Le blocage gouvernemental qui dure depuis plus de cinq mois a-t-il un effet sur la bonne marche de la machine étatique? Selon BMI Reasarch, filiale de l’agence de notation Fitch, citée par L’Économiste, cette situation « sans précédent dans l’histoire du pays (…) comporte des risques limités pour la croissance économique et la consolidation budgétaire« . Faut-il pour autant ne pas s’en inquiéter? Des analystes et opérateurs économiques estiment pour leur part que les secteurs liés aux finances publiques sont touchés par le retard accusé dans la formation du gouvernement.
« Même s’il y a des dispositions pour gérer les affaires courantes de l’État, beaucoup d’administrations demeurent en attente de leurs budgets, ce qui gêne l’action publique« , nous explique l’économiste Larbi Jaidi. « Les administrations budgétivores comme l’Éducation nationale, la Santé, les Travaux publics ou l’Agriculture attendent qu’on statue sur leurs budgets d’investissement. Malgré une gestion par intérim, elles se retrouvent bloquées pour des questions d’autorisations et de signatures des ministres« , poursuit notre source.
Pour résumer la situation, les nouveaux projets de routes, aéroports, hôpitaux sont à l’arrêt. El Miloud Benhamane, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics, voit rouge. « Nous sommes dans l’impasse, il n’y a rien qui sort pour le moment au niveau des appels d’offres. On attend comme tout le monde la formation du gouvernement« , regrette-t-il. Benhamane évoque aussi des retards de paiement pouvant atteindre « jusqu’à dix mois« .
Même constat du côté de Faouzi Zemrani, vice-président de la Confédération nationale de tourisme. « Le secteur du tourisme est en arrêt tant qu’on n’a pas de gouvernement. C’est une situation unique, donc nous sommes condamnés à attendre. Nous n’avons aucune visibilité« , relève-t-il. Zemrani nous explique également que « les conventions mises en place du temps du ministre sortant n’ont pas été lancées, car elles n’ont pas été signées ». Il s’agit de partenariats entre le secteur privé et public, des visions stratégiques de gouvernance ou de formation. « De ce fait, le ministre par intérim ne gère que les affaires courantes. Les budgets de tous les ministères sont bloqués. Ça commence à peser« , poursuit-il.
Pour Larbi Jaidi, « le cumul des retards dans le lancement des nouveaux projets prévus impacte les opérateurs privés. Ils n’ont pas de visibilité, et donc ils ne peuvent investir« . Le président de la fédération de BTP abonde dans le même sens. Pour lui, « personne n’ose investir ou recruter jusqu’à la formation du gouvernement. C’est le statu quo« .
Les activités du parlement sont aussi affectées par le blocage. Malgré des questions écrites adressées au gouvernement, l’activité législative est au point mort. « Personnellement, j’essaie de faire mon travail. Je prépare des dossiers d’interpellations au gouvernement, mais au niveau législatif, nous sommes à l’arrêt », explique Omar Balafrej, élu FGD (Fédération de la gauche démocratique). « Le parlement pourrait s’autosaisir pour amender des lois par exemple, mais visiblement tout le monde attend la formation du gouvernement« , ajoute-t-il.
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