« Nous avons terminé l’année 2016 avec des performances historiques« . C’est par cette déclaration que Driss Benjelloun, directeur général délégué en charge des finances & risques, a entamé sa présentation des résultats financiers du Groupe BMCE Bank of Africa (BOA) ce jeudi 30 mars. Ce sont en effet des chiffres record. Le bilan consolidé du groupe ressort à plus de 300 milliards de dirhams avec une évolution de 9,5 %. Le produit net bancaire a pour sa part progressé de 10 % à près de 13 milliards de dirhams. Cette performance s’explique par la « bonne tenue de l’activité bancaire dont les marges (intérêts et commissions) évoluent de 8% », explique le management.
Par ailleurs, pour la première fois dans l’histoire du groupe, les bénéfices franchissent le seuil des deux milliards de dirhams (+4 %). L’activité Maroc contribue à hauteur de 59 % dans ce résultat. Les filiales Afrique et Europe contribuent quant à elles à hauteur de 32 % et 9 % respectivement. « Ces performances auraient été plus marquantes encore, sans les évènements exceptionnels qui ont caractérisé l’exercice 2016« , avance Othman Benjelloun, président du groupe, lors de son intervention en fin de conférence.
Le coût du risque augmente
Le magnat de la finance fait sans doute référence à deux évènements majeurs qui ont impacté négativement les comptes du groupe. En 2016, les charges fiscales du groupe ont explosé sous l’effet conjugué du redressement fiscal et de la fiscalisation de sa filiale BMCE Tanger Offshore. « Ce qui est important, c’est que les commissaires aux comptes attestent que les choses sont faites dans les règles et que les résultats que nous affichons sont des résultats qui tiennent compte de la fiscalisation de Tanger Offshore, mais également de cette mission [le contrôle fiscal, NDLR]« , explique Brahim Benjelloun Touimi.
Les indicateurs exceptionnels du groupe sont aussi impactés par une hausse du coût du risque. En effet le stock de provisions de BMCE Bank of Africa a enregistré une hausse de 22 % fin 2016, pour se situer à 9,1 milliards de dirhams. « Cela traduit une politique globale de renforcement de la couverture des risques à l’échelle du groupe« , d’après la direction du groupe. « C’est autant d’argent que l’on ira recouvrer« , précise-t-on. Le coût du risque net s’élève quant à lui à 1,6 milliard de dirhams (+12%).
Difficultés avérées au Kenya
Cette situation est corrélée au contexte difficile dans certains pays africains, notamment le Kenya. « 2016 a connu une dégradation du risque sur le secteur bancaire kenyan et nous n’y avons pas échappé », expliquent les dirigeants de BMCE Bank of Africa. D’après eux, « il y a eu deux décisions majeures sur ce marché: plafonner les taux de crédit à 14% et fixer un plancher de taux de rémunération de 7%. C’est-à-dire, on augmente le coût d’achat et on baisse le prix de vente ». Cela a eu un impact sur les banques: le retrait des dépôts d’un côté et le resserrement des liquidités d’un autre.
Une situation qui a généré de sérieuses difficultés: « trois banques ont frôlé la faillite ». BOA Kenya n’a pas eu de difficultés de trésorerie du fait de son appartenance au groupe. Elle a donc pu bénéficier d’une « injection des fonds nécessaires », précise un la direction du groupe. « Un plan de restructuration de déploiement est en cours . Il s’articule autour du lancement de nouveaux produits, d’une refonte globale du business model de distribution avec la fermeture d’agences, et de la réduction des charges », avance le top management de BMCE. Un plan validé par la banque centrale kenyane et sur lequel le groupe BOA fonde de grands espoirs pour 2017.
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