À quelques semaines du lancement de la réforme du régime de change promise pour le second semestre de l’année 2017, c’est l’effervescence. Le marché se fait l’écho d’une situation d’alerte au niveau des salles de marché. « Il n’y a pas de devise disponible ni de limitation des ordres d’achat pour chaque banque« , affirme une source qui a requis l’anonymat. Pour notre interlocuteur, cette situation ne peut s’expliquer que par deux choses: « la convertibilité a déjà démarré, ou ils ont démarré le crash test du dirham« . Qu’en est-il vraiment?
« Je n’ai pas reçu de remontée d’informations particulière à ce sujet », nous répond un patron d’une banque de la place. Même son de cloche de la part de ce membre du comité de direction d’un établissement bancaire. « Je ne suis pas au courant de difficultés particulières. Chaque banque dispose de ses process de pilotage de la liquidité en devises. Il n’y a pas de démarrage particulier de la reforme« , insiste-t-il. « Au niveau de notre banque, nous n’avons rien reçu. S’il y avait une mesure officielle, elle aurait été envoyée à tous les opérateurs« , nous déclare de son côté le président directeur général d’une autre structure bancaire.
Ruée sur les salles de marché
Si nos interlocuteurs sont unanimes sur l’inexistence d’une situation alarmante au niveau des salles de marché, comme pour l’absence de démarrage de la mise en oeuvre de la réforme du système de change, ils admettent une tension sur les devises. « En réalité, les entreprises et même les clients physiques qui travaillent avec la devise tentent d’anticiper la réforme de changes. Alors, ils se sont rués vers les salles de marché pour sécuriser leurs prochaines opérations« , nous confie un banquier. En effet, les banques doivent gérer l’inquiétude de leurs clients. Ces derniers ont peur d’une dévaluation du dirham une fois que la flexibilité de change sera enclenchée dans les quelques semaines à venir.
Pour se couvrir contre ce risque de dévaluation, les entreprises font appel au contrat de change à terme. Ce contrat est un engagement d’acheter ou de vendre un certain montant en devises à un cours fixé d’avance et pour une échéance déterminée. « Ces opérations sont encadrées par la réglementation des changes. C’est juste une anticipation sur des importations futures et non de la spéculation financière« , explique un de nos interlocuteurs.
Un avis qui n’est pas partagé par un PDG de banque que nous avons interrogé. Pour lui, il y a tout de même « une part de spéculation de la part des salles de marché. Il est tout à fait possible que celles-ci veuillent elles-mêmes se couvrir en faisant un stock de devises en prévision de la réforme et de ses impacts ».
Tensions et inquiétude
Ce qui est sûr c’est que la tension sur le marché de la devise est palpable malgré tous les efforts de sensibilisation et d’explication menés par Bank Al Maghrib et les banques marocaines pour rassurer les différents acteurs du marché marocain. « Il y a beaucoup d’inquiétude infondée chez les clients physiques et les entreprises. La réforme sera très graduelle et très technique, sans aucun impact à court terme », insiste ce membre du comité de direction d’une banque de la place. Pour lui, « il n’y a aucune raison pour cette inquiétude, car la réforme est très progressive ». Il estime également que plusieurs conditions sont réunies pour que tout se passe bien. « Aucune déconnexion entre le marché noir et le marché officiel, les réserves de change sont au plus haut niveau, nos exportations sont diversifiées, nous avons la confiance des investisseurs extérieurs », énumère-t-il. « Ce qui se passera c’est juste un peu plus de volatilité et des ajustements si le prix du pétrole augmente ou notre compétitivité baisse », prédit-il.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer