Omar Azziman, président du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), revient à son tour sur la polémique autour du manuel réformé d’éducation islamique accusé d’être « diffamatoire » à l’encontre de la philosophie, dans une interview accordée à MAP ce 27 janvier.
Pour le président du CSEFRS, le passage qui décrit la philosophie comme « l’essence de la dégénérescence » est « une illustration considérée par les auteurs du manuel comme radicale et hostile à la philosophie« , rapporte la MAP. « Au lieu de la prendre comme parole d’évangile, les enseignants de philosophie sont appelés à soumettre cette opinion à la discussion« , estime Omar Azziman.
Il juge d’ailleurs que le débat, lancé depuis plus d’un mois par des enseignants de la philosophie, est imprégné d' »excès« . Il concède que bien que le manuel incriminé ait donné une « connotation négative » au débat, le dialogue est en soi « positif« . Le président du CSEFRS va même jusqu’à saluer la mobilisation des professeurs de philosophie. « Que des enseignants de philosophie s’inquiètent du sort réservé à cette matière et se montrent jaloux de leur discipline est tout à fait légitime et positif« , déclare-t-il, appelant « à garder la juste mesure des choses« .
Le président du CSEFRS souligne au passage que la philosophie occupe une « place de choix« , « irréversible » et « déterminante » dans le système éducatif marocain. Azziman rappelle que cette discipline tenait une « place importante » dans l’enseignement depuis l’indépendance avant d’être « écartée et évincée » dans les années 1970. « Nous sommes fiers d’avoir réintroduit l’enseignement de la philosophie après une longue absence et nous oeuvrons aujourd’hui à le consolider, le fortifier et le développer, ce qui aura sûrement un impact très positif sur la formation de l’esprit des générations qui bénéficient de cet enseignement« , soutient-il.
Azziman revient aussi de manière globale sur la révision des manuels scolaires impulsée par Mohammed VI en février 2016. Il concède que « nos manuels scolaires demandent un effort considérable autant en termes de contenus que de méthodes pédagogiques, de présentation et de qualité« . Il assure toutefois que les manuels révisés « ne resteront pas figés« . « Nous faisons une première expérimentation, et c’est l’occasion de relever les erreurs, les approximations et les choses inappropriées, d’ajuster, de corriger et d’améliorer la qualité de ces manuels« , insiste le président du CSEFRS.
Pour éviter de tomber dans la même erreur, « la Commission des programmes, des méthodes et des manuels du Conseil recommande vivement qu’on procède à une révision des manuels scolaires pour les conformer d’abord à la vision stratégique 2015-2030 et les adapter à l’évolution des disciplines et celle du pays lui-même« , indique-t-il à la MAP.
Omar Azziman met l’accent sur la nécessité de « rendre effective et de mettre en marche » l’instance nationale permanente de révisions des programmes et des manuels pour qu’elle puisse travailler dans la « sérénité et de manière scientifique et objective en faisant prévaloir les critères pédagogiques sur toute autre considération« .
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