Le Maroc entame ses négociations avec l’Union européenne (UE) avec une frappe préventive. Dans un communiqué publié le 6 février, le ministère de l’Agriculture invite « la Commission européenne ainsi que le Conseil européen » à neutraliser « les tentatives de perturbation par des positions et un discours clairs et cohérents, avec des décisions que ces instances ont elles-mêmes, portées et adoptées« . Le département d’Aziz Akhannouch relève au passage que le « Maroc et l’Union européenne partagent une riche expérience de coopération » et cite « l’accord agricole et de la pêche » qui en est l’un des « exemples les plus réussis ».
Négociations sur l’applicabilité des accords
La publication de ce communiqué a lieu alors qu’un représentant de la diplomatie marocaine est attendu cette semaine à Bruxelles pour des négociations relatives à l’applicabilité des accords agricoles, a indiqué ce lundi 6 février, une source diplomatique à Telquel.ma. Pour rappel, la Cour de justice de l’Union européenne avait estimé dans un arrêt publié le 21 décembre que l’application de l’accord agricole Maroc-UE aux provinces du Sud « est contraire au principe de droit international ».
Dans un communiqué conjoint publié suite à cette décision, le royaume et les 28 avaient affirmé qu’ils travailleraient « de concert sur toute question ayant trait à son application, dans l’esprit du partenariat privilégié UE-Maroc et des mécanismes prévus à cet égard ».
L’affaire du Key Bay
Le ministère de l’Agriculture invite également les autorités européennes à sanctionner et traiter avec « la plus grande autorité« , « les actes visant à dresser des obstacles devant l’entrée des produits marocains sur les marchés européens« . Une référence au Key Bay, un navire transportant de l’huile de poisson provenant des provinces du Sud selon un communiqué publié par trois eurodéputés appartenant au groupe des Verts.
Ce navire a été inspecté par des éléments de la Guardia Civil espagnole lors d’une escale à Las Palmas, sur ordre de la conseillère municipale Maria del Pilar Alvarez Leon indique la même source. Le navire, après être passé dans le port français de Fécamp, vogue actuellement dans les eaux de la mer Baltique selon le site Vesselfinder.com.
« Choix décisif »
Le ministère de l’Agriculture n’hésite pas à rappeler que toute entrave à ces accords « est une atteinte directe à des milliers d’emplois d’un côté comme de l’autre dans des secteurs extrêmement sensibles ». Le département d’Aziz Akhannouch, qui n’est pourtant pas concerné, note également que toute entrave aux accords agricoles entraînerait un « risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d’un effort soutenu, a réussi à gérer et à contenir ».
Le ministère de l’Agriculture note également que les entraves pourraient pousser le Maroc à accélérer des partenariats « initiés dans des pays et régions diverses notamment la Russie, la Chine, l’Inde, le Japon, les pays du Golfe ainsi qu’auprès de nos voisins africains« . Enfin il affirme que tout manque d’engagement de la part des 28 « posera au Maroc un choix décisif où il sera question de préserver un partenariat économique patiemment entretenu ou de s’en défaire sans retour pour se focaliser sur la construction de nouvelles relations et circuits commerciaux« .
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