Le centriste pro-européen Emmanuel Macron a remporté dimanche soir l’élection présidentielle française face à son adversaire d’extrême droite Marine Le Pen, devenant à 39 ans le plus jeune président élu à la tête du pays.
Inconnu des Français il y a encore trois ans, celui qui se définit comme « et de droite et de gauche » a été élu avec 65,5 à 66,1% des voix, selon les premières estimations, contre 33,9 à 34,5% à Marine Le Pen, au terme d’une âpre campagne qui a mis en lumière de profondes fractures en France.
Résultats en histogramme
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Sévèrement battue, la candidate anti-immigration et anti-euro, 48 ans réalise cependant une performance historique pour l’extrême droite française, avec un scrutin marqué par une forte abstention (entre 25,3 et 27%), selon les estimations des instituts de sondages Ifop et Harris Interactive.
Cette élection à suspense a focalisé l’attention mondiale, du fait de sa valeur de test face aux poussées nationalistes, de ses conséquences pour l’avenir européen, mais aussi de la jeunesse d’un candidat sans grande expérience politique et de son couple atypique avec une femme de 24 ans son aînée.
Jamais élu auparavant, Emmanuel Macron a mené campagne avec son mouvement « En marche! » créé il y a un an sur le thème du renouvellement politique, avec une ligne pro-européenne et un programme libéral, tant en économie que sur les questions de société. Son credo: « Une France ouverte dans une Europe qui protège ».
Face à lui, la patronne du parti Front National (FN) a mené l’offensive contre l’Europe, la mondialisation et les « élites ». Celle qui se présentait comme la « candidate du peuple » misait sur la vague qui a porté Donald Trump à la Maison Blanche et conduit la Grande-Bretagne à voter pour la sortie de l’Union européenne.
Après son score déjà « historique » au premier tour, les appels de tous bords s’étaient multipliés pour « faire barrage » à l’extrême droite, présente au second tour de la présidentielle pour la deuxième fois dans l’histoire du FN. Mais le « front républicain » auquel le père de Marine Le Pen, Jean-Marie, s’était heurté en 2002 s’est fissuré.
L’entre deux tours a vu se cristalliser contre Emmanuel Macron le rejet violent d’une partie des électeurs, mécontents de l’affiche du second tour. Nombre des militants de la gauche radicale emmenée par Jean-Luc Mélenchon (19,58% des voix au premier tour), ont refusé de choisir entre « la peste et le choléra ».
L’ancien banquier, qui avait démissionné en août 2016 du gouvernement socialiste pour se présenter à l’élection suprême, devient le plus jeune président de l’Histoire de France, devant Louis-Napoléon Bonaparte (élu à 40 ans en 1848). Il sera également l’un des chefs d’Etat les plus jeunes au monde.
Il obtient un mandat de cinq ans à la tête d’une des grandes puissances mondiales, détentrice de l’arme nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et moteur de l’Union européenne.
Après sa victoire spectaculaire sur les partis traditionnels, Emmanuel Macron va devoir maintenant tenter de rassembler une France profondément divisée – l’une urbaine, plutôt favorisée, réformatrice, l’autre plus rurale, déshéritée, séduite par les extrêmes – et s’atteler à des chantiers majeurs: lutte contre un chômage endémique (10%), anti-terrorisme, relance de l’Europe…
Son premier défi, de taille, sera d’obtenir une majorité parlementaire lors des législatives des 11 et 18 juin, indispensable pour pouvoir gouverner et mettre en oeuvre son programme – vaste réforme du droit du travail, réduction des dépenses publiques, renforcement du couple franco-allemand.
La victoire de ce fils de médecins au physique de jeune premier, yeux bleus et coupe sage, issu des écoles de l’élite française, clôt une campagne électorale riche en coups de théâtre.
Les grands ténors politiques ont trébuché les uns après les autres, à commencer par le président socialiste sortant François Hollande, qui a renoncé à briguer un second mandat faute de soutien populaire et d’appui ferme de sa majorité.
Les deux grands partis traditionnels de gauche et de droite qui se succèdent au pouvoir depuis des décennies ont été disqualifiés à l’issue du premier tour, une première dans l’histoire politique d’après-guerre.
Pendant des mois, les débats de fond ont été éclipsés par les affaires.
Parti favori, le candidat de droite François Fillon a été plombé par un scandale d’emplois présumés fictifs au bénéfice de sa famille. Marine Le Pen, elle, est visée par une enquête pour des soupçons d’emplois fictifs de collaborateurs du FN au Parlement européen.
Pendant l’entre deux tours, la tension a culminé lors d’une joute télévisée d’une brutalité sans précédent entre les deux finalistes.
Et vendredi, juste avant la clôture de la campagne, des hackers ont piraté et publié sur les réseaux sociaux des documents internes de l’équipe d’Emmanuel Macron, abondamment relayés par l’extrême droite sur Twitter.
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