Eau de rose, tapis berbères et poteries fassies… Le marché solidaire, qui a ouvert ses portes jeudi 16 mars juste en face de la gare de l’Oasis à Casablanca, n’est ni un souk ni un supermarché. Dans les grandes allées à la signalétique soignée, plus de 2.200 produits au packaging impeccable sillonnent les étagères.
Artisanat, produits du terroir, cosmétiques… ces produits proviennent tous de 150 coopératives marocaines dont la plupart sont tenues par des femmes. « À travers ce marché, nous voulons mettre en avant le savoir-faire traditionnel marocain et surtout offrir une vitrine commerciale aux coopératives« , explique Sanae Dardikh, cheffe du pôle communication et du développement institutionnel à la Fondation Mohammed V pour la solidarité (FM5) qui a réalisé ce projet à hauteur de 16,5 millions de dirhams.
Une vitrine pour les coopératives
Le marché qui s’étend sur 900 mètres carrés a des allures de supermarché, mais fonctionne en fait comme un dépôt-vente. « Nous ne sommes qu’un relais, nous n’achetons pas les produits. Les coopératives nous les livrent et nous nous chargeons de les exposer« , affirme Rachid El Badri, chef de projet au sein de la FM5. D’ailleurs, un contrat de dépôt-vente devrait être prochainement signé avec chacune des coopératives concernées. Un moyen de faire connaître les produits de ces petits producteurs dépendant d’événements ponctuels et dont les bénéfices en cas de vente dans les grands commerces sont considérablement réduits en raison du nombre d’intermédiaires. Dans le cadre du marché solidaire, les producteurs ne doivent payer que les frais d’acheminement.
Les prix affichés sont donc ceux des producteurs. Très attractifs, ils peuvent être jusqu’à 30% moins chers que dans les autres commerces. « Nous avons fait cela pour inciter le grand public à consommer ces produits« , explique Sanae Dardikh. Un point qui n’est pas pour déplaire aux clients. « C’est beaucoup moins cher qu’ailleurs. Ça fait deux fois que je viens et je vais revenir« , promet Loubna, l’une des quelques clientes présentes ce matin-là, dont le panier est rempli de cosmétiques bio.
Accompagnement des coopératives
Les 150 coopératives intégrées au projet ont été sélectionnées par l’Agence de développement agricole (ADA) et le Ministère de l’Artisanat et de l’Économie solidaire et sociale en fonction de la qualité de leur offre et de leur capacité à assurer le remplissage des stocks. « Pour être exposés, les produits des coopératives doivent répondre à certains critères: être bio et made in Morocco », affirme El Helafi Hassan, chef de projet au sein de la FM5, et chargé des partenariats. Des critères vérifiés par des labellisations certifiées comme AOP, Label Marocain ou Label Bio (décerné par l’ONSSA et ECOCERT).
Les différents chefs de projet affirment en revanche que la liste des coopératives exposantes n’est pas fermée. « Au contraire. Nous sommes en train d’identifier une liste de nouvelles coopératives susceptibles de participer au projet. Car la demande des consommateurs est très forte« , affirme El Helafi Hassan. Depuis l’ouverture, plus de 5.000 produits ont été vendus. « Ceux qui marchent le mieux sont les épices et les produits du rayon couscous. Les poteries d’Al Hoceima sont parties très vite également« , affirme Sanae Dardikh. Les étalages où se trouvent normalement ces produits sont aujourd’hui presque vides, en attente de réapprovisionnement.
Un projet à long terme
Si l’idée est louable, le marché solidaire doit faire face à plusieurs obstacles. « Le plus important, c’est de s’assurer que les coopératives sont capables de réapprovisionner leur stand régulièrement. Cela fait d’ailleurs partie des critères de sélection« , explique le chef de projet El Helafi Hassan.
Pour cela, la Fondation Mohammed V mène un travail d’accompagnement des coopératives pour les aider à « répondre aux standards de qualité exigés sur le marché« , affirme Sanae Dardikh. Un accompagnement offert aux coopératives exposantes, mais pas que. « L’idée, à terme, est de faire que toutes les petites coopératives puissent proposer un produit de qualité exposable dans le marché« , poursuit Sanae Dardikh. L’accompagnement est assuré sur le terrain par l’Office du développement de coopération (Odeco).
L’autre défi est celui de la pérennisation du lieu, car si sa gestion est assurée par l’association créée à cet effet, la question du financement se pose vu qu’aucune commission n’est prélevée sur les ventes pour l’instant. « Selon nos calculs, les frais de fonctionnement devraient tourner autour de 3 millions de dirhams par an. La Fondation assure un financement annuel d’un million par an. À cela s’ajoutent les financements de nos différents partenaires comme la SNTL ou la MAMDA« , explique El Helafi Hassan. Les différents chefs de projet affirment que la seconde année, un prélèvement sur les ventes n’est pas exclu.
Il s’agit là du premier marché solidaire à l’échelle nationale. Deux autres projets similaires sont aujourd’hui en cours de réalisation. Le premier ouvrira ses portes à Salé d’ici la fin de l’année affirme l’un des chefs de projet de la Fondation. Les travaux du second, qui sera situé place Jamaa El Fna à Marrakech, devraient démarrer bientôt.
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