Le 22 avril dernier, vous avez été nommée à l’unanimité PDG de Ynna Holding. Vous attendiez-vous à ce que vos enfants vous portent à ce poste ?
Depuis leur plus jeune âge, mes enfants ont reçu une éducation basée sur le respect et l’échange. Nous avons toujours été, mon défunt époux et moi-même, très à cheval sur les valeurs de partage, de droiture, de respect et de liberté de choix que nous avons inculquées à nos enfants. En tant que mère, épouse et partenaire de vie, j’ai été impliquée dans tout ce qui touchait de près ou de loin ma famille, en commençant par les affaires. La succession s’est faite ainsi très naturellement, c’était juste une suite logique vu que chacun de nous a une mission pour pérenniser le groupe.
Certains dans le milieu des affaires ont une lecture différente de cette nomination. Ils estiment que c’est pour éviter le conflit entre les héritiers Chaabi que ce poste vous a été attribué, car aucun d’eux ne peut contester votre autorité. Un commentaire ?
Nous sommes une famille unie par des valeurs et des relations basées sur le respect mutuel. Nous discutons beaucoup entre nous et échangeons des idées pour nous mettre finalement tous d’accord. Chacun de nous constitue une pièce du puzzle qui est la famille. Chaque pièce a sa place, sans cela le puzzle serait incomplet.
Aujourd’hui, tout le marché s’interroge sur l’avenir du groupe. Des rumeurs persistantes laissent entendre qu’il y aurait des conflits entre les héritiers. Qu’en est-il ?
En dépit du climat des affaires qui a connu une période morose, le groupe fait partie des entités qui ont réalisé des résultats à tendance haussière durant les cinq dernières années. Les personnalités ou les entreprises qui se démarquent par leur travail sont tout le temps pointées du doigt et font face à des rumeurs qui n’ont pas de fondements. Nous avons annoncé il y a quelques mois de nouveaux investissements, notamment à Kénitra avec une nouvelle usine (500 millions de dirhams), à Casablanca avec l’ouverture de 2 unités hôtelières (plus d’un milliard de dirhams), et bien d’autres investissements sont en cours d’étude.
Ynna Holding est un des fleurons de l’économie nationale. Que diriez-vous au marché pour le rassurer sur l’avenir du groupe ?
Ynna Holding est une partie prenante dans le développement économique du pays, vu notre implication dans des activités phares comme dessinées dans la vision globale mise en place par le roi. Nous sommes un groupe 100% marocain qui va continuer à se diversifier et à innover pour maintenir son élan de croissance. Nous avons réalisé des résultats financiers en hausse constante et nous continuons à investir dans des secteurs à forte valeur ajoutée pour le pays.
Reprendre les rênes après feu L’haj Miloud est une énorme tâche. Y étiez-vous préparée ?
Lui succéder est bien évidemment une grosse responsabilité car nous devons poursuivre son œuvre. J’ai été présente à ses côtés dans chaque étape de la création de son empire, que nous avons bâti ensemble. J’ai donc été impliquée dans chaque décision stratégique. L’haj Miloud, que Dieu ait son âme, est un personnage atypique, emblème de l’autodidacte au Maroc. Il a commencé berger pour devenir un homme d’affaires puissant et une figure politique.
L’après-L’haj Miloud est-il difficile à gérer ?
Ma mission ainsi que celle de tout le comité de direction est d’accélérer la vitesse de développement tout en maintenant la stabilité de la société mère et de ses filiales. Des fois, c’est dans la difficulté que réside la clé de la réussite, car en nous mettant à l’épreuve, nos idées mûrissent et nous devenons encore plus forts.
Vous êtes à la tête d’un holding qui emploie plus de 20 000 personnes. Comment pilotez-vous un tel empire ?
Ynna Holding est une entité structurée qui détient plus de 20 filiales actives dans 4 secteurs d’activité. Chaque société “fille” est gérée par un directeur général et une équipe opérationnelle garante de la mise en place des actions répondant à la stratégie globale dessinée par la société mère, Ynna Holding. Cette stratégie est définie dans le cadre de réunions de travail auxquelles assistent l’ensemble des parties prenantes. Depuis quelques années, l’organisation a été revue et nous avons opté pour un management transversal qui favorise la gouvernance. Nous avons favorisé le décloisonnement en liant les compétences aux métiers. L’organisation compte aujourd’hui des managers de haut niveau qui sont habilités à diriger et à conduire les projets selon une stratégie bien définie tracée par le holding.
En quoi diriger Ynna Holding a-t-il changé votre quotidien ?
Mon mode de vie n’a pas connu de changement particulier. Ma philosophie des affaires évolue avec le temps et les transformations que subit le marché et auxquelles nous nous adaptons. Le monde change, si nous restons les mêmes, nous serons rapidement dépassés.
Vous arrive-t-il de vous réunir avec des directeurs de filiales ou leur transmettez-vous vos consignes via vos enfants ?
Nous sommes un groupe qui a des procédures de travail très claires et un organigramme structuré. Les décisions sont prises dans le cadre de réunions de travail et d’échange prenant en compte plusieurs paramètres et en présence de toutes les parties prenantes.
Cet interview est à retrouver dans un dossier complet consacrée au clan Chaabi, dans le numéro 742 de TelQuel, disponible ici : http://abo.telquel.ma/
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