Le rapport annuel de la Minurso devait être présenté devant le Conseil de sécurité des Nations unies le 7 avril. Une rencontre reportée, car l’instance onusienne s’est réunie en urgence pour examiner la situation syrienne. Il y a quelques semaines, un diplomate marocain confiait à TelQuel que le rapport de cette année « ne comportait pas de grands enjeux, car il s’agit d’un rapport de transition« . En effet, le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a pris ses fonctions le 1er janvier. Néanmoins, le dossier du Sahara a connu de nombreux rebondissements ces derniers jours.
Le 7 avril, le Maroc a notamment levé son véto au retour de 17 membres de la Minurso. Ces derniers avaient été expulsés en mars 2016, dans un contexte de tensions entre le Maroc et le secrétaire général des Nations unies de l’époque, Ban Ki-Moon. Le retour des fonctionnaires de la Minurso est confirmé par le journaliste spécialisé dans les affaires onusiennes, Matthew Russell Lee, qui a publié le contenu d’un e-mail de la chef de la Minurso.
Dans cette correspondance, Kim Bolduc informe ses collaborateurs qu’elle a reçu un câble de Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, « informant que le Maroc avait accepté le retour des 17 membres de la Minurso qui n’avaient pas pu retourner à la Mission depuis mars 2016, et que cette décision est applicable immédiatement« .
Cette décision du royaume, alors que la résolution relative au mandat de la Minurso devrait être adoptée le 27 avril prochain, lui permet de poursuivre dans son attitude volontariste de concert avec un nouveau secrétaire général plus sensible à son discours que le précédent. Une source diplomatique marocaine explique à Telquel.ma qu’en « éludant la question du retour des membres de la Minurso, cette problématique ne sera pas traitée sur le même plan que celle de la présence d’éléments armés du Polisario à Guergarat ».
L’attitude du Maroc – qui a décidé de se retirer unilatéralement de la zone – avait été saluée par la communauté internationale. Le Royaume coupe ainsi l’herbe sous le pied de ses détracteurs. LeDesk.ma, citant des sources diplomatiques, révèle en outre que la manœuvre était prévue de longue date, puisque le Maroc avait conclu un « gentlemen’s agreement » en ce sens avec l’ancien secrétaire général. Une information confirmée par la diplomatie à Telquel.ma.
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L’autre signe fort de l’évolution du dossier du Sahara à l’ONU depuis l’arrivée d’Antonio Guterres, c’est le remplacement son envoyé personnel au Sahara, Christopher Ross. Sa démission avait été confirmée en mars par un haut responsable onusien, mais n’a pas fait l’objet d’une communication officielle. Néanmoins, la mission du diplomate américain devrait effectivement prendre fin.
Selon le journaliste Ignacio Cembrero, qui s’est exprimé dans les colonnes de TSA et LeDesk.ma, Horst Köhler, 74 ans, ancien président allemand (2004 à 2010), devrait le remplacer. « C’est Guterres qui a suggéré à Ross de renoncer à son poste. Le sachant honni par les autorités marocaines, il lui semblait difficile qu’il puisse continuer à être le médiateur« , écrit le journaliste espagnol. Il sera difficile au Maroc de regretter Ban Ki-Moon dans ces conditions.
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