Du 12 au 20 mai, le Festival de Fès des musiques sacrées du monde a mis la Chine à l’honneur. Rencontre avec les artistes chinois qui reviennent sur ce dialogue culturel.
Vêtus de costumes jaunes, les artistes chinois arrivent sur la scène de Bab Makina, en plein dans le centre historique de Fès, illuminé ce 13 mai au soir. Les acrobates font onduler un long dragon rouge et or au son de l’orchestre de l’antique Opéra Wu, ancêtre de l’opéra de Pékin. La Chine est le pays mis à l’honneur de la 23e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde qui dure du 12 au 20 mai et qui met l’eau au coeur de son programme.
« L’eau a une grande signification dans notre culture chinoise, que l’on retrouve dans la performance de l’opéra Wu« , nous décrit Wang Xiao Ping, directeur de l’institut de l’Opéra Wu. « Par exemple, le palace du dragon est toujours dans l’océan et beaucoup des animaux qui interviennent dans l’opéra que nous représentons à Fès vivent dans l’eau« , nous raconte-t-il. Originaire du Zhejiang, région l’est de la Chine, cet opéra ancien de 500 ans a mis en scène dans son spectacle un singe, des génies, des serpents et dragons qui se sont livrés des batailles voligeantes sous les murailles de l’antique ville de Fès.
Un dialogue culturel qui a plu à Zhao Weihua, flûtiste de 40 ans qui travaille dans l’opéra Wu depuis 20 ans. Ce dernier a participé au spectacle d’ouverture « Spirit on the water » du 12 mai, qui mélange de musiques du monde entier sous la direction artistique d’Alain Weber. « Je suis très honoré d’être venu pour la première fois dans un pays arabe musulman », témoigne l’artiste chinois qui a l’habitude de voyager en Europe, en Amériques ou en Afrique avec l’opéra Wu. « J’ai rencontré pleins d’artistes marocains avec qui j’ai beaucoup appris musicalement« , continue-t-il. « J’ai vu les artistes marocains qui jouaient avec une grande passion et un grand amour comme s’ils étaient dans le ciel, j’ai appris qu’il fallait sentir la musique et qu’elle soit dans son âme avant de la jouer« , explique le flutiste.
Muni de son instrument qu’il joue depuis l’âge de neuf ans, il explique pourtant que c’est difficile d’improviser avec les musiciens arabes. « Les rythmes changent beaucoup plus en Chine, avec des hauts et des bas, alors que le rythme est régulier dans la musique marocaine« , analyse Zaho Weihua.
Pour Lingling Yu, artiste qui joue le luth chinois dénommé pipa, le dialogue culturel est plus évident. « Le oud marocain et les percussions sont semblables aux instruments que l’on utilise en Chine« , explique-t-elle. L’artiste avait déjà fait une tournée avec des musiciens marocains avec qui elle a pu faire des improvisations. « C’est plus facile qu’avec les rythmes de l’Inde car il y a beaucoup de mélodie et de rythmes dansants dans la musique marocaine« , décrypte la musicienne qui joue avec un instrument ancien de 1000 ans. Au début de son concert dans le riad fassi Dar Bensouda, elle se dit très honorée de « pouvoir jouer dans une cour historique de Fès« . Passionnée de son instrument « riche de sonorités et de couleurs« , la musicienne chinoise nous explique être « très curieuse de découvrir les autres cultures » et nous confie aimer rechercher les origines des anciennes cultures, dont marocaine. Ce festival est donc l’occasion rêvée.
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