La commémoration du 40e jour du décès du leader istiqlalien M’hamed Boucetta a fait salle comble ce vendredi soir au théâtre Mohammed V de Rabat. Organisée en présence de la grande famille istiqlalienne, la rencontre a vu aussi la participation de personnalités politiques de premier plan, à l’image de l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, du conseiller royal Abdellatif Mennouni, du doyen de la gauche marocaine Bensaïd Aït Idder, de Nabil Benabdellah et Ismaïl Alaoui (PPS), de Mohamed El Yazghi (USFP) ainsi que de Mohamed Cheikh Biadillah (PAM).

En plus de son caractère religieux et symbolique, la cérémonie a des relents politiques. Elle se déroule en effet dans un contexte de tensions internes entre les pro-Hamid Chabat et ses détracteurs. Le secrétaire général de l’Istiqlal était évidemment présent, aux côtés de ses opposants, notamment Nizar Baraka, Hamdi Ould Rachid, Abdessamad Qayouh, Nourredine Moudiane, Abdeslam Lebbar, Yasmina Baddou et Karim Ghellab.

Signe que ces tensions sont vivaces: la décision de Hamid Chabat de reporter au mardi 4 avril une réunion du comité exécutif. Objectif: ne pas « parasiter » ce grand rassemblement de la famille de l’istiqlal, qui rend un dernier hommage à un de ses leaders historiques, disparu à l’âge de 92 ans.

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Au début de la cérémonie, les fils Chabat ont mobilisé une vingtaine de jeunes qui ont prononcé des slogans favorables à l’actuel SG, pressé de remettre les clés du parti par une partie des militants de sa formation: « Chabat Rta7 Rta7, sanouwassilou l’kifah » (Chabat, soit tranquille, nous poursuivrons la lutte). Ce coup de force n’a pas été du goût d’istiqlaliens présents, notamment l’ancienne génération, qui semblait désapprouver ce geste politique lors d’un événement religieux.

Unité de circonstance

A part cette incartade, la cérémonie s’est déroulée dans le respect total des voeux formulés par M’hamed Boucetta. C’est donc le très discret M’hamed Douiri qui a présidé la rencontre, aux côtés du fils du défunt Khalil Boucetta et de son ami de longue date, le marrakchi M’hamed El Khalifa.

La rencontre a débuté par un message royal, lu par le conseiller Abdellatif Mennouni, dans lequel le souverain a évoqué sa visite à l’hôpital, où le défunt à vécu ses derniers moments: « Nous nous rappelons de notre visite a l’hôpital, où nous l’avons retrouvé tel que nous le connaissions, c’est à dire spontané, enjoué et sage »

Le roi Mohammed VI a rappelé quelques souvenirs forts, notamment quand le défunt l’accompagnait, alors qu »il était jeune, dans des missions en dehors du pays, ainsi que le respect dont il jouissait auprès de Hassan II. »Il avait un place particulière auprès de notre auguste père (….) les portes du Palais lui étaient ouvertes quand il le souhaitait ».

Par la suite, le compagnon de lutte de feu Boucetta, M’hamed Douiri, a fait une longue intervention, dans laquelle il a raconté  « une relation de 77 ans, depuis 1940 ». Selon ce dernier, M’hamed Boucetta chérissait par dessus tout trois choses:  « le respect et la défense de l’islam, l’intégrité territoriale, et la monarchie constitutionnelle ». Douiri a terminé son allocution en jurant fidélité « aux valeurs et principes de l’Istiqlal ».

Hamid Chabat a par la suite pris la parole pour lire un discours déjà préparé, et dans lequel il a soigneusement évité de parler du conflit avec ses opposants. La politique a tout de même repris ses droits à ce moment: Moudiane, Ould Rachid et Lebbar sont sortis de la salle lors de la prise de parole de Chabat. Le secrétaire général du PI a alors terminé son allocution par un poème du fondateur du parti, Allal El Fassi. Ce texte prône  « l’unité » contre les « dissensions »  pour protéger les « valeurs » du parti. Des mots qui sonnent comme des pics adressés à ces détracteurs.

Abdelilah Benkirane a également pris la parole, pendant cinq petites minutes. L’ancien chef du gouvernement a eu droit à un accueil très chaleureux, digne d’un SG de l’Istiqlal. Il a évoqué sa mère istiqlalienne qui vote pour le PI. « Le pays a besoin du parti de l’Istiqlal et les valeurs qu’il prône« , a-t-il conclu sous les applaudissements.