Les chefs d’État africains, réunis le 16 novembre à Marrakech lors du Sommet africain de l’action tenu en marge de la COP22, ont exposé les différentes problématiques environnementales qui touchent le continent mais aussi leurs projets. Tour d’horizon.
1- Sauvegarder le bassin du Congo
Le Congo, l’un des plus vulnérables face au réchauffement climatique, propose un « fonds bleu pour le bassin du Congo » en vue de renforcer le développement socioéconomique de cet immense espace africain, a indiqué le président congolais Denis Sassou-Nguesso. Le chef de l’État congolais a souligné l’importance de ce fonds qui concerne une zone commune à onze pays de la région, riche en biodiversité et couverte par 220 millions d’hectares de forêts.
Le fonds bleu, qui s’appuie sur la mise en œuvre de microprojets touchant aux domaines liés au développement durable tels que les projets hydro-électriques, le traitement des eaux, l’irrigation des terres cultivables, sera la contribution de l’Afrique à la concrétisation des objectifs de développement durable contenus dans l’accord de Paris.
2- La Grande muraille verte contre l’avancée du désert
Autre projet mis en avant, la lutte contre la déforestation et la désertification en Afrique subsaharienne. Évoquant cette problématique, le président sénégalais, Macky Sall a exposé le projet phare de la mise en place de la Grande muraille verte contre l’avancée du désert. Les objectifs de cette muraille verte sont de reboiser, sur une surface de 7 600 kilomètres de long sur 15 km, qui s’étend du Sénégal (à l’Ouest) jusqu’au Djibouti (à l’Est) pour ralentir l’avancée du désert, améliorer la gestion des ressources naturelles et lutter contre la pauvreté.
Le chef d’État sénégalais a affirmé que le changement climatique affecte, en Afrique, les secteurs-clés tels l’agriculture, l’élevage, l’écosystème. « C’est à ces niveaux qu’il faut agir pour relever les défis », a-t-il dit, mettant en exergue les projets entrepris au niveau des pays africains pour la promotion des énergies renouvelables, à l’image notamment du projet Noor, lancé au Maroc et des projets initiés au Sénégal pour la promotion du mix énergétique.
En outre, il a appelé au renforcement de la coopération et au soutien au continent dans sa lutte contre les effets du réchauffement climatique.
3- Réhabilitation du bassin du Tchad
« Le Bassin du Tchad couvre une superficie de 14 millions de kilomètres et souffre d’une triple crise : écologique, sécuritaire et socio-économique » a fait savoir le président nigérien, Mahamadou Issoufou. Le chef d’État nigérien qui plaide pour un projet de sauvegarde et de réhabilitation du bassin a fait également remarquer que « la crise écologique se manifeste notamment par la réduction drastique de la superficie du lac ». Il a aussi évoqué la menace terroriste de Boko Haram, qui a engendré une grave crise sécuritaire, économique et sociale.
Il a lancé un appel au soutien humanitaire à cette zone du continent ainsi qu’au renforcement des programmes et actions ciblant le développement de la région, la préservation de son écosystème et la consolidation du développement durable des populations.
4- Menace sur les ressources naturelles
Le président guinéen Alpha Condé a, lui, plaidé pour la concrétisation des objectifs de réduction du réchauffement climatique et pour l’éradication de la pauvreté et la généralisation de l’accès aux nouvelles technologies.
« L’Afrique regorge d’immenses ressources naturelles qui sont menacées actuellement sous le poids de la pollution, du changement climatique et du déséquilibre des écosystèmes », a-t-il fait remarquer, soulignant la nécessité de l’instauration d’une justice climatique dans le continent.
Le président soudanais Omar El Bachir a appelé à l’atténuation du fléau de la famine, la promotion des secteurs de la santé et de l’enseignement et la préservation des écosystèmes écologiques, doivent être les principales priorités pour les pays africains, a-t-il dit, faisant état des initiatives entreprises par son pays dans ce domaine.
5- Le défi de la mise en œuvre des initiatives en faveur du climat
« Nous sommes le troisième pays le plus vulnérable aux changements climatiques après le Bangladesh et la Guinée Bissau », s’est alarmé le président de Sierra Leone, Ernest Bai Koroma selon Jeune Afrique. Pour lui, toute initiative africaine en faveur du climat doit être encouragée. Pour Paul Kagamé, l’accroissement de la résilience du continent doit passer par de nouveaux modèles économiques, tandis que la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, des actions rapides doivent être menées pour aider les pays en développement à élaborer et à mettre en œuvre des plans nationaux d’adaptation.
À l’issue de leur plaidoyer, les chefs d’État ont harmonisé la position de l’Afrique face au changement climatique dans une déclaration en faveur d’une « co-émergence continentale » en présence du roi Mohammed VI, du président français François Hollande et du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Ils ont décidé, dans ce cadre, la création de trois commissions dédiées à la région du Sahel, la région du bassin du Congo et aux États insulaires, respectivement présidées par le Niger, le Congo et les Seychelles.
Les chefs d’État et de gouvernement africains ont, ensuite, invité le roi Mohammed VI « à œuvrer pour la mise en œuvre de [ladite] déclaration, notamment au niveau de la coordination et du suivi des initiatives prioritaires dans les domaines de la lutte contre les changements climatiques et du développement durable, ainsi que de la mobilisation des partenaires du continent, bilatéraux ou multilatéraux. »
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