Expo: Les artistes marocaines dévoilent leurs univers

Les femmes marocaines ont été oubliées de l'histoire l’art. La commissaire Rim Laâbi veut y remédier grâce à l'exposition « Femmes, artistes marocaines de la modernité, 1960-2016 » installée à Rabat.

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Crédit: Rachid Tniouni

Peintures, sculptures, installations, vidéos et photographies sont autant de supports utilisés par les 26 artistes femmes qui ont été mises à l’honneur dans l’exposition « Femmes, artistes marocaines de la modernité, 1960-2016 » au musée Mohammed VI de Rabat. Exposée à partir du 23 novembre 2016 jusqu’à la date symbolique du 8 mars 2017, qui est aussi la journée internationale de la femme, l’exposition a été montée par la commissaire Rim Laâbi, plasticienne et théoricienne de l’art.

Intégrer les femmes artistes

« Très peu de femmes artistes ont laissé leur trace dans la création artistique et ce, non pas par manque de talent, mais simplement parce que l’art (…) n’a pas été épargné par la question du genre qui a, hélas privilégié les hommes bien plus que les femmes » expose en avant-propos Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées.

Le fil rouge de l’exposition reste donc l’intégration des femmes artistes au Maroc afin de comprendre leur apport dans le monde de l’art. Avec cette rétrospective, le but est non seulement de remonter les années mais aussi de revenir sur la pluralité de l’art marocain et de ses influences islamique, africaine ou berbère.

Au total, le visiteur peut déambuler au milieu des 120 œuvres d’art disséminées dans les six espaces thématiques. « En deux mois, nous avons créé six univers afin de ne pas cantonner les artistes dans des mouvements, des courants ou des écoles » explique la commissaire. Visite guidée.

 « Quand la main pense »

La première partie de l’exposition revient sur le mouvement de la main, la répétition d’un geste, sa minutie et sa routine. « Prendre le temps de travailler rigoureusement le sens du détail amène à développer son imagination et à sa création » analyse Rim Laâbi quand elle évoque les grand tableaux en noir et blanc de l’artiste autodidacte Fatima Hassan Farrouj.

Crédit: Musée Mohammed VI.
Crédit: Musée Mohammed VI.

«Cette lumière intérieure »

Monia Touiss, Malika Agueznay, Ahlem Lemseffer, Mounat Cherrat. Les artistes jouent ici avec la lumière et les matières pour dévoiler l’immatériel. « Entre transparence et opacité, la lumière confère ainsi l’impression de provenir de l’intérieur de l’œuvre » explique le communiqué de l’exposition.

Crédit : Musée Mohammed VI.
Crédit : Musée Mohammed VI.

«La vie dans les plis »

Des grands fils tissés et suspendus tombent jusqu’au sol. Ce véritable travail d’artisan tisserand est l’œuvre d’Amina Agueznay, qui « entrelace les matières pour déceler les interstices difficiles à déceler », explique Rim Laâbi. Montrer comment le monde macro est formé à partir de plusieurs univers micro : c’est le but de cette section de l’exposition qui se focalise sur les détails pour comprendre « ce monde qui nous échappe ».

Crédit: Rachid Tniouni
Crédit: Rachid Tniouni

« Ce que peut le corps »

Se réapproprier le corps de la femme est un thème récurrent parmi les femmes artistes choisies et exposées. Comme cette œuvre de Fatima Mazmouz qui est composée de silhouettes de femmes enceintes découpées dans du tissu traditionnel marocain. « C’est audacieux de représenter le corps d’une femmes nue enceinte, hissée sur des talons » explique Rim Laâbi. « Cela questionne l’identité de cette femme, corps en devenir ancré dans le Maroc profond. »

Crédit: Rachid Tniouni
Crédit: Rachid Tniouni

« La part des songes »

Les femmes ont longtemps – et encore – été cantonnées à vivre à l’intérieur. Assignée au foyer, elles se sont donc approprié cet espace intérieur pour créer des oeuvres. Amina Benbouchta, Dalila Alaoui, Carolle Benitah et Mariam Abouzid Souali, créent donc des formes neuves et imprévisibles à partir d’objets du quotidien.

Crédit: Rachid Tniouni
Crédit: Rachid Tniouni

« En avant toutes ! »

« Notre souhait reste que d’autres femmes se mobilisent et s’expriment », revendique la commissaire de l’exposition. En dernière partie, elle a donc choisi d’exposer des artistes militantes qui ont un regard politique et social contre la domination masculine. « Tout est à faire, il faut continuer cette démarche de modernité et sortir de cette histoire sous le joug des hommes » explique Rim Laâbi.

Crédit: Rachid Tniouni
Crédit: Rachid Tniouni

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