L’accès au domicile d’Abdellatif Merdas, où se tiennent les obsèques, est interdit aux journalistes. « Sur ordre de sa femme« , nous explique un agent de sécurité à l’entrée qui fourmille d’agents de la police et des forces auxiliaires. Une foule d’anonymes, en grande partie venue de son fief électoral, Ben Ahmed, se serre sous la tente dressée dans la rue pour l’occasion. Les visages sont fermés. Le « choc a été total« , nous confie un membre de la belle-famille du défunt, ajoutant que « c’était un homme apprécié et respecté« , avant de s’éclipser à l’intérieur.

Dans la villa, les caciques du parti de l’Union constitutionnelle (UC), mais aussi d’autres personnalités politiques locales se sont rassemblés autour de la famille du défunt. Tous attendent l’arrivée du corps de la morgue et le départ pour le cimetière Achouhada de Casablanca. C’est lorsque nous arrivons au cimetière que nous prenons conscience du nombre de personnes (et de personnalités) ayant fait le déplacement.

Bien entendu, la direction de l’UC est au rendez-vous, notamment Mohamed Sajid ou encore Mohamed Joudar, mais les obsèques d’Abdellatif Merdas ont rassemblé au-delà des appartenances politiques. Abdelaziz El Omari, maire PJD de Casablanca, l’ancien ministre PPS Abdeslam Seddiki, ou encore Mustapha Bakkoury, président PAM du Conseil de la région Casablanca – Settat, étaient présents, entre autres. C’est justement au sein du Conseil régional qu’Abdellatif Merdas a effectué sa dernière intervention publique, le 6 mars.

Pour un khalifa (agent d’autorité) ayant travaillé avec lui lorsqu’il était président du conseil communal de Ben Ahmed, le nombre de personnes présentes témoigne de l’attachement à un « un homme très aimé« . « J’ai apprécié travailler avec lui. C’est un enfant local. Il a fait toute sa carrière à Ben Ahmed, c’est normal que les gens viennent lui rendre hommage« , poursuit notre interlocuteur.

De son côté, Ahmed Brija, président PAM de l’arrondissement Sidi Moumen, se dit « choqué par sa mort, mais aussi par la méthode« . Abdelaziz Marzak, acteur associatif originaire de Ben Ahmed, nous confie regretter « une grande perte pour la ville et pour tous ses habitants. Tout le monde le connaissait« .

La mort du parlementaire, tué de trois balles de fusil pour un supposé « différend personnel », a choqué, même si les personnes présentes à l’enterrement préfèrent éviter le sujet.

Une fois le corps mis en terre, la foule se disperse. La famille reprend la route en direction du domicile, les hommes politiques repartent de leur côté, traits tirés, sans mot dire.