Alors que la campagne présidentielle américaine touche à sa fin, un nouveau scandale concernant l’un des deux candidats fait surface. Cette fois-ci, c’est la candidate démocrate, Hillary Clinton, qui est visée à travers son ONG, la Clinton Foundation, qui est soupçonnée d’avoir reçu 12 millions de dollars de la part du roi Mohammed VI.
Qu’est ce qui est reproché à Hillary Clinton ?
Selon le site d’information américain The Daily Caller, fondé par l’ancien journaliste de Fox News Tucker Carlson, Hillary Clinton s’est « arrangée pour obtenir un don de 12 millions de dollars de la part du roi du Maroc Mohammed VI » afin de financer son ONG, la Clinton Fondation. Afin d’obtenir ce don, la même source affirme que la candidate démocrate a accepté d’organiser l’édition 2015 de l’événement annuel de la Clinton Foundation, la Clinton Global Initiative (CGI) au Maroc. Pour rappel, l’événement s’est tenu au Palmeraie Golf Palace de Marrakech du 5 au 7 mai 2015
Pour le site d’information de la chaîne américaine CNN, c’est en échange de la participation d’Hillary Clinton à l’événement que la Clinton Foundation aurait obtenu ce don.
Quelle est la base de ces reproches ?
Le 20 octobre, le site Wikileaks publiait deux mails issus d’une fuite provenant de l’adresse mail du directeur de campagne d’Hillary Clinton John Podesta. Selon CNN, qui n’a pu authentifier ces courriers électroniques, l’équipe de campagne d’Hillary Clinton a « refusé de vérifier l’authenticité de ces emails » mais n’a « pas contesté la validité d’autres emails fuités par Wikileaks ».
Le premier des deux mails est écrit par Huma Abedin, conseillère et vice-présidente de la campagne présidentielle de l’ancienne Secrétaire d’état et est adressé au gestionnaire de sa campagne présidentielle, Robby Mook. Dans cet email, qui a pour objet FYI CGI Africa (Pour votre information, Clinton Global Initiative Afrique, en français), Huma Abedin note que « les Marocains ont accepté d’organiser l’événement à condition qu’elle (Hillary Clinton, ndlr) participe à l’événement ».
Dans ce même email il est également écrit que l’organisation de l’édition 2015 de la CGI au Maroc était « l’idée de HRC (Hillary Rodham Clinton, ndlr). Nous avons approché les Marocains et ils croient à 100% qu’ils font ça à sa (Hillary Clinton, ndlr) demande. Le roi s’est personnellement engagé à hauteur de 12 millions de dollars ». Une somme supposément reversée au titre de « don et de soutien à l’événement ».
En réponse au courrier d’Huma Abedin, Robby Mook se contente de répondre certains des « problèmes » évoqués par la conseillère ont fait l’objet de discussions entre Hillary Clinton et John Podesta.
Hillary Clinton a-t-elle participé à l’édition 2015 de la CGI ?
La candidate démocrate aux élections présidentielles américaines n’a pas participé à l’édition marrakchie de l’évènement annuel de la Clinton Foundation. C’est son mari, et ancien président américain, Bill Clinton qui était la tête d’affiche de l’évènement. Leur fille Chelsea Clinton a également pris part à l’édition 2015 de la CGI.
Est-ce la première fois que l’organisation de la CGI au Maroc fait débat ?
Non. En 2015, le site d’information Politico affirmait que « la Clinton Foundation avait reçu une importante donation provenant d’une entreprise publique marocaine en vue d’organiser une conférence à Marrakech ». Selon la même source, la participation d’Hillary Clinton à cette conférence « était prévue ». D’après Politico, l’organisation de l’événement était largement « financée par une contribution d’au moins un million de dollars provenant de l’OCP ». Lors de la publication de cet article par Politico, Hillary Clinton n’était pas encore candidate à la présidentielle américaine.
L’OCP a-t-elle financé la Clinton Foundation ?
Officiellement oui. Lorsque l’on consulte la page des donateurs de la Clinton Foundation on peut retrouver le nom de l’« OCP Corporation » au rang des entreprises, individus ou gouvernements ayant donné entre cinq et dix millions de dirhams à l’ONG fondée par Bill et Hillary Clinton. Aucune précision n’est communiquée concernant l’utilisation de ce don. Contactée par Telquel.ma, une source au sein de l’OCP affirme que l’entreprise« a l’habitude de travailler avec des partenaires tels que l’Atlantic Council, le German Marshall Fund, ou la Clinton Foundation sur des projets dont l’approche et la vision nous est commune. Il se trouve que la Clinton Foundation s’investit comme l’OCP, et avec succès, dans l’appui et le soutien à l’agriculture en Afrique. A titre d’exemple, cette fondation a un impact positif sur s plus de 150 000 agriculteurs est-africains en leur permettant d’améliorer significativement la productivité et le rendement de leurs exploitations. OCP partage ces objectifs et s’est investi depuis longtemps de la même manière ».
Le partenariat liant l’OCP au think-tank américain German Marshall s’était traduit par l’organisation des Atlantic Dialogues dont la troisième édition s’était tenue à Marrakech en octobre 2014. Lors de l’édition 2015 de la CGI, l’OCP s’était éngagé à « contribuer à la prospérité des petit paysans en Afrique » à travers la formation d’ « une nouvelle unité fonctionnelle clé dédiée à l’augmentation de la productivité et des revenus de 100 000 petits exploitants dans des zones agricoles choisies dans six pays d’Afrique. Dans le cadre de cet engagement, OCP développera un mélange d’engrais hautement diversifié à destination des petits exploitants africains, en leur proposant une formule contenant les nutriments spécifiques dont ceux-ci ont besoin pour assurer de meilleures récoltes et cultiver des sols de meilleure qualité, et ainsi améliorer la productivité » peut-on lire dans un communiqué publié par la Clinton Foundation à l’issue de l’événement.
L’OCP n’est pas la seule entreprise marocaine à avoir financé la Clinton Foundation. Au rang des donateurs ayant offert entre 500 000 et un million de dollars américains à l’ONG américaine figurent le groupe Akwa, dirigé par le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch, ainsi que la CGEM . Des don destinés « exclusivement aux activités de la CGI comme les adhésions, le parrainage et les frais de conférence » indique le site de la Clinton Foundation. Les banques BMCE et Crédit Agricole du Maroc ont, elles aussi, contribué aux finances de l’ONG avec des dons estimés entre 250 000 et 500 000 dollars eux aussi destinés aux activités de la CGI. Attijariwafa Bank, filiale de la holding royale SNI, et la Banque centrale populaire ont, elles, donné entre 100 001 dollars et 250 000 dollars à la Clinton Foundation pour les mêmes raisons.
Le roi Mohammed VI ne figure pas dans la liste des donateurs de la Clinton Foundation.
Dans quelle contexte ces révélations ont elles lieu ?
Le 8 novembre prochain les Américains se dirigeront vers les urnes pour désigner leur 45e président ce qui signifie que la campagne présidentielle touche à sa fin. Une campagne émaillée par les scandales concernant les deux principaux candidats à ces élections, la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, qui se sont mutuellement accusés d’être influencés par des « puissances étrangères ».
Suite aux révélations de Wikileaks, le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis a déclaré : « Nous venons juste d’apprendre qu’elle (Hillary Clinton, ndlr) vient d’essayer de prendre 12 millions de dollars au roi du Maroc pour une apparition (lors d’un évenement, ndlr) ». Lors de son intervention, Trump a également utilisé l’expression « more pay for play » , qui désigne les situations durant lesquelles de l’argent est échangé contre des services.
L’ancienne chef de la diplomatie américaine a fait l’objet de nombreuses critiques venant du camp républicain concernant les dons effectués par plusieurs monarchies du Golfe, parmi lesquelles l’Arabie saoudite, à l’ONG qu’elle a créée. En 2015, un don du gouvernement algérien à la Clinton Foundation datant de 2010 avait fait débat car celui-ci n’avait pas été validé par le département d’Etat américain. Officiellement, ce don, d’un montant de 500 000 dollars avait été accordé pour le financement d’activités de la Clinton Foundation à Haïti suite au tremblement de terre qui avait touché le pays selon le porte-parole de l’ONG.
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