Lorsqu’il arrive sur le banc du club du quartier populaire algérois de Belouizdad en novembre dernier, Badou Zaki découvre un club en proie à des difficultés financières, englué dans le bas du tableau de la Ligue 1 algérienne.
Après 11 journées, le Chabab Riadhi Belouizdad (CRB) totalise seulement 9 points et flirte dangereusement avec la zone de relégation. L’arrivée de Badou Zaki, qui n’a remporté qu’un seul titre avant son arrivée en Algérie (une coupe du Trône avec le Wydad en 1998), est pourtant accueillie avec optimisme du côté du club algérois.
« Nous connaissions tous Badou, le meilleur gardien africain de tous les temps, et sélectionneur du Maroc en 2004. Tout le monde à Belouizdad était optimiste à l’annonce de son intronisation sur le banc du Chabab », se souvient Abdelmalek Addad, journaliste au quotidien Annahar et spécialiste du CRB. Les supporters les plus optimistes du club tablaient sur un maintien en première division et – pourquoi pas? – un parcours honorable en Coupe.
L’effet Zaki
Des objectifs que Badou Zaki atteint avec brio. Ainsi en championnat, son équipe réussit un improbable renversement de situation en terminant à la 6e place du classement à l’issue de la saison.
Le CRB sous Zaki, ce sont 43 points engrangés sur 57 possibles, pour 22 buts inscrits et 13 encaissés. « Zaki a vite repéré les failles du système tactique avec lequel l’équipe a entamé le championnat. Quelques réglages tactiques et un marché des transferts réussi ont changé la donne. Résultat, l’équipe est plus efficace, encaisse très peu de buts et collecte des points précieux », explique Maher Mezahi, journaliste sportif indépendant et fin connaisseur du football algérien.
Des résultats surprenants au vu de la crise interne que traversait le club: les joueurs ne percevaient plus leurs salaires depuis plusieurs mois. Zaki fait alors preuve de tact et étale tous ses talents de manager, dans le sens anglais du terme. « Il était plus qu’un entraîneur aux yeux de son effectif qui voyait en lui un psychologue, proche de ses joueurs », ajoute Mezahi.
En Algérie, Badou Zaki se distingue aussi par sa discrétion. « Il n’était pas très accessible pour les médias et préférait se concentrer sur son travail« , affirme Maher Mezahi. De son côté, Abdelmalek Addad dresse le portrait d’un homme « courtois, à l’écoute des médias, et respecté de tous« .
Adulé par les supporters
Dans les gradins, le nom de Baddou Zaki était sur toutes les lèvres. « À chaque rencontre, quel que soit le score, les fans ne cessaient de répéter: ‘Badou Zaki Maranach Mla7’ (‘Badou Zaki, nous ne sommes pas bons, NDLR’). C’était leur manière de lui demander de rester », poursuit Abdelmalek Addad.
« Il est très rare en Algérie de voir un entraîneur ne pas se faire siffler ou insulter quand son équipe perd, mais il faut dire que le travail effectué par Badou forçait le respect« , renchérit Maher Mezahi.
Badou zaki anta fi baladak 2 wahia el djazair
— belhadj (@kheira3181) 10 juillet 2017
Le travail de Badou Zaki est récompensé le 7 juillet, lorsque le technicien marocain décroche la Coupe d’Algérie au terme d’une bataille de 120 minutes face au champion d’Algérie en titre, l’ES Sétif. S’ensuivent des scènes d’émotion, où il fond en larmes au milieu d’une foule déchaînée, extasiée par une victoire inattendue.
grand Monsieur
Badou Zaki tu resteras dans nos coeurs— sofiane_champigny (@smouhoub) 6 juillet 2017
En à peine huit mois, Badou Zaki laisse en héritage une équipe fière de son accomplissement, et s’envole pour d’autres cieux, ceux de la ville de Tanger, où il a signé en mai un contrat de deux ans.
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