Présent dans 14 pays africains en dehors du Maroc, le groupe Attijariwafa bank voit la contribution de ses filiales influer de manière de plus en plus significative sur ses performances financières. Ceci dit, l’activité au Maroc constitue toujours 51,7% du résultat net part de groupe (RNPG) qui atteint 4,8 milliards de dirhams en 2016.
Le groupe a terminé l’exercice passé avec un bilan de 429 milliards de dirhams pour un produit net bancaire de 19,7 milliards de dirhams. Lors de la présentation des résultats du groupe bancaire le 13 mars, Mohamed El Kettani, président directeur général d’Attijariwafa bank, s’est attardé sur trois filiales africaines à savoir le Sénégal, la Tunisie, et la Côte d’Ivoire. « C’est dans ces pays que nous avons les actifs financiers les plus significatifs », justifie El Kettani. Par ailleurs, ce sont aussi les filiales de ces pays qui contribuent le plus aux bénéfices avec 14,7% du RNPG.
Des soucis en Tunisie ?
Attijari bank Tunisie est incontestablement la première filiale du groupe marocain en termes de poids, mais c’est aussi celle dont les réalisations sont les plus mitigées. Malgré « une bonne performance commerciale » avec croissance des dépôts et des crédits (12,1% et 15,5% respectivement ), la filiale tunisienne voit son apport à la maison mère baisser de 5,7%. « Malheureusement toute la croissance a été gommée par deux phénomènes. La forte augmentation du taux de l’IS a impacté le résultat net en dinar tunisien qui aurait pu augmenter de 24%. En plus, nous avons eu ce phénomène de baisse du dinar tunisien par rapport au dirham qui a atteint 12% d’une année à l’autre », expose Ismaïl Douiri, directeur général d’Attijariwafa bank.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, la filiale tunisienne a failli être confrontée à un mouvement social en début d’année. « Nous avons scellé un accord avec les syndicats. Nous avons répondu favorablement aux revendications légitimes », explique Mohamed El Kettani.
Pour ce qui est de ses filiales au Sénégal et en Côte d’Ivoire, Attijariwafa bank présente, non sans fierté, l’évolution positive de leur contribution aux bénéfices. Elles sont respectivement de 66,4% et 35,2%. La filiale sénégalaise CBAO et l’Ivoirienne SIB affichent des performances commerciales au vert avec des progressions à deux chiffres (voir graphes).
L’offensive africaine se poursuit
Le groupe bancaire dirigé par Mohamed El Kettani compte développer davantage sa présence sur le continent en s’appuyant sur une stratégie clairement offensive. « Notre stratégie fondamentale c’est d’acquérir des actifs bancaires que nous jugeons sains, intéressants, et qui nous donnent à moyen terme la capacité d’être dans le top 3 du secteur dans un pays donné », explique El Kettani. « Cela ne nous intéresse pas de mettre un drapeau dans un pays pour dire que nous y sommes, sans avoir des parts de marché significatives. Ce ne seront que des soucis en plus en matière de pilotage et de contrôle avec très peu de création de valeur« , poursuit-il.
Pour le patron de la filiale bancaire de la SNI, l’enjeu majeur est « l’optimisation de l’allocation des ressources qui sont rares et chères ». Il n’est donc pas question de faire de la figuration sur un marché. Lorsqu’un projet d’acquisition peine à se concrétiser (ce fut notamment le cas au départ au Sénégal), Attijariwafa bank se lance dans la création de filiales. « Avant d’acquérir BST et CBOA au Sénégal, nous avons perdu deux ans dans les négociations pour acquérir une banque sans y arriver. Finalement, nous avons opté pour la création. Une fois notre filiale créée, les opérateurs ont commencé à nous prendre au sérieux. Les mêmes personnes avec qui nous négociions auparavant, et qui refusaient de nous céder leurs banques, sont revenues vers nous« , confie El Kettani.
C’est cette même stratégie que la banque déploie actuellement au Tchad, pays où le groupe marocain n’a pas « trouvé d’opportunité d’acquisition », affirme le PDG qui ajoute que « si l’occasion se présente, cette même filiale sera rapprochée avec une autre banque tchadienne ».
Barclays, bientôt première filiale africaine d’Attijari
La conférence de présentation des résultats du groupe était aussi l’occasion de faire le point sur les acquisitions annoncées par le groupe en 2016. La finalisation de l’acquisition de Barclays Égypte est tributaire des autorisations qui sont en cours d’obtention, mais El Kettani rappelle l’importance de ce deal dont il n’a pas communiqué le montant.« C’est un bel actif que nous avons acquis, avec un potentiel de développement important qui va mobiliser beaucoup d’énergie et de ressources qui sont déjà engagées dans le processus de rapprochement. Il s’agit là d’une opération importante puisque Barcalys va être notre première filiale africaine en termes de taille de bilan et de résultats (total bilan: 20,2 milliards de livres égyptiennes, produit net bancaire: 1,5 milliard de livres, résultat net: 606 millions de livres en 2015) dépassant Attijari Tunisie ». Le processus d’acquisition de 80% de la Cogebanque au Rwanda est également en attente des autorisations des instances de tutelles.
Quand Attijari ne peut ni acheter une banque ni la créer, elle passe par la troisième voie: celle des partenariats commerciaux. C’est l’option adoptée en Éthiopie. Un choix qui lui a été imposé par la réglementation éthiopienne. « L’Éthiopie est un formidable pays avec des fondamentaux extraordinaires, mais la réglementation actuelle ne permet pas aux banques étrangères d’acquérir des banques en Éthiopie », explique Mohamed El Kettani. « Le roi a lancé un important projet (OCP) avec la perspective d’autres projets importants, nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Il fallait être présent tout de suite. Donc, nous avons privilégié les partenariats stratégiques. C’était la première banque éthiopienne avec laquelle nous avons scellé un partenariat commercial », ajoute-t-il. Commercial Bank of Ethiopia sera donc le représentant d’Attijariwafa Bank en Éthiopie tandis que le groupe marocain sera son représentant dans tous les pays ou il est implanté. Un deal gagnant-gagnant… en attendant le changement de réglementation.
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