« Depuis que nous sommes arrivés, nous nous sommes aperçus qu’il y avait de véritables manœuvres en coulisses, » confie une diplomate rwandaise dans les couloirs du siège de l’Union africaine, à la veille de l’ouverture du 28ème Sommet de l’UA, les 30 et 31 janvier à Addis Abeba.
Certaines de ces manœuvres tendent à faire obstruction à l’admission du Maroc. Ainsi, le 28 janvier au soir, une lettre d’un « bureau juridique de l’Union africaine« , datée de janvier sans plus de précision, a circulé auprès des représentations diplomatiques des États membres de l’UA, rapporte une source diplomatique. Ce bureau juridique indique qu’il avait été saisi par une lettre du 13 novembre d’un avis consultatif par dix pays membres de l’Union africaine sur la question de l’admission du Maroc. Cette demande de consultation pose des questions telles que : « Le Maroc respecte-t-il les droits de l’homme ? », ou encore « la présence du Maroc au Sahara est-elle légale ? » Ces préoccupations juridiques auraient été soulevées par l’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, le Soudan du Sud, le Mozambique, le Zimbabwe, le Malawi, le Lesotho, la Namibie, le Nigéria et le Kenya, selon la communication du bureau.
Or, l’ambassade du Soudan du Sud à Addis Abeba adresse au bureau du Conseiller juridique de la Commission de l’Union africaine une note verbale datée du 29 janvier – que nous publions. La représentation sud-soudanaise informe ainsi la Commission que « l’avis juridique exprimé dans le mémorandum de janvier 2017 ne représente pas la position du Soudan du Sud« . Et ce dernier rappelle son soutien à l’adhésion du Maroc exprimé le 5 janvier. Cette correspondance sème donc le doute sur l’engagement réel de ces 10 États signataires de cette correspondance.
Étonnant également, le conseiller juridique de la Commission Vincent O. Nmehielle n’est plus en poste depuis septembre, après sa nomination fin aout comme secrétaire général de la Banque africaine de développement. L’identité de l’émissaire de cette lettre signée par le « bureau juridique de l’Union africaine » n’est pas connue.
L’article 29 de l’Acte constitutif de l’UA, dans le texte, ne pose pas de condition préalable à l’admission d’une membre, ni, à fortiori, de demander un avis juridique. Que vaut donc cette lettre diffusée la veille des débats de la Conférence des chefs d’État sur l’admission du Maroc au sein de l’UA ? Et pourquoi les autres États membres n’ont-ils pas été associés à cette démarche ? Contacté par Telquel.ma, le porte-parole de la présidente de la Commission dit ne pas être au courant d’un tel document.
Selon des sources diplomatiques africaines, cette correspondance s’apparente à une tentative d’introduire de nouvelles conditions à l’adhésion du Maroc à l’UA, portée par une minorité d’États membres qui constitue aujourd’hui le bloc opposé à l’adhésion du Maroc.
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