« Moga ? Ah ! Mogadougou ! Dekchi dyal hippie, yak ? ». Au check-point qui mène au complexe touristique Takniwine, à treize kilomètres des remparts d’Essaouira, le policier est sceptique. Il semble interloqué par le flot de voitures et mini-bus bondés qui se suivent, tard dans la nuit noire, et s’enfoncent dans les terres sur les hauteurs de la cité des Alizés. Du 14 au 16 octobre, le resort Takniwine, habitué à accueillir des cars de touristes allemands, était le théâtre de la première édition du festival de musiques actuelles et d’arts digitaux : Moga.
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Pour les non-initiés, il y a de quoi, à l’image de notre agent des forces de l’ordre, être interloqués. Un festival de musiques électroniques, à première vue, ça peut ressembler à une horde de zombies qui se muent en cadence devant un gourou aux platines. Et pour les initiés, il y avait aussi de quoi être, a priori, sceptique. Car lors d’une première édition, on essuie les plâtres. D’autant que les dernières semaines ont été compliquées pour les organisateurs du festival, la société française Panda Events, associée au DJ et producteur marocain Abdeslam Alaoui, a.k.a Daox. Partenaires qui reviennent sur leurs engagements, ventes de places timides, autorisations administratives refusées… À une semaine de l’évènement, il a fallu se résoudre à abandonner le projet d’installer une scène à la Sqala, sur les remparts.
Qu’importe. Il reste les pool parties au Sofitel tous les après-midi, et les trois scènes, pour trois ambiances à Takniwine, le soir venu. Au Sofitel, autour de la piscine à débordement, ça chill au soleil, et ça danse sur les planches de l’immense terrasse au son du label anglais Half Baked. Le scepticisme n’est plus qu’un lointain souvenir. Bonne humeur, euphorie générale et bras en l’air. Changement radical d’ambiance pour les politologues Mohamed Tozy, Nabil Mouline et le journaliste Abdellah Tourabi, descendus au Sofitel pour le Forum méditerranéen des jeunes leaders, où ils intervenaient sur des sujets tels que « la radicalisation en islam », à Essaouira aux mêmes dates.
Lorsque le ciel rosit et que le soleil disparait derrière les bunkers du golf, on troque le maillot de bain pour une petite laine, et direction Takniwine. Les festivaliers évoluent alors entre la scène principale, bien plus remplie que prévue, la scène « Forest », au milieu des oliviers, et la « Pool stage », autour de la piscine chauffée. Trois scènes pour trois ambiances, et varier les plaisirs en fonction des humeurs. C’est de la musique électronique, c’est répétitif quand on n’est pas habitué. Mais les DJ de haut niveau qui se succèdent aux platines leur donnent toute la nuance nécessaire pour ne pas voir le temps passer. Tantôt véloces, tantôt smooth, toujours intenses, les décibels provoquent déhanchés, sourires et mouvement de tête. Le soin particulier accordé aux éclairages et lasers confère au tout une ambiance futuriste. Et puis, d’un coup d’un seul, comme si quelqu’un avait trébuché sur la prise d’alimentation, les baffles se taisent. Les lumières se rallument. C’est fini. Eh oui, à 4 heures du matin, Moga dort, car le lendemain et le surlendemain, il faut remettre ça. L’année prochaine aussi, pour une seconde édition à présent rodée.
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