Les moukataâ se mettent au digital

L’e-gov tisse sa toile dans le réseau des moukataâ. Quelles sont les villes concernées par l'informatisation des documents d'état civil, comment ça marche et combien ça coûte ?

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Fini les fastidieuses et kafkaïennes journées passées à la moukataâ. Aujourd’hui, la toile du e-gouvernement commence à s’étendre un peu partout au Maroc. Objectif : numériser les documents d’état civil pour faciliter les procédures administratives aux citoyens marocains. Les villes de Meknès, Séfrou, Guelmim, Khouribga, Settat, El Hajeb, Ifrane ou encore Fès sont déjà équipées d’un système e-gov opérationnel où tous les documents administratifs d’état civil sont numérisés.

La nouvelle a été relayée massivement en novembre par la presse, qui évoque la possibilité de commander en ligne un certificat de naissance dans les villes susmentionnées. Les efforts de digitalisation ont commencé depuis plus de dix ans. « Depuis 2005, nous avons mis en place des plates-formes numérisées pour chaque ville, uniquement destinées aux fonctionnaires. » nous explique Houda Chakiri, directrice générale d’Enhanced Technologies, société spécialisée dans la numérisation des registres d’état civil. Si des kiosques interactifs ont été mis en place dans chaque commune, les citoyens ne peuvent cependant pas télécharger les documents sur Internet. En cause ? « La signature numérique n’est toujours pas valable au Maroc, donc pour chaque document, vous aurez besoin de la signature physique de l’officier de l’état civil ». Si vous désirez donc avoir un acte de naissance, une attestation matrimoniale ou de célibat, il vous faut faire le déplacement. Vous pouvez aussi choisir de les commander sur le portail watiqa.ma. Les documents vous seront envoyés par courrier, moyennement une facture de 20 dirhams.

En plus de s’épargner partiellement les tracas de la bureaucratie, l’e-gov permet d’éviter les détournements. Par exemple, « si quelqu’un cherche à se remarier dans une autre localité (sans l’avis de sa femme), il sera signalé, car les plates-formes sont connectées entre elles » nous indique Houda Chakiri. Son projet de numérisation des documents d’état civil est en marche depuis 2004. Incubé à l’université d’Al Akhawayn, le projet de recherche a été financé par le Centre de recherches pour le développement international. Une année plus tard, la société Enhanced Technologies voit le jour. La firme fait aussi dans l’e-tourisme et l’e-transport compte dix salariés à plein temps selon sa PDG.

C’est la ville de Fès qui a ouvert le bal de l’informatisation des données de ses citoyens entre 2006 et 2007. « Juste après, on a eu un moment de flottement car le ministère de l’Intérieur a lancé un projet gratuit de e-gouvernance pour les communes, du coup ils n’avaient plus besoin de nous » nous précise Houda Chakiri. Et de poursuivre : « Comme ce projet peinait à voir le jour, nous avons repris notre activité en 2011 ». En démarchant ou en répondant à un appel d’offres, Enhanced Technologies a réussi à informatiser une dizaine de petites villes. Moyennant trois à cinq dirhams pour numériser un document. « Le tarif oscille selon le nombre d’habitants. Plus les habitants sont nombreux moins c’est cher » nous précise la directrice général de la société de numérisation. Ironie du sort, ce sont les grandes villes comme Rabat et Casablanca qui n’ont toujours pas sauté le pas de l’e-gouvernance. « C’est une question de volonté politique, on les a contacté, ils étaient intéressés mais ça n’a pas abouti. En même temps, le projet de numérisation est d’envergure dans ce type de villes » assure Houda Chakiri.

 

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