Isolés. Depuis plusieurs semaines, les villes de Tétouan, Fnideq, M’diqi, Martil, Azla et Amsa, toutes situées sur la côte méditerranéenne, vivent au rythme des coupures d’eau pouvant durer jusqu’à 16 heures. Ces coupures ont généralement lieu en début d’après-midi, vers 14 heures et s’étendent jusqu’aux premières heures de la journée suivante. C’est ce que nous révèlent plusieurs habitants de la région ainsi qu’Abdelali Allaoui, membre de la Coordination de Tétouan pour le suivi des affaires publiques et locales, créée suite à la constatation de ces coupures.
Course à l’approvisionnement
Selon Allaoui, certaines habitations situées en hauteur peuvent se voir tout simplement privées d’eau potable durant des journées entières. Une privation qui concerne également les personnes résidant dans des appartements situés dans de hauts étages. Tous les quartiers de Tétouan, à l’exception de celui de Taboula, sont touchés par ces coupures. « Certains habitants ont dû déménager leurs parents afin qu’ils puissent s’approvisionner en eau » détaille Allaoui, qui préside également la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Ces coupures, qui ont commencé au début du mois d’octobre, perturbent le quotidien des citoyens. « Ceux qui travaillent, surtout les fonctionnaires, passent la totalité de leur journée en dehors de leurs domiciles et ne peuvent faire leur stock que dans une période limitée » raconte un habitant. Pour certains, la période d’approvisionnement dure deux heures. La situation ne semble toutefois pas affecter les hôtels de la région, comme en témoigne une employée d’un hôtel de luxe qui prend ses douches sur son lieu de travail avant de regagner son logement, où un robinet vide l’attend.
Le conseil de la ville aux abonnés absents
En plus de perturber le quotidien des habitants, cette situation « pénalise l’économie de ces villes qui sont fortement axés sur les services. Comment les cafés, les restaurants, les hôtels qui n’ont pas des réserves d’eaux peuvent travailler dans ces conditions ? » s’indigne Allaoui. Pour le militant associatif, le problème est surtout celui du gaspillage d’eau. De Tétouan à Fnideq, une bande de gazon d’une quarantaine de kilomètres est régulièrement arrosée. Bien que l’eau utilisée ne soit « pas potable », « elle provient malgré tout du barrage déjà en souffrance de la région » explique Allaoui.
Les coupures d’eau ont commencé au mois d’octobre. Une période qui coïncide avec la fin de la campagne électorale. « Le PJD, qui dirige le Conseil de la ville, a fait campagne en affirmant que ces coupures avaient pour but de le pénaliser » raconte le président de la section locale à l’AMDH. Contacté par Telquel.ma à plusieurs reprises, le président du Conseil municipal de Tétouan, Mohamed Idomar, n’a pu être joint.
La société chargée de la distribution d’eau dans la région Amendis a, elle, expliqué dans un communiqué que cette situation est due à « la faiblesse des précipitations constatées durant ces dernières années» qui «s’est traduite par un niveau particulièrement bas de l’eau dans les barrages qui conduit à une réduction des volumes d’eau mis à disposition quotidiennement par l’ONEE, impactant directement la capacité de stockage des réservoirs d’eau d’Amendis ». Contacté par Telquel.ma, le responsable de la communication d’Amendis, Samir Tribak, n’a pas donné suite à nos sollicitations. En attendant, les habitants n’ont aucune visibilité sur l’évolution de la situation.
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