Toujours en visite à Madagascar, le roi Mohammed VI est sorti de son habituelle réserve pour rencontrer la presse malgache. Il a en effet rencontré quelques supports de presse dans un entretien dans lequel le souverain ne manque de rappeler l’esprit qui anime le Maroc dans sa relation avec le continent. «Chaque visite en Afrique est pour moi l’occasion de renouer avec les populations africaines que j’admire et respecte, elles m’enseignent la vraie richesse, celle du coeur. Le Maroc et l’Afrique ne font qu’un. Les séparer serait un déracinement, une erreur. Au cours de mes visites en Afrique ou à travers les projets que j’y initie, il ne s’agit nullement de donner des leçons ; je propose plutôt que nous partagions nos expériences. Certes, les enjeux que nous devons relever en Afrique sont grands. Mais les femmes, les hommes et les enfants que je rencontre lors de mes visites me donnent la force de continuer», affirme Mohammed VI.
Un pèlerinage émouvant
Il ne manque pas non plus de s’exprimer longuement sur le pèlerinage effectué à Antsirabe, lieu de l’exil de Feu Mohammed V en le qualifiant de «visite très émouvante». «Mon Grand-père et la Famille royale ont vécu deux ans à Antsirabe. Contrairement à ce qu’il advient généralement en exil, les miens ont gardé un bon souvenir de ce séjour contraint et ils ont conservé un lien fort avec Madagascar, particulièrement avec Antsirabe. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à visiter la ville et que j’ai décidée de lancer des projets en faveur de sa population». Le souverain apporte une précision de taille pour contrer certaines rumeurs faisant état que seule la communauté musulmane bénéficiera de ces projets. «Je tiens à lever toute ambiguïté», a-t-il dit à la presse malgache, « ces projets sont, bien évidemment, destinés à toute la population. Le roi du Maroc est Amir Al Mouminine, Commandeur des Croyants, des croyants de toutes religions. Mon pays, le Maroc ne fait aucun prosélytisme, ne cherche nullement à imposer l’Islam», précise-t-il.
Suivi royal pour les projets initiés à Madagascar
Sur la question de la coopération entre le Maroc et Madagascar, Mohammed VI a réitéré l’engagement du Maroc à soutenir l’économie malgache. «Madagascar dispose d’atouts indéniables pour réussir. Le Maroc est disposé à l’accompagner auprès de ses départements ministériels, de ses entreprises publiques et de son secteur privé. J’encouragerai particulièrement le secteur privé marocain à engager des projets à Madagascar, dans le cadre d’une coopération d’égal à égal avec son homologue malgache», a-t-il précisé tout en promettant de soutenir et suivre personnellement les projets faisant objet d’accords. Il promet également d’envoyer un importante délégation marocaine à la conférence des bailleurs et des investisseurs pour Madagascar se tiendra les 1er et 2 décembre 2016 au siège de l’Unesco à Paris. « Au moment de la Conférence de Paris, j’effectuerai une visite à Abuja. Je veillerai néanmoins à ce que le Maroc soit présent à Paris : une importante délégation soutiendra les projets prioritaires d’infrastructure à Madagascar et des représentants du gouvernement ainsi que du secteur privé participeront activement aux travaux».
Pour une coopération décomplexée
Le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine a également été abordé. «Je sais que la présence marocaine en Afrique et, particulièrement, la tournée que j’effectue en ce moment déplaisent à certains. Néanmoins, chacun reconnaît que nous n’avons pas attendu l’annonce du retour du Maroc à l’UA pour œuvrer et investir en Afrique. Tous les pays, amis de longue date ou amis nouveaux, notamment en Afrique de l’Est, sont unanimes à soutenir la réintégration du Maroc à l’UA. J’ai pris l’initiative de ces visites, sans condition préalable», explique-t-il en rappelant que le modèle de coopération prôné par le Maroc est basé sur l’instauration «d’une coopération Sud-Sud forte et solidaire, entre de nombreux pays du continent africain. Comme je l’ai dit dans mon Discours à Abidjan, en février 2014, “l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique”. Dans le cadre d’une coopération décomplexée, nous pourrons, tous ensemble, construire le futur». Mohammed VI rappelle aussi que ce partage d’expérience et d’expertise doit se faire sans «arrogance, ni sentiment de colonisation».
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