Baisse des recettes touristiques: les conclusions des opérateurs et du ministère de tutelle divergent

Alors que les arrivées et les nuitées ont enregistré de fortes hausses, les recettes touristiques en devises en régressé. Le ministère du Tourisme et les opérateurs  n’avancent même pas les mêmes explications pour décrypter cette tendance.

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Crédit: AFP

Le Maroc a accueilli 4,6 millions de touristes au premier semestre. Soit une hausse de 9 % par rapport à la même période de l’année dernière. Les nuitées réalisées dans les établissements classés ne sont pas en reste, enregistrant une hausse de 18 %. Seul indicateur en baisse : les recettes en devises, en baisse de 0,5 %. Pourquoi les recettes reculent-elles pendant que les arrivées et les nuitées augmentent ? « Les mauvais chiffres publiés par l’Office des changes s’expliquent par deux facteurs. D’une part, le développement croissant des formules All-inclusive peu lucratives dans des locomotives touristiques comme Marrakech et Agadir. D’autre part, il y a un secteur informel (riads, maisons d’hôtes …) non contrôlé qui ne déclare pas tous ses revenus« , écrit le site Médias 24, relayant les explications d’une source autorisée au ministère du tourisme.

Explications qui ne font pas l’unanimité. « Tous les hôteliers sont obligés de lancer des promotions pour préserver les volumes. Tous. Hormis une vingtaine sur tout le Maroc. Mettre en avant le all inclusive est trompeur. C’est un bouc émissaire facile, mais qui ne résiste pas à l’analyse », réagit un grand opérateur. D’ailleurs, même le département de Lamia Boutaleb n’avance pas les mêmes raisons pour expliquer la baisse des recettes en devises. Selon le cabinet de la secrétaire d’Etat chargée du tourisme, contacté par Telquel.ma, les recettes voyages n’ont pas suivi les mêmes tendances « notamment à cause de la baisse de la dépense moyenne des touristes ». Ce qui, détaille la même source, « s’explique en partie par la crise économique encore latente dans certains marchés émetteurs européens qui a impacté significativement le pouvoir d’achat des touristes provenant de ces marchés  et l’économie du partage qui a touché, à l’image des autres industries, tous les maillons de la chaine de valeur touristique : hébergement, transport…etc. »

Pour y remédier, Lamia Boutaleb sort de son chapeau deux mesures somme toute générales : « Affiner la segmentation et le ciblage des touristes et bonifier l’offre touristique avec des produits à forte valeur ajoutée et allongement de la durée moyenne de séjour. » « Écran de fumée », commente un responsable du secteur. « Si c’était vrai, c’eut été vérifié sur les autres destinations des Européens, comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce… Ce qui est faux », poursuit notre interlocuteur. « C’est l’attractivité de notre destination, affaiblie par l’actualité géopolitique et terroriste internationale, qui force les hôteliers à « résister » à coup de promotions tarifaires régulières et contraintes. Aux dépens des marges et valeurs ajoutées », avance l’opérateur.

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