Dakar, l’ami de toujours
Le choix du roi d’adresser son discours depuis la capitale sénégalaise Dakar est une première, qui en intriguait plus d’un. Le souverain entame son discours en expliquant les raisons de ce choix, avec en arrière fond une carte de l’Afrique. Tout un symbole. « Ce pays qui nous est si cher, a toujours été à la tête des défenseurs de l’intégrité territoriale et des intérêts supérieurs du Royaume. Plus encore, il a démontré, par les actes et par la parole, à plusieurs occasions, qu’il considère la question du Sahara marocain comme étant sa cause nationale propre. » Le choix de Dakar s’explique aussi par la position du Sénégal lors de la sortie du royaume de l’Union africaine en 1984, position qualifiée par Mohammed VI de « solidaire et courageuse ». « L’ancien président, Monsieur Abdou Diouf, avait estimé qu’on ne pouvait concevoir cette Organisation sans le Maroc », rappelle-t-il. Outre les relations de solidarité, le roi a choisi de prononcer son discours du Sénégal « au regard de la place particulière qu’il occupe en Afrique, grâce à son modèle démocratique historique, à sa stabilité politique et sociale et à son dynamisme économique »
Politique africaine
Ce n’est un secret pour personne, le Maroc, depuis plusieurs années, a les yeux rivés sur l’Afrique. De tournée en tournée, la stratégie africaine est ainsi appelée à s’élargir. « La politique africaine du Maroc ne se limitera pas à l’Afrique occidentale et centrale. Nous veillerons plutôt à ce qu’elle ait une portée continentale, et qu’elle englobe toutes les régions de l’Afrique », explique Mohammed VI. « C’est dans ce cadre que nous avons effectué des visites au Rwanda et en Tanzanie, malgré le fait que les relations avec les Etats d’Afrique de l’Est n’étaient pas suffisantes, non pas par négligence ou par omission, mais pour des raisons objectives comme la langue, l’éloignement géographique et les différences de patrimoine historique. »
Et de rappeler « les résultats de ces visites », à commencer par le Rwanda où le déplacement du roi « a permis de conforter cette orientation, en posant les jalons d’un partenariat prometteur dans les différents domaines, et en faisant de ce partenariat un axe fondamental pour le développement de nos relations avec cette région » . L’autre visite, qui a eu lieu en Tanzanie, traduit quand à elle « l’estime que nous lui portons au regard de son statut régional, de sa dimension géographique et de son poids démographique, ainsi que notre volonté de coordination avec ce pays sur les questions régionales et internationales. » Le roi revient aussi sur la visite annulée en Ethiopie, avec laquelle des contacts ont eu lieu afin d’entamer « une étape nouvelle dans nos relations avec elle. » Et de conclure : « Ce sera, donc, la première étape de la deuxième partie de Notre tournée dans un certain nombre de pays africains sub-sahariens, toujours dans le cadre du retour du Maroc à cette institution continentale. »
Retour à l’UA
« La réintégration par le Maroc de l’Union africaine n’est pas une décision tactique, pas plus qu’elle n’a obéi à des calculs conjoncturels. Elle est plutôt l’aboutissement logique d’une réflexion approfondie. Et lorsque nous annonçons notre retour, nous ne demandons la permission de personne pour obtenir notre droit légitime », prévient Mohammed VI, rappelant que le Maroc dispose d’une « majorité écrasante » pour occuper son siège. Outre la carte économique, le royaume compte faire jouer son expérience dans la coopération sécuritaire ou encore la lutte contre le terrorisme. Autre point : la problématique migratoire. « Notre pays poursuivra ses efforts pour remédier aux causes réelles de ce phénomène, en le reliant au développement et en adoptant une approche humanitaire et solidaire, protégeant les droits des immigrés et préservant leur dignité. »
Ce retour du Maroc à l’UA, rappelle le souverain, permettra « de défendre nos droits légitimes et de corriger les contre-vérités colportées par les adversaires de notre intégrité territoriale, notamment au sein de l’Organisation africaine ». « Nous nous emploierons aussi à contrecarrer leurs manœuvres visant à impliquer cette Organisation dans des décisions contraires aux bases adoptées par les Nations unies pour le règlement de ce conflit régional artificiel, et en contradiction avec les positions de la majorité des Etats du continent », détaille-t-il.
Rappel du rôle du Chef de gouvernement
Le roi veut ainsi que la politique africaine bénéficie d’un intérêt plus grand : « Nous attendons également des ministres qu’ils attachent à l’Afrique le même intérêt qu’ils accordent à leurs missions et à leurs déplacements dans les pays occidentaux. » En pleines négociations pour la constitution du prochain gouvernement, sur fond de tensions avec le président du RNI Aziz Akhannouch, le Chef du gouvernement se voit adresser une directive : « La formation du prochain gouvernement ne doit pas être une affaire d’arithmétique, où il s’agit de satisfaire les desideratas de partis politiques et de constituer une majorité numérique, comme s’il était question de partager un butin électoral. »
« Le gouvernement, c’est plutôt un programme clair et des priorités définies concernant les questions internes et externes, avec l’Afrique au premier chef. Un gouvernement apte à aplanir les difficultés héritées des années passées, concernant le respect des engagements du Maroc vis-à-vis de ses partenaires », indique le roi. « Le gouvernement est une structuration efficace et harmonieuse qui s’adapte au Programme et aux priorités. C’est un ensemble de compétences qualifiées, avec des attributions départementales bien définies », poursuit-il, précisant qu’il veillera « à ce que la formation du prochain gouvernement se fasse conformément à ces critères et suivant une méthodologie rigoureuse. Et Je ne tolérerai aucune tentative de s’en écarter. »
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