Maphar: Les raisons d’une cession et les ambitions d’un rachat

Eurapharma, filiale du groupe CFAO, a acheté Maphar, filiale de Sanofi au Maroc. Retour sur ce deal stratégique avec les patrons des deux groupes partenaires.

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CFAO, à travers sa filiale Eurapharma, signe un vrai coup de maître en mettant la main sur l’un des leaders nationaux du secteur pharmaceutique, Maphar. Sanofi a cédé le contrôle (51 % du capital) de son vaisseau amiral industriel au Maroc à CFAO. « Les aspects techniques, financiers… du partenariat entre Sanofi et Eurapharma ne font l’objet d’aucune communication et sont donc confidentiels« , nous répond Amine Benaderrazik, président-directeur général de Sanofi, interrogé sur le montant de la transaction.

S’il a été peu loquace sur les détails du deal, il a par contre tenu à défendre son groupe contre l’idée selon laquelle Sanofi se désengagerait du marché marocain. « Le Maroc est et restera un pays stratégique pour le groupe Sanofi qui n’a nullement l’intention de s’en désengager. Sanofi restera un actionnaire de référence de Maphar à hauteur de 49 % et renforcera sa position de leader du marché pharmaceutique marocain à travers sa filiale Sanofi-Aventis Maroc, qui a réalisé d’importants investissements industriels, logistiques et scientifiques lors de ces dernières années« , explique-t-il à TelQuel.

Le Maroc n’est-il plus si rentable ?

Amine Benaderrazik explique que Sanofi a pensé à ouvrir le capital de Maphar à un partenaire stratégique, car il « a une activité spécifique de représentation de laboratoires pharmaceutiques pour l’importation, la production, et la distribution, et avait besoin pour se développer d’un partenaire pouvant lui apporter de nouveaux clients, de nouvelles perspectives, une ouverture sur l’Afrique et une expertise dans la distribution« . Comprenez: les opérations de Sanofi et Maphar au Maroc ont souffert d’un environnement défavorable (changement stratégique dans le secteur, notamment la baisse des prix sur le marché) qui a affecté les résultats et la performance de l’entreprise. « L’usine de Maphar a perdu des volumes et présente des coûts de production élevés, et doit, pour continuer à se développer, pouvoir attirer de nouveaux partenaires », nous confiait une source auprès de Sanofi, il y a quelques mois, avant l’annonce officielle de la cession.

Pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, Sanofi préfère, aujourd’hui, affirmer que « les motivations de ce partenariat résident dans la volonté de Sanofi de s’allier à un partenaire ayant des expertises techniques et une implémentation panafricaine. Ce partenariat a été pensé, et construit, sur la base de la complémentarité des deux partenaires (Sanofi et Eurapharma)  qui sont considérés en Afrique comme des leaders dans leurs domaines d’expertise respectifs, à savoir la production et la distribution pharmaceutique », répète le PDG de Sanofi.

Un hub africain pour Eurapharma

Le marché marocain n’est plus aussi rentable, le cap est clairement mis vers le reste de l’Afrique et c’est l’élément sur lequel les deux partenaires ont accordé leur violon. Eurapharma est historiquement engagé dans le métier de la distribution pharmaceutique sur le continent où elle développe depuis une dizaine d’années des métiers complémentaires, dont celui de la production de médicaments. « C’est un mouvement quasi naturel de notre activité. Nous sommes de plus en plus engagés dans la construction de chaînes de valeurs dans le secteur de la santé », nous confie Jean-Marc Leccia, PDG d’Eurapharma.

« Ce mouvement stratégique correspond tout d’abord à notre volonté de nous adapter et d’accompagner l’évolution naturelle du marché pharmaceutique en Afrique, clairement marquée par un processus d’industrialisation. En second lieu, le renforcement de nos activités industrielles via ce partenariat avec Sanofi illustre notre stratégie d’intégration de la chaîne de valeurs: production, pré-wholesale, répartition« , ajoute-t-il. Pour la filiale de CFAO, le Maroc bénéficie également d’une situation géographique unique « pour jouer un rôle de hub à destination de l’Afrique subsaharienne« .

Quant au statut CFC obtenu récemment par CFAO, il ne concerne pas pour l’heure les activités pharmaceutiques. « Le statut CFC que le groupe CFAO a obtenu récemment ne concerne que l’une de nos filiales dans le domaine de l’automobile. Nous évaluerons en temps utile l’opportunité d’étendre ce statut aux activités de Maphar si cela peut faciliter certaines exportations depuis le Royaume par exemple« , nous confie encore Jean-Marc Leccia. En termes de business, Eurapharma ambitionne d’élargir les activités de production et de distribution de Maphar à de nouveaux clients et partenaires. « Dans le même temps, nous travaillerons de concert à l’amélioration des services actuellement proposés et nous efforcerons de renforcer les activités d’exportation à partir de Maphar« , conclut Jean-Marc Leccia.

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