Comment le Maroc a exclu le Polisario d'une réunion onusienne

Des représentants du Polisario ont tenté de participer à une réunion entre la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA) et la Commission de l’Union africaine. Une tentative dénoncée par le Maroc qui a fait valoir ses arguments juridiques, entraînant le report de la réunion sine die.

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Crédit : Capture d'écran Union Africaine

Le 23 mars dernier, la capitale sénégalaise Dakar accueillait une rencontre organisée conjointement par la Commission de l’Union africaine et la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA) dans le cadre de la 10e réunion conjointe entre les deux institutions. En arrivant sur place, la délégation marocaine, qui était menée par l’ambassadeur du Maroc au Sénégal Taleb Berrada, découvre une pancarte sur laquelle figure l’inscription « Sahara occidental« .

« Certains des adversaires du Maroc ont tenu à faire participer le Polisario à une rencontre avec l’ONU« , nous explique une source diplomatique présente à la réunion. La RASD, n’étant pas reconnue par l’ONU, n’a donc « pas la latitude de participer à une telle réunion, car le règlement de l’ONU prime sur le règlement de l’Union africaine », soutient un diplomate fin connaisseur des affaires onusiennes. Une affirmation qui se base sur un avis juridique émis en 1986 par les Nations Unies en vertu duquel « la RASD n’a aucun statut officiel à l’ONU« . De ce fait, elle ne peut pas être autorisée dans le cadre des réunions de la CEA.

Cependant, pour justifier la présence de représentants du Polisario, toujours d’après notre source, la CEA a invoqué un autre avis en vertu duquel les territoires non autonomes peuvent être représentés. C’est ce qui explique pourquoi la pancarte indiquait « Sahara occidental » et non pas « RASD« . Or, comme en témoigne la décision de la Cour de justice européenne du 21 décembre, le Polisario n’est pas habilité à représenter les populations du Sahara. C’est pour cette raison « que deux élus des provinces du Sud ont occupé les sièges destinés aux représentants du « Sahara occidental » car ils ont été élus lors d’élections supervisées par des observateurs internationaux et onusiens« , poursuit notre interlocuteur.

De leur côté l’Algérie, le Nigéria, et l’Afrique du Sud ont tenté de faire valoir une réglementation adoptée en 2016 par l’UA permettant aux pays membres de l’organisation panafricaine de participer à des réunions organisées avec des partenaires de l’Union africaine, poursuit notre source. Les trois pays ont également tenté de placer la réunion sous l’égide de l’UA, ce qui entraînerait une inclusion de la RASD. Cette option a toutefois été rejetée par le Maroc, soutenu par ses alliés sénégalais et ivoirien.

L’évènement a finalement été reporté  sine die, ce qui a été perçu comme « une victoire » pour la diplomatie marocaine, nous indique notre source. Le Maroc est parvenu à atteindre son objectif qui était de convaincre « l’ONU du bien-fondé de sa demande » relative à la non-participation des représentants du Polisario à cette rencontre.

Une bataille remportée par la diplomatie marocaine quelques jours après son absence, remarquée, à une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine tenue le 20 mars. Une absence que le royaume avait justifiée dans un courrier où il encourage  les instances de l’UA  à « soutenir  le processus de résolution (du différend du Sahara, NDLR) » mis en place par l’ONU.

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