Aziz Akhannouch veut faire du RNI une machine de guerre électorale

Cent jours après son élection à la tête du RNI, Aziz Akhannouch annonce une refonte organisationnelle du parti et de ses structures. Objectif : transformer le RNI en vrai parti, avec comme lignes directrices la proximité avec le citoyen, le travail de terrain et le sérieux. Vaste chantier.

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Aziz Akhannouch présentant la nouvelle organisation du parti dans un meeting à Agadir. Crédit: DR

C’est dans son fief d’Agadir qu’Aziz Akhannouch a choisi de clôturer sa tournée régionale entamée au lendemain de son élection à la tête du RNI, il y a près de 100 jours. Accueilli comme une rock star dans l’enceinte du théâtre en plein air de la capitale du Souss, le président du parti de la colombe était accompagné par son allié Mohammed Sajid — patron de l’UC et autre fils du Souss — sous les hourras d’une assistance conquise. « Près de 3 000 personnes sont là« , nous affirme l’équipe de l’organisation. Ils sont venus de toutes les villes de la région: Agadir, Inzegan, Taroudant, Tiznit… Des villes où le RNI a, de tout temps, réalisé de bons scores électoraux grâce à des figures locales très respectées par la population de la région.

Après un déroulé classique — lecture du Coran, chant de l’hymne national et discours de quelques militants du parti —, Aziz Akhhanouch prend la parole pour annoncer le schéma de réorganisation du parti préparé par ses propres équipes, mais aussi par un staff de consultants externes.

Proximité, travail et sérieux

« Le RNI était un parti saisonnier, qui ne travaillait qu’à l’approche des élections. Cela devra changer« , annonce d’emblée le nouveau président du parti. La nouvelle ligne directrice se résume en trois mots : proximité, travail et sérieux. Des valeurs incarnées par le nouveau slogan du parti: « Agharass Agharass« , qui a fait sensation lors de ce meeting soussi.

Toute l’organisation du parti doit alors servir cet objectif, à travers la création d’antennes locales, la mise en place de coordinations provinciales et régionales, et la création d’organisations parallèles (jeunesse, branches féminines, sections professionnelles, think tank). « On doit être présents dans tous les quartiers, communes et localités du pays. Les antennes locales doivent travailler au plus près des citoyens, régler leur problème au quotidien, et nous serons là pour vous aider, vous assister, avec les moyens logistiques, matériels et humains nécessaires pour réussir vos actions« , lance le zaïm aux membres de son parti. « Les ministres doivent aussi investir le terrain, travailler les week-ends, chacun dans sa région, à commencer par moi-même« , ajoute-t-il.

En manager aguerri, Akhannouch sait qu’il ne sert à rien de mettre en place une organisation sans lui fixer des objectifs précis. Les nouvelles antennes locales, provinciales et régionales seront ainsi tenues par des contrats de performance avec l’entité centrale. Leurs objectifs sont clairs: attirer de nouveaux adhérents et séduire de nouveaux sympathisants dans le corps des abstentionnistes. Le patron du RNI donne l’exemple de la région du Sousse, où plus de 75% de la population en âge de voter ne s’est pas déplacée aux bureaux de vote lors du dernier scrutin.

Un grand réservoir de voix où le RNI compte puiser pour améliorer ses scores électoraux. Un peu la même démarche entreprise par la FGD (Fédération de la gauche démocratique) qui veut se présenter comme une alternative au PJD et aux partis traditionnels. Sauf que cette dernière est loin de disposer des moyens du RNI, et de son nouveau et richissime leader.

De nouveaux statuts en préparation

Pour réussir ce chantier organisationnel, le leader du RNI sait que la mobilisation des troupes et la création d’un vrai parti passent forcément par la démocratie interne, afin d’éviter les frustrations dans les rangs des militants. « Tous les responsables locaux, régionaux seront élus par les bases« , promet à ses troupes Aziz Akhannouch qui annonce également une prochaine refonte des statuts du parti et de ses organes décisionnels.

Exit un conseil national à 800 membres, le parlement du parti sera désormais composé de 200 personnes triées sur le volet et issues de toutes ses représentations locales, régionales, sectorielles… Ces nouvelles structures seront créées d’ici mai. Cela nécessitera une révision des statuts du parti, dont une première ébauche sera mise en ligne pour débat dès le mois de mars, avant d’être entérinée par un congrès national qui se réunira les 19 et 20 mai prochains, et une réunion du Conseil national prévue le 21 mai. « Nous avons jusqu’à mai pour mettre en place cette nouvelle organisation, pour passer le plus vite possible au travail sur le terrain« , annonce encore Akhannouch qui semble plus que jamais à l’aise dans l’exercice du zaïm politique.

Reste l’épineuse question du renouvellement de l’élite du parti, un point abordé par plusieurs militants du RNI rencontrés sur place. « Akhannouch ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Certains dirigeants ont fait beaucoup de mal au parti et ont sali son image, ils doivent partir, laisser le champ à une nouvelle élite, plus jeune, plus fraîche, mais surtout vierge« , confie un vieux membre du parti de la colombe.

Si Aziz Akhannouch n’a pas abordé directement cette question à laquelle « il est très sensible« , comme le confie un de ses proches. Le nouvel homme fort du RNI semble néanmoins avoir trouvé une solution consensuelle qui lui éviterait d’aller au clash avec les barons du parti: la création d’un conseil des sages, qui réunirait tous les caciques du RNI. « Ce sera un peu le cimetière des éléphants, la formule idéale pour ne pas diviser le parti« , commente, amusé, un jeune cadre du RNI.

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