Les parents d'élèves des écoles Gülen réclament un délai de grâce

Les parents d'élèves ont rencontré le wali de Casablanca et le directeur de l'Académie pour faire appel de la fermeture des écoles liées au réseau Gülen. Leurs inquiétudes demeurent pourtant intactes.

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Les élèves inscrits dans les écoles liées au mouvement turc Gülen ont repris les cours le 9 janvier, en attendant l’éventuelle levée de l’ultimatum posé par les autorités. Les parents ne sont pas rassurés, alors que le ministère de l’Intérieur a annoncé le 5 janvier la fermeture imminente des écoles du groupe scolaire Mohamed Al Fatih.

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Lors de la réunion avec le wali de Casablanca-Settat et le directeur de l’Académie, les parents ont réitéré leur opposition à ces fermetures. « Le wali a dit que la décision venait d’un haut niveau et que ses services sont dans l’attente des directives du ministère de l’Intérieur« , rapporte Bahia Riyad, mère d’une petite fille de quatre ans, et responsable de la communication du comité de suivi des parents d’élèves de l’école Al Fatih de Lissasfa à Casablanca.

Plus de 2 500 enfants sont concernés par la fermeture de ces écoles du groupe Al Fatih. Une grosse inquiétude sur la suite de leur scolarité pour le reste de l’année. « Des cellules ont été mises en place dans les Académies régionales de l’éducation et de la formation professionnelle concernées pour accompagner et assister les familles à réinscrire leurs enfants dans les écoles de leur choix qu’elles soient publiques ou privées« , explique le ministère de l’Education nationale qui précise que tout sera mis en place dans un délai d’un mois. Une échéance que les parents jugent trop courte. « Notre but est au moins de terminer l’année« , explique Bahia Riyad qui se bat pour que ce délai soit donc prolongé.

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« Pour le directeur de l’Académie, la solution est de disperser les étudiants dans les autres écoles mais cela n’est pas réalisable alors que notre système anglophone n’existe nulle part ailleurs« , s’insurge Bahia Riyad qui précise que l’école Lissasfa de Casablanca est entièrement anglophone, alors que les autres sont bilingues (arabe-français).

Des écoles privées « comme les autres »

Les écoles du groupe Al Fatih, réparties entre Casablanca, Fès, Tanger, Tétouan et El Jadida, rassemblent entre 2 500 et 3000 élèves de la maternelle au lycée. Toutes « respectent le programme marocain« , utilisant notamment les mêmes manuels scolaires que l’éducation publique, explique un enseignant de l’école Panoramique à Casablanca. Les parents, toujours dans l’incompréhension après la décision du ministère de l’Intérieur, attendent des explications.

« La différence, c’est que les élèves sont entre 5 et 18 par classes contre plus de 30 dans le public« , explique Amane, mère de deux filles inscrites à l’école Panoramique à Casablanca. « Et puis le staff est compétent, les professeurs soutiennent les enfants et je n’ai trouvé cela dans aucune école publique« , poursuit-elle. Amane s’inquiète par ailleurs pour le sort des 540 salariés de l’école, allant des professeurs au personnel administratif.

Les professeurs vont donc pâtir de la fermeture de ces établissements privés. « Cela dit, le grand besoin en matière d’enseignants qualifiés dans le secteur de l’enseignement privé pourrait jouer en leur faveur« , explique le ministère de l’Education nationale.

Pour les prix, Bahia Riyad paie 3 500 dirhams par mois en maternelle, alors qu’Amane paie 3 000 pour sa fille au lycée. « Si l’on paie le même prix que dans les écoles privées anglophones, ici au moins on est sûr d’avoir un programme scolaire marocain et de garder notre culture marocaine« , précise Bahia Riyad.

Des écoles accusées « d’idéologie »

Le communiqué du ministère de l’Intérieur publié le 5 janvier estime que le réseau Gülen a l’idéologie islamiste et conservatrice : « Les établissements scolaires du groupe Mohamed Al Fatih, lié au turc Fethullah Gülen […] utilisent le secteur de l’enseignement pour répandre l’idéologie de ce groupe et des idées contraires aux principes du système éducatif et religieux marocain« .

De son côté, la Turquie s’est félicitée de la décision du Maroc alors que le président Erdogan accuse Fetullah Gülen d’être à l’initiative du coup d’Etat manqué le 15 juillet 2016. Le ministre des Affaires étrangères turques avait même exprimé son enthousiasme dès le lendemain de l’arrêté du ministère de l’Intérieur du Maroc annonçant la fermeture des écoles liées au réseau Gülen « dans un mois« .

Hassan Werdachi, professeur à l’école Panoramique de Casablanca depuis un an, se défend de répandre toute idéologie. « Les gérants de ces établissements rentables n’ont aucune influence sur nous. Nous appliquons le programme marocain avec des valeurs universelles de respect« , assure-t-il. Pour cet enseignant, la gestion de ces écoles n’aurait aucun impact sur le contenu pédagogique.

Les différents comités des huit écoles du groupe Al Fatih continuent alors de faire pression et attendent qu’une solution vienne de la part des autorités. Un sit-in était organisé devant l’école de Lissasfa le 10 janvier dans l’après-midi pour manifester contre la décision de fermeture de l’école.

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