Des trésors du patrimoine marocain exposés à Paris

La Moqaddima  d'Ibn Khaldoun, un coran, une torah et un évangile figurent parmi les pièces d'exception fournies par le cabinet royal du Maroc pour être exposées à l'Institut du monde arabe à Paris. Les explications d'Eric Delpont, directeur du musée de l'IMA et co-commissaire de l'exposition.

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L'Institut du monde arabe. Crédit: Jessica Spengler/Flickr
L'Institut du monde arabe. Crédit: Jessica Spengler/Flickr

L’Institut du monde arabe, à Paris, accueille du 22 mars au 6 avril l’exposition « Manuscrits rares et inédits, Splendeurs de l’écriture au Maroc« . L’événement, organisé avec la Direction royale des archives, retrace l’histoire des arts scripturaux marocains. L’exposition est organisée à l’occasion du Salon du livre de Paris, dont le Maroc est cette année l’invité d’honneur. Pièces maîtresses de cette exposition, trois exemplaires des livres sacrés, un coran, un évangile et une torah, exposés pour la première fois.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Bahija Simou, directrice des Archives royales. Elle sera assistée par Eric Delpont, directeur du musée de l’Institut du monde arabe. Il a répondu à nos questions sur cette manifestation où seront exposés pour la première fois de nombreux trésors du patrimoine marocain.

Telquel.ma: Qui a initié l’idée de cette exposition entre l’IMA et la Direction royale des archives ?

Eric Delpont: Au départ, c’est une volonté du roi d’avoir, en lien avec le Salon du livre de Paris dont le Maroc est l’invité d’honneur, un événement qui retrace l’histoire du Maroc à travers l’attention que ses souverains ont portée aux livres et aux bibliothèques. Le cabinet royal a demandé aux archives de préparer une exposition qui permette de montrer des choses inédites. C’est un projet qui relève d’un tour de force. La décision a été prise récemment, et tout le monde a mis les bouchées doubles.

Au-delà des livres, quels sont les supports où s’exprime cet art calligraphique ?

Plus que le support papier, on a des pièces inscrites sur bois, du stuc ou du zellige qui montrent la richesse de ces calligraphies. Les monnaies représentent également une partie importante de l’exposition. On y retrouve les différentes monnaies utilisées au cours des siècles. Chaque dynastie a privilégié pour sa monnaie un style calligraphique qui montre une diversité de l’usage de cet art au Maroc, une maîtrise qui continue d’être pratiquée. Chaque année, le ministère des Habous organise des concours par style de calligraphie. Nous avons d’ailleurs intégré les lauréats des concours de cette année à l’exposition.

Pouvez-vous nous parler des livres sacrés qui sont les trois pièces maîtresses de cette exposition ?

Il y a un exemplaire de la torah, qui sera est exposé pour la première fois, dans son étui qu’on appelle un Tiq en bois gainé de cuir. Il y aura également un ouvrage que tout le monde est curieux de voir, un évangile en arabe du XIIe siècle. C’est une pièce unique, conservée à Al Qaraouiyne. Nous exposons aussi deux corans. Un datant du IXe siècle transcrit sur parchemin, et un autre de la période mérinide à l’encre d’or sur de la soie verte. Ils ne sont jamais sortis des archives royales.

Que nous apprennent ces manuscrits sur l’histoire du Maroc, la science qui s’y est développée, les échanges avec le bassin méditerranéen ?

Justement, l’avantage du livre est qu’il renvoie à plusieurs domaines. Avec les livres sacrés, on en sait plus sur l’ouverture du royaume sur ces religions monothéistes dans le bassin méditerranéen. Il y a aussi des ouvrages d’agronomie, de botanique, de mathématiques et d’algèbre, de philosophie. Il y aura notamment un manuscrit de la Moqaddima d’Ibn Khaldoun qui sera présenté pour la première fois lors de l’exposition.

Est-il prévu qu’elle se déplace au Maroc dans les semaines qui suivent ?

J’ai compris que l’exposition sera présentée au Maroc immédiatement après l’IMA. La scénographie a justement été créée par Jean-Julien Simonot pour être adaptable très rapidement et dans de nombreux espaces.

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