C’est à l’espace Dar media dans la zone verte de la COP22 que le gotha économique et financier du royaume s’est donné rendez-vous ce 14 novembre. Othman Benjelloun, président de BMCE Bank of Africa, Mohamed Kettani, président d’Attijariwafa Bank, Miriem Bensalah, présidente de la CGEM, son frère Hassan Bensalah, président de la FMSAR, Nezha Hayat, présidente de l’AMMC, Karim Hajji, directeur général de la bourse de Casablanca ou encore Mustapha Bakkoury, président de Masen, sont venus assister à la présentation de la feuille de route pour l’alignement du secteur financier marocain sur le développement durable. Un programme d’action présenté par Mohammed Boussaïd, ministre de l’Économie et des finances, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al Maghrib, Nizar Baraka, président du CESE, mais auquel ont contribué aussi toutes les composantes du secteur financier.
« Conscientes de cette problématique, plusieurs institutions bancaires et financières marocaines ont, dès le début des années 2000, commencé à prendre en compte les enjeux environnementaux et sociaux dans leurs procédures et modes de fonctionnement internes », peut-on lire sur le document de présentation de la feuille de route. Et d’ajouter : « Cette prise de conscience et sa traduction par des actions et des mesures concrètes s’opère néanmoins à un rythme et de façon différenciée ». C’est la raison pour laquelle les acteurs du secteur financier ont décidé de plancher sur une véritable feuille de route pour s’aligner sur les enjeux du développement durable. Le plan d’action du secteur financier marocain en faveur de l’environnement comporte une large palette de mesures, articulée autour de cinq axes majeurs. Il comporte, par ailleurs, une dimension africaine favorisant l’émergence d’une finance verte sur le plan continental.
Six milliards de dirhams placés dans des actifs verts
Le premier axe sur lequel les opérateurs financiers se sont penchés est celui de la gouvernance, en proposant d’y inclure les risques socio-environnementaux. Ainsi, pour le secteur bancaire, on parle de l’intégration des facteurs de durabilité dans les systèmes de notation internes ou encore l’identification du risque carbone compris dans le portefeuille d’actifs et d’en évaluer les impacts. Le secteur des assurances est, quant à lui, appelé à placer six milliards de dirhams dans des « actifs verts » dans un délai de cinq ans, tout en réduisant l’impact écologique de l’activité propre du secteur.
Le deuxième axe de la feuille de route est consacré à la mise en place de produits et d’instruments financiers dédiés au développement durable, avec un préalable d’adopter une définition commune de ce que pourrait être ces instruments. Dans le détail, il est proposé au marché des capitaux de créer des véhicules d’investissement spécialisés pour mobiliser l’épargne à destination des investissements durables et de favoriser l’émission de Green Bonds. Sur ce dernier point, quelques annonces ont déjà précédé la présentation de cette feuille de route, puisque BMCE Bank of Africa, MASEN et la banque centrale s’apprêtent à lever plusieurs milliards de dirhams en green bonds. De son côté, le secteur des assurances s’engage à développer des produits d’épargne verts à avec un chiffre d’affaires cible de 500 millions de dirhams par an et à élargir l’offre de la couverture des risques climatiques ainsi que le développement des solutions d’assurances des risques environnementaux.
L’inclusion financière n’est pas en reste. Elle constitue le troisième axe de cette feuille de route. Elle a pour objectif la réduction des gaps entre les genres et l’adoption d’une stratégie nationale d’inclusion financière. Elle est devenue « un facteur important d’efficacité économique et d’équité sociale, deux composantes majeures du développement durable » à en croire le document de la feuille de route. Pour les acteurs de la finance marocaine, l’inclusion financière peut même contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD).
La formation et les outils de transparence en renfort
Toutes ces actions poussent le secteur financier à intégrer une nouvelle donne dans son fonctionnement. C’est la raison pour laquelle la feuille de route propose un axe dédié au renforcement des capacités. En d’autres termes, il est prévu de mettre en place des programmes de formation à l’attention des collaborateurs afin de les sensibiliser aux enjeux du développement durable. Casa Finance City propose, par exemple, d’intégrer des modules de formation finance verte au sein de CFC Academy. De son côté, l’AMMC envisage de développer des modules d’e-learning à destination du grand public. Le dernier axe s’intéresse à la transparence et la discipline de marché. Le secteur bancaire est appelé à publier un rapport spécifique sur les politiques de durabilité ainsi que les moyens mis en œuvre pour contribuer au financement durable.
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