Le roi Mohammed VI a reçu ce samedi dans l’après midi le Wali de Bank Al Maghrib pour la présentation du rapport annuel de l’institut d’émission. La réception a eu lieu au palais royal de Tétouan, mettant fin aux rumeurs autour d’une probable disgrâce du gouverneur. Une disgrâce qui serait liée selon plusieurs articles et informations diffusés ces derniers jours sur les réseaux sociaux au grand cafouillage qu’a connue la réforme du régime de change et son report sine die.
37 000 emplois détruits : « une première depuis 2001 »
Dans son allocution devant le roi, Jouahri n’a pas été tendre vis-à-vis du bilan économique de l’exercice 2016. Il a ainsi indiqué que la croissance s’est nettement repliée, s’établissant à 1,2 %, dans un contexte marqué par le ralentissement de l’économie mondiale et par des conditions climatiques défavorables. Ces évolutions se sont reflétées sur le marché du travail dont la situation s’est sensiblement dégradée, l’économie nationale ayant accusé une perte nette de 37 000, la première depuis 2001.
Au niveau des équilibres macroéconomiques, le Wali Bank Al-Maghrib a affirmé que le déficit budgétaire a atteint 4,1 % du PIB, en déphasage avec l’objectif fixé par le gouvernement dans sa loi de Finances (3,5%). Ce dépassement tient à un taux d’exécution élevé des dépenses d’investissement, à d’importants remboursements de crédits de TVA et à une rentrée en dons des partenaires du CCG inférieure au montant programmé, précise Jouahri. Le déficit du compte courant s’est aggravé quant à lui à 4,4 % du PIB, tandis que les réserves de change ont poursuivi leur renforcement, couvrant ainsi plus de six mois et demi d’importations. Il a précisé que, dans ces conditions, l’inflation s’est stabilisée à 1,6 %.
Cherche nouveau modèle de développement
Jouahri a, par ailleurs, affirmé que les évolutions qui ont marqué l’année 2016 laissent conclure que notre économie présente encore des fragilités importantes et reste vulnérable aux aléas de la conjoncture internationale et des conditions climatiques. Malgré le maintien d’un niveau élevé d’investissement et en dépit des différentes stratégies sectorielles lancées ces dernières années et les mesures déployées pour améliorer le climat des affaires, notre économie, a-t-il précisé, reste toujours en quête d’une véritable voie et d’un modèle de développement qui la placerait durablement sur un sentier de croissance plus élevé.
Pour relever ces défis, il est impératif d’initier une nouvelle génération de réformes à même d’améliorer la productivité et de renforcer la résilience de l’économie dans un environnement international incertain, a poursuivi Jouahri, notant que c’est dans ce cadre que s’inscrit la flexibilisation progressive du régime de change. « Cette réforme renforcera la capacité de notre économie à absorber les chocs externes et contribuera à préserver sa compétitivité », a-t-il dit.
L’éducation, une « priorité absolue »
Sur un autre registre, Jouahri a indiqué que le défi de l’emploi ne peut pas être relevé seulement en réalisant des taux de croissance plus élevés, mais requiert également l’amélioration de la capacité du système d’éducation et de formation à répondre aux besoins du marché du travail, indiquant dans ce sens que la réforme du système éducatif s’impose aujourd’hui comme la priorité absolue pour notre pays.
Il n’a pas manqué de souligner que ce chantier interpelle toutes les parties prenantes, en vue d’instaurer un climat de paix et de solidarité entre les différents acteurs afin d’assurer les meilleures chances pour la réussite de sa mise en œuvre et son aboutissement dans des délais raisonnables. Le renforcement du caractère inclusif de la croissance passe également par des politiques de redistribution de la richesse nationale pour atténuer les inégalités sociales et territoriales, a affirmé Wali Bank Al-Maghrib.
A la fin, Jouahri a déclaré « qu’en dépit de ces défis internes, le Maroc continue sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi de jouir d’un statut d’îlot de paix et de stabilité dans la région et bénéficie d’une grande confiance sur la scène internationale ».A cet égard, toutes les forces du pays, autorités, entreprises et partenaires sociaux, sont appelées à se mobiliser et à œuvrer pour transformer le bénéfice latent de cette confiance en retombées concrètes permettant d’accélérer la croissance et de renforcer son caractère inclusif.
Avec MAP
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