigh et les symboles talismaniques font partie intégrante de l’œuvre de Cherkaoui qui avait, entre autres références, Roger Bissière ou encore Paul Klee. Son support de prédilection est la toile de jute, sur laquelle il laisse des symboles noirs rayés, fabriqués dans une structure ovale et fixés à intervalles avec des couleurs vives, s’exprimer au gré de ses humeurs. Cherkaoui est fasciné par les signes depuis toujours, très curieux du sens des tatouages de sa mère.

Sa peinture, à la fois ancrée dans la tradition et ouverte à la modernité, reste assurément un des piliers de l’histoire de l’art au Maroc. Ses techniques innovantes et la nature esthétique, abstraite et magnétisante de son travail expriment son intérêt pour la calligraphie et s’inscrivent comme un pan incontournable de la scène artistique marocaine.

Durant les années 1960, son œuvre dépeint diverses formes. Il explore et développe un style moderne personnel, s’exprimant dans des collages de jute brut. Il est passé par la suite par une phase qu’il baptise le « tachisme » ou « l’informe », et où il souligna la valeur de la couleur. Bien que les couleurs sombres dominaient ses tableaux avant 1965, elles devinrent par la suite plus légères, presque brillantes, avec une plus grande prise de conscience de l’utilisation de l’espace et des matériaux supplémentaires tels que la fibre, la gouache ou l’aquarelle.

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