Abdelilah Benkirane: "Nous avons perdu un match"

Lors d'une réunion à huis clos avec la jeunesse du PJD, Abdelilah Benkirane a tenté de ménager la chèvre et le chou, mais n'a pas caché son amertume. Il a appelé les bases du parti à faire preuve de patience, tout en exhortant au respect de la liberté d'expression au sein du PJD.

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Abdelilah Benkirane. crédit : Yassine Toumi.

L’éviction d’Abdelilah Benkirane et la façon dont a été formé le gouvernement par Saad Eddine El Othmani ont suscité de très nombreuses critiques au sein du PJD, et notamment de sa jeunesse, qui rejette les concessions faites par le nouveau chef du gouvernement. Pour tenter de calmer les esprits, Abdelilah Benkirane a choisi la chabiba de son parti pour effectuer le 8 avril sa première sortie après l’annonce du nouvel Exécutif.

Une réunion tenue exceptionnellement à huis clos, et dont la vidéo n’a finalement été publiée que le 10 avril. Abdelilah Benkirane y appelle au calme, mais ne s’interdit pas de critiquer l’approche adoptée par son parti dans la gestion des opinions divergentes. Il fait notamment allusion aux avis critiques envers El Othmani.

Abdelilah Benkirane a appelé les militants de son parti à « mettre l’épisode [de la formation du gouvernement] entre parenthèses, à penser à l’avenir afin que le pays avance« , et a notamment demandé aux membres du PJD de faire preuve de retenue vis-à-vis de Saad Eddine El Othmani.

S’il a affirmé qu' »il y a des choses à dire au sujet des tractations » menées après sa mise à l’écart, il a également tenu à rappeler que Saad Eddine El Othmani est le chef du gouvernement et le président du Conseil national du parti à la lampe. « Nous ne pouvons pas l’aimer un jour et le rejeter le lendemain« , déclare Benkirane. Se plaçant en défenseur des acquis réalisés par le parti depuis son accession au gouvernement en 2011, il a insisté sur le fait que « certes, d’autres partis sont au gouvernement, mais avec le PJD« .

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Et s’il a multiplié au cours de son intervention les appels à laisser le gouvernement El Othmani effectuer son travail, Abdelilah Benkirane a marqué en filigrane sa différence avec son successeur à la tête de l’Exécutif, appelant les militants à « persister, militer, aller vers les citoyens et leur dire que rien n’est perdu et que nous sommes encore là. C’est un match que nous avons perdu« , reprenant la rhétorique de la « défaite » utilisée par les militants du PJD mécontents d’El Othmani.

Tout en appelant à épargner le gouvernement, Abdelilah Benkirane s’est cependant ému des appels à garder le silence qui ont été adressés aux membres du parti et a pris fait et cause pour la liberté d’expression au sein du PJD. Il a notamment pris l’exemple d’Amina Maelainine, qui s’est montrée très critique envers la formation du gouvernement et les concessions accordées. « Ça m’a fait du mal quand un frère est venu lui dire de se taire. Il n’a pas le droit de lui dire ça. […] Si on n’a pas la liberté de parler, à quoi sert ce parti ?« , s’était-elle indignée.

Malgré son insistance sur la liberté d’expression au sein du PJD, Benkirane a néanmoins appelé les militants, dans un communiqué publié le 10 avril sur le site du PJD, à ne pas participer au sit-in de protestation prévu le 13 avril devant le siège du parti à Rabat.

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