Modestes masures écrasées sous une avalanche de rochers et de troncs d’arbres, habitants désespérés cherchant leurs proches dans les décombres envahis de boue, soldats portant des enfants en larmes entre les carcasses de véhicules… Mocoa n’était dimanche que désolation.
Sous le ciel gris, plus d’un millier de secouristes s’activaient pour tenter de retrouver des survivants de la catastrophe qui a dévasté tard vendredi soir cette localité de 40.000 habitants, chef-lieu du Putumayo, depuis privée d’électricité et d’eau courante.
Plus de sept tonnes de matériel médical et d’approvisionnement en eau et en électricité ont été expédiées à Mocoa et 1.292 effectifs du Système national de gestion des risques de catastrophe (SNGRD) « travaillent à l’opération #TodosconMocoa » (Tous avec Mocoa) », a précisé cet organisme public dans un communiqué.
Des quartiers entiers, pour la plupart habités par nombre des 6,9 millions de déplacés du conflit armé qui déchire la Colombie depuis plus d’une demi-siècle, ont été ravagés. Les pluies torrentielles, dues au phénomène climatique El Niño, et qui affectent depuis plusieurs semaines la région des Andes, dont aussi le Pérou et l’Equateur, ont provoqué le débordement des rivières Mocoa, Mulato et Sangoyaco, en surplomb de Mocoa. Dans son dernier bilan, la Croix-Rouge a fait état de 200 morts dans cette tragédie, ainsi que de 203 blessés, certains souffrant de graves traumatismes crâniens, et d’un nombre encore indéterminé de disparus, précédemment évalué à environ 150.
Les commerces ont été fermés après « des pillages de lieux vendant de l’eau », a indiqué un pompier, David Silva. « Nos coeurs sont avec les familles des victimes et les personnes affectées par cette tragédie », a tweeté le président Juan Manuel Santos, qui a pris sur place la direction des secours et déclaré l’état de « calamité publique » pour les « accélérer ».
De nombreux rescapés lui ont raconté qu’ils s’étaient juchés sur les toits parce que l’eau leur arrivait jusqu’au cou. Lina Marcela Morales cherchait samedi cinq de ses proches qui « dormaient et n’ont pas eu le temps de sortir de leur maison, déjà inondée », selon son récit diffusé par la présidence.
« On pouvait entendre le bruit que faisait la rivière et c’est pour ça que ma famille est sortie, parce qu’on a su que la coulée arrivait », a décrit à un photographe de l’AFP Harvey Gomez, un fonctionnaire de 38 ans. « Les gens ne savent que faire », « on n’était pas préparés » à une telle catastrophe, a déclaré par téléphone à l’AFP Hernando Rodriguez, un habitant retraité de 69 ans.
Dans la soirée de vendredi, il est tombé 130 millilitres de pluie, soit 30% de la moyenne mensuelle à Mocoa. « C’est une tragédie sans précédent », a déclaré la gouverneure du Putumayo, Sorrel Aroca, à W Radio. Les pluies sur Mocoa devraient aller « en décroissant progressivement » à partir de dimanche, a précisé Diego Suarez, de l’Institut d’hydrologie, de météorologie et d’études environnementales de Colombie (Ideam).
La France, l’Union européenne, l’Allemagne, l’Espagne, le Brésil, l’Equateur et le Venezuela, parmi d’autres, ont exprimé leur solidarité. Le pape François s’est dit dimanche, lors d’une messe à Carpi (nord de l’Italie, une région frappée en 2012 par un séisme meurtrier) « profondément affligé par la tragédie qui frappe la Colombie ».
Le « changement climatique génère des dynamiques et nous en voyons les graves résultats en termes d’intensité, de fréquence et de magnitude (…) comme à Mocoa », a regretté le chef de la délégation de l’ONU en Colombie, Martin Santiago. Les pluies dans la région andine du nord-ouest de l’Amérique latine ont aussi provoqué des inondations au Pérou, avec 101 morts et plus de 900.000 sinistrés, et en Equateur, qui déplore 21 morts et 1.280 sinistrés.
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