Bruno Barde, directeur artistique du FIFM: «Je n’ai pas envie de voir un jury condescendant face à un film marocain»

Telquel.ma s’est entretenu avec le directeur artistique du Festival international du film de Marrakech, Bruno Barde.

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Bruno Barde. © DR

Telquel.ma : La compétition est à mi-chemin et plusieurs films projetés ont déjà été vus ailleurs. Le festival a-t-il failli  à son ambition, à savoir « faire découvrir de nouveaux talents » ?

Bruno Barde : Le festival n’est pas fait pour faire plaisir à quatre professionnels. Ce qui compte au cinéma, c’est de montrer les films et de les faire vivre. Ce n’est pas important s’ils ont été montrés ailleurs. La force du FIFM est de prendre un film, peut-être vu ailleurs, et de lui donner la possibilité d’être vu par des jurys exceptionnels et d’assurer son relai à travers la presse internationale. Les films en compétition sont vus par des grands cinéastes, comme Béla Tar ou Bille August.

Donc si les cinéastes viennent, c’est pour le jury et non pas pour le prix…

Les grands cinéastes ne viendraient pas si l’Étoile d’Or n’avait pas de valeur ! À votre avis pourquoi Paul Verhoven, Isabelle Huppert, Martin Scorsese ont fait le déplacement ? Ce festival est professionnel et sérieux. Si Thierry Frémaux, le délégué du festival de Cannes ou Martin Scorsese nous écrivent des mots d’encouragement, ce n’est pas pour rien.

On dit que vous avez la mainmise sur la sélection des films…

On me reproche le fait de choisir les films de la sélection ? Évidemment qu’il y a des gens qui travaillent avec moi, évidemment que les vice-présidents de la fondation voient les films, mais il y a un moment où il faut prendre les décisions et c’est ce que je fais. Je ne m’attribue pas la sélection ! Thierry Frémaux à Cannes, Alberto Barbera à Venise, ils font quoi ? Il faut me juger sur les faits, personne ne m’a jamais dit que la sélection n’est pas bonne.

L’absence de films marocains dans la compétition a été critiquée par certains professionnels du cinéma. Qu’avez-vous à leur dire ?

Je soutiens le cinéma et les professionnels marocains et je fais tout ce que je peux pour qu’ils soient présents au festival. Mais les treize films que j’ai vus n’étaient pas au niveau. C’est une polémique infondée. Je respecte les professionnels marocains et je peux vous dire que j’ai reçu le soutien de beaucoup de réalisateurs marocains qui disent que j’ai raison. Je n’ai pas envie de voir un jury condescendant face à un film marocain ou d’ailleurs.

Que fait concrètement le festival pour encourager la création cinématographique nationale ?

Le festival donne l’opportunité de rencontrer des grands professionnels du cinéma étranger. Cette année, une délégation de producteurs américains participe au festival. La concours Cinécole, destiné aux jeunes cinéastes, existe toujours mais sera programmé hors du festival.

Pourquoi le FIFM a confié l’organisation de ce concours à la SNRT ?

C’est une décision de la fondation que je n’ai pas à commenter.

Vous êtes directeur artistique du festival mais également directeur général de « Public système cinéma», qui est responsable des relations presse pour l’évènement et pour beaucoup de cinéastes mondiaux aussi. Peut-on parler de conflit d’intérêts ?

Au contraire, l’activité de ma société sert le festival, car j’ai construit en trente ans de métier un réseau. J’ai travaillé et travaille toujours avec la plupart des grands cinéastes du cinéma contemporain.

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