Haut fonctionnaire indéboulonnable du département de l’Environnement, Abdelkébir Zahoud a disparu des radars fin 2011, avec l’arrivée d’Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement. Après pratiquement deux quinquennats passés sous Driss Jettou puis sous Abbas El Fassi, l’ancien secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement jette alors l’éponge pour reprendre la gestion de son business.
Homme d’affaires, ancien député sous les couleurs de l’Istiqlal, ce haut commis de l’État a été nommé le 23 juin wali de Casablanca-Settat et gouverneur de la préfecture de Casablanca, où il devra poursuivre les nombreux chantiers laissés par son prédécesseur Khalid Safir.
Au commencement, Ouled Zem
Abdelkébir Zahoud n’a pas le profil classique du wali. Ingénieur comme nombre d’entre eux, il a ceci de particulier qu’il a fait ses premières armes au sein de l’Istiqlal, dont il est encore membre. Depuis la fin des années 1980, l’homme jongle entre ses responsabilités au sein du parti, ses affaires et son statut de commis de l’État.
Né à Ouled Azzouz, un patelin niché dans la province de Khouribga, Zahoud a vu le jour en 1961. Un père commerçant de céréales, une mère au foyer, une fratrie de cinq enfants, il suit ses études primaires dans son village natal puis à Oued Zem, avant de prendre la direction de Casablanca où il décrochera un baccalauréat technique au lycée Al-Khawarizmi, et un diplôme d’ingénieur de l’école Hassania des travaux publics (EHTP). Parcours somme toute ordinaire jusque-là.
Mais l’homme se découvre vite une fibre politique, une affaire de famille. « Mon père était l’un des responsables de l’Istiqlal dans la région« , nous dit-il. Lorsqu’il décroche son diplôme d’ingénieur en 1987, il occupe tour à tour les postes de chef de service à la direction générale hydraulique, de secrétaire général de l’EHTP, puis de directeur provincial de l’équipement des travaux publics à Larache.
À mesure qu’il gravit les échelons professionnels, il est promu secrétaire provincial et coordinateur du parti de l’Istiqlal qui est alors dirigé par M’hamed Boucetta. Après avoir quitté la fonction publique pour le monde des affaires, Zahoud continue d’évoluer dans la hiérarchie du parti. Il est élu député de la circonscription d’Oued Zem en 2000.
On se jette à l’eau
En 2002, après les inondations survenues à Mohammedia, l’enfant d’Ouled Azzoul franchit une nouvelle étape dans sa carrière. Secrétaire général chargé de l’Environnement auprès du ministre de l’Énergie, sous Driss Jettou, il hérite de la gestion de plusieurs chantiers. « Le plus important c’est tout ce qui concerne la sécurisation de l’alimentation en eau potable du royaume« , nous résume l’actuel wali.
Lancement du programme national de protection contre les inondations, élaboration de la stratégie nationale de l’eau – « le socle du plan Maroc vert », précise-t-il -… Abdelkébir Zahoud est sur tous les fronts.
Reconduit sous le gouvernement Abbas El Fassi, il est chargé de la conception du programme national de la mise à niveau environnemental, lancé début 2009 et de l’élaboration de la charte nationale de l’environnement. « Il y avait aussi la fermeture des décharges sauvages, comme celle de Mohammedia« , nous explique Abdelkébir Zahoud.
En somme, l’homme gérait les chantiers majeurs relatifs à l’environnement entre 2002 et 2011. Toujours membre du comité national du parti de la balance, Zahoud quitte le ministère de l’Environnement pour retrouver ses affaires.
La carrière se construit
Zahoud dirige la Société d’aménagement, des forages et de reconnaissances (Samfor), une entreprise de « reconnaissance géologique » qu’il avait quittée en 2000 après son élection à la Chambre des représentants. « Ce n’est pas une grosse boîte, c’est une PME« , nuance l’homme d’affaires.
Selon le bilan de la société, consulté par Telquel.ma, le chiffre d’affaires était de près de 400.000 dirhams en 2015, en chute de 40 % par rapport à l’année précédente. Zahoud gère aussi une société familiale, Espace Riviera, entreprise spécialisée dans le commerce de gros. Autre affaire : Confonda (Constructions Fondations), une société lancée en 2005 et dont l’ancien président du conseil d’administration, Youssef Iraqi Housseini, occupe actuellement le même poste au sein d’Akwa Group, holding détenue par Aziz Akhannouch.
Abdelkébir Zahoud y siège en tant qu’administrateur, aux côtés d’El Yacoubi Majid, ancien directeur financier du ministère de l’Agriculture, et actuel directeur du pôle développement d’Akwa Group (le même qui a accompagné le roi durant sa dernière tournée africaine fin 2016). « J’y siège en tant qu’administrateur, et non en tant qu’associé, pour apporter un soutien dans la gestion« , nous précise Zahoud, qui passe de la gestion d’affaires partisanes ou financières, à celle du poumon économique du royaume.
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