Affaire Mouhcine Fikri: «Les trois fonctionnaires emprisonnés ont servi de boucs émissaires»

Pour le syndicat des fonctionnaires du secteur de la pêche maritime, l’emprisonnement de trois fonctionnaires de ce département suite à l’affaire Mouhcine Fikri est « injuste ».

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Crédit : Yassine Toumi / TELQUEL

La pêche illégale, en plus de présenter un danger pour la ressource menacée d’extinction et pour le secteur, constitue un « danger imminent pour la paix sociale et pour l’État. » Ce constat est de Mourad Ghazali, secrétaire général du syndicat des fonctionnaires du secteur de la pêche maritime. Il a expliqué, lors d’une conférence de presse organisée par le Collectif pêche et développement durable, mardi 8 novembre, que « peu ressources humaines sont déployées au niveau des délégations des pêches maritimes », ce qui empêche « la mise en place efficace du contrôle ». Pour preuve : de 2009 à 2016, seulement 130 employés ont été recrutés au niveau des délégations des pêches maritimes contre 197 départs à la retraite. Pour l’année prochaine, seulement 10 postes ont été budgétisés. « En mettant en prison trois employés du secteur suite à l’affaire Mouhcine Fikri, [NDLR : le délégué de la pêche maritime, le chef de service de la délégation de la pêche maritime, le médecin chef du service de la médecine vétérinaire], on promeut l’anarchie et le non-respect de la loi. Ces trois fonctionnaires ont servi de bouc émissaire », s’insurge Mourad Ghazali, qui estime également que l’affaire Mouhcine Fikri a été politisée.

Manque de coordination

Pour sa part, le Collectif pêche et développement durable espère que l’État va ériger la lutte contre la pêche illégale et la commercialisation de ses produits en priorité nationale. « On alerte quant à la mafia qui brasse beaucoup d’argent grâce à la pêche illégale » dénonce Elyazidi Abderrahman, coordinateur du collectif. Il faut dire que le cas du Rif dans ce domaine est devenu source d’une grande tension sociale. Pour le collectif, l’analyse de cette situation conduit inévitablement à ouvrir le débat sur la capacité des outils réglementaires, des moyens humains et matériels actuels pour lutter efficacement contre la pêche illégale non déclarée et non réglementée (INN) et la commercialisation de ses produits. En gros, l’efficacité du contrôle de cette activité requiert une coordination efficace entre plusieurs pouvoirs et autorités. Il s’agit, notamment, de la police judiciaire, du ministère de la Justice, de la Douane, des autorités locales, de l’Onssa (Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires) et du département de pêche. « Le déficit de coordination entre ces entités a constitué un facteur qui a causé la prolifération de la pêche illégale et la commercialisation de ses produits. Au cours des dernières décennies, le commerce des produits issus de la pêche illégale est alors passé d’une activité marginale à une activité qui nargue le commerce de la pêche légale » déplore le collectif.

 

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