Fin janvier 2017, les chefs d’État africains se réuniront pour le 28e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Ce sommet sera l’occasion d’élire l’homme ou la femme qui succédera à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de l’Union africaine (secrétariat de l’UA), mais aussi de désigner le nouveau président en exercice de l’organisation parmi les chefs d’État membres de l’organisation.
Ce nouveau président en exercice nommé jouera un rôle important dans l’accélération de la réintégration du royaume au sein de l’UA et influera sur le traitement du dossier du Sahara.
Alpha Condé vs. Mahamadou Issoufou
Le président en exercice de l’UA est nommé pour un mandat d’un an selon une règle de rotation entre les cinq régions du continent (Afrique de l’Ouest, du nord, centrale, australe et de l’Est). Il est amené à diriger la Conférence de l’UA, l’organe suprême de l’organisation, composé des chefs d’État et de gouvernement membres, ou de leurs représentants accrédités.
Idriss Déby Itno, le président du Tchad (Afrique centrale), qui assure actuellement la présidence tournante de l’Union depuis janvier 2016, devra passer le témoin lors du prochain sommet de l’Organisation. Pour le prochain mandat et comme le prévoit l’UA, c’est au tour de la région de l’Afrique de l’ouest de présenter un candidat pour assurer la présidence pour les douze mois à venir.
Pour le poste, deux candidats de la région s’opposent : Alpha Condé, le président de la Guinée Conakry, proche du Maroc et Mahamadou Issoufou président du Niger, candidat proposé par Alger.
Condé, candidat proche du Maroc
L’Algérie reproche au président guinéen son « alignement total » sur les positions de Rabat à propos de la « RASD », alors que son homologue nigérien est « plus modéré à ses yeux », selon Jeune Afrique.
La Guinée fait en effet partie des 28 pays qui ont signé une motion pour « réclamer la suspension des activités de la RASD » au sein de l’Union africaine. Le roi Mohammed VI s’était même rendu dans le pays en mars 2014, voyage au cours duquel il a décoré Alpha Condé du Wissam-Al Mohamadi, la plus haute distinction au royaume et signé 21 accords de coopération bilatérale. En revanche, le Niger non signataire de la motion n’a pas une position tranchée sur la question à cause de son voisin algérien avec qui il partage sa frontière nord.
« Aujourd’hui, l’Algérie est devenue incontournable dans les négociations de paix, notamment au nord du Mali. Son avantage, c’est d’avoir un pied stratégique dans le sahel puisqu’il partage aussi sa frontière avec le Niger », nous expliquait Bakary Sambé, professeur-chercheur sénégalais et fondateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) au sein de Timbuktu Institute. « Il faut comprendre qu’on est pris à la gorge par les Algériens, dont les services peuvent déstabiliser le septentrion (le nord) de nos pays », confiait pour sa part un diplomate sahélien sous couvert d’anonymat au média français Le Monde en novembre.
Alpha Condé favori
De cette opposition, le président guinéen part largement favori et devrait sans surprise succéder à Idriss Déby, officiellement désigné par la CEDEAO (la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (, région à qui il revient de diriger l’Organisation pour le prochain mandat). La candidature du président nigérien est en revanche une proposition d’un seul pays, l’Algérie. Cette dernière est, certes, membre influent de l’organisation mais n’est pas habilitée à se prononcer sur la candidature d’un chef d’État de la région ouest-africaine.
Par ailleurs, le président nigérien sur lequel les autorités algériennes comptent, aurait assuré à son homologue guinéen, en marge du sommet arabo-africain de Malabo qui s’est tenu fin novembre, qu’il ne se présenterait pas contre lui, rapporte Jeune Afrique. Ce dernier ajoute toutefois que Alpha Condé, de son côté, « soucieux de rassurer les Algériens » devrait se rendre à Alger dans les semaines à venir, ajoute le magazine africain.
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