Privée d’une jambe après une morsure de pitbull suivie d’une erreur médicale, Najwa Awane a su surmonter les épreuves pour devenir championne du Maroc de tennis en fauteuil roulant. Portrait d’une jeune femme prête à tout pour réaliser ses rêves.
A 19 ans, Najwa Awane affiche déjà un palmarès impressionnant. Championne du Maroc et d’Afrique en fauteuil roulant, son succès n’a d’égal que sa détermination. « Il faut s’entraîner dur pour réaliser ses rêves », martèle-t-elle. À l’origine pourtant, rien ne disposait la jeune femme à manier la raquette sur les terrains du monde. « À 7 ans, j’enchaînais les entraînements de marathon avec mon père. Je gagnais même les garçons à la course. Mais le tennis… je ne m’y intéressais pas », raconte la championne.
C’est pourtant bien ce sport qui lui a permis de relever la tête après un terrible accident :
« En 2008 un pitbull m’a mordu à la jambe. J’ai ensuite subi une faute médicale à la clinique. Au total, j’ai enchaîné 17 opérations en 2 mois. Je suis tombé en dépression en me disant : « C’est terminé, jamais je ne concrétiserai mes rêves ».
« Si tu veux mourir, nous le ferons toutes les deux »
En quelques semaines la vie de Najwa bascule. La jeune fille découvre alors le dur quotidien des personnes en situation de handicap à Casablanca : « Cette ville n’est absolument pas faite pour les handicapés. Se déplacer en fauteuil roulant est une épreuve», déplore-t-elle. Au-delà des difficultés quotidiennes, la futur championne doit affronter le regard des autres. Brimades, apitoiement, moqueries… Difficile de supporter cette nouvelle existence :
« Je me répétais sans cesse : « Pourquoi moi ? » Heureusement, ma famille m’a toujours soutenu. Lorsque j’ai confié à ma soeur que je voulais mourir, elle m’a pris par la main et m’a dit : » Si tu veux le faire, nous le ferons toutes les deux ». J’ai compris qu’il fallait me battre et ne pas baisser les bras. »»
Najwa Awane découvre alors le handisport grâce aux conseils de son prothésiste. Encouragé par son père, elle commence le tennis en fauteuil roulant « par hasard ». Les progrès sont rapides. Ils lui permettent d’enchaîner les compétitions… et les succès.
A force d’entraînement, elle ressort vainqueur du championnat africain et marocain de tennis en fauteuil roulant en 2016. Des victoires que la championne remporte comme une revanche sur les épreuves de la vie : « Si j’ai survécu, c’est surtout grâce au tennis » résume-t-elle, avec fierté.
Le top 5 mondial dans le viseur
« Maintenant j’ai même des fans. Des personnes viennent me parler dans la rue ou prendre des photos ». Fort de ces épreuves surmontées, Najwa Awane rencontre un succès indiscutable auprès du public. Récemment encore, elle était à Paris pour débattre auprès du public lors de l’événement AMGE Talks & Sounds organisé par l‘AMGE-Caravane sur le thème « Osez la différence ».
Face à cet engouement, la jeune femme voit encore plus grand. Actuellement, 45ème joueuse mondiale, elle rêve de rejoindre les 5 plus grands joueurs mondiaux. « Je suis passé de la 185ème place à la 45ème en un an. Alors pourquoi ne pas continuer ? » ambitionne la championne du Maroc.
Des années après son accident, l’athlète ne garde aucune rancoeur face aux responsables de son handicap. Elle concède même s’être endurcie grâce à cette épreuve qui a changé sa vision sur les handicapés :
« Par le passé, j’avais tendance à considérer ces individus comme des mendiants. Je comprends aujourd’hui qu’ils peuvent tout faire… même parfois plus que les personnes dites » valides « .
« Si c’était à refaire, je ne changerai rien »
Najwa Awane continue aussi de s’investir auprès des personnes en situation de handicap, notamment grâce à l’association de son père. Créée après son accident pour lutter contre les chiens dangereux, cette structure a déjà permis à certaines victimes de trouver une réponse juridique face à ce phénomène qui touche de nombreux marocains.
Courageuse, combative et généreuse, Najwa Awane incarne avec son parcours une leçon de vie lourde de sens. Face à certaines épreuves considérées à tort comme insurmontables, l’athlète martèle que « rien n’est impossible ». Mieux encore, si elle pouvait retourner dans le passé pour éviter ce drame, elle refuserait :
«Si c’était à refaire je ne changerai rien. Pourquoi vivre » normalement » ? C’est ma vie, je m’aime comme ça, et je suis fière d’être championne»
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