Matthew a faibli un peu le 6 octobre au soir – il est désormais catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson qui en compte 5 – mais il « reste extrêmement dangereux », a mis en garde le centre américain de surveillance des ouragans (NHC).
Il a semé la désolation en Haïti où il a fait des dizaines voire des centaines de morts, en début de semaine, selon des bilans encore partiels. Il a aussi provoqué des dégâts matériels importants en République dominicaine, à Cuba et au Bahamas. Un pouvoir destructeur qui a poussé les autorités américaines à appliquer avec vigueur le principe de précaution.
Matthew, qui remonte vers le nord, se trouvait à seulement 90 km de Melbourne, au sud d’Orlando et à quelque 105 km de Cap Canaveral, le mythique site de lancement de la Nasa, vendredi matin vers 7 heures GMT.
« C’est le plus puissant ouragan touchant cette zone (la Floride) depuis des décennies », selon le NHC. Il y a « un risque d’inondations meurtrières » en Floride, Géorgie et Caroline du Sud, a mis en garde le NHC. Dans ces trois Etats, le président Obama a déclenché un plan d’urgence fédéral, permettant de mobiliser davantage de ressources.
L’ouragan qui se déplace à 20km/h devrait « passer près ou au-dessus de la côte est de la péninsule de la Floride jusque dans la nuit de vendredi ». La puissante dépression a fait au moins 122 morts lors de son passage en Haïti, selon le ministère de l’Intérieur. Mais ce bilan est contesté par un sénateur du département Sud, le plus touché par Matthew.
Hervé Fourcand affirme qu’il y a « plus de 300 morts » dans son seul département selon un bilan encore partiel. Un média local, Radio Télévision Caraïbes, avait rapporté jeudi soir qu’au moins 264 personnes avaient été tuées. Ces bilans risquaient de s’alourdir encore étant donné les ravages constatés dans le sud-ouest du pays, notamment à Jérémie où « 80% des bâtiments ont été rasés », selon l’ONG Care.
La ville d’environ 30 000 habitants « est complètement détruite », a affirmé Jean-Michel Vigreux, directeur de Care Haïti, cité dans un tweet. La ville côtière de Les Cayes plus au sud, troisième localité d’Haïti, a été tourmentée pendant de longues heures par la tempête. « J’ai vu la mort en face », a assuré à l’AFP une habitante, Yolette Cazenor, dont la maison a été coupée en deux par un tronc d’arbre. Les zones touchées de plein fouet restaient toujours difficiles d’accès après le passage de Matthew en début de semaine. Très vulnérable aux aléas climatiques et peinant encore à se relever du séisme de 2010, Haïti craint en outre la résurgence du choléra.
Le gouverneur de Floride a choisi un ton très alarmiste – son « n’allez pas sur les plages ! Vous serez tué » a fait mouche sur les chaînes d’information- pour vaincre les réticences des habitants à aller se réfugier à l’intérieur des terres. Devant ces injonctions, le comté de Volusia sur la côte est de la Floride et la ville de Daytona Beach, où se trouve un célèbre circuit automobile, a décrété un couvre-feu à partir de 4 heures GMT vendredi, selon les pompiers de la ville.
Plus de 1,5 million d’habitants ont été appelés à évacuer dans l’Etat, où quelque 3 500 militaires de la Garde nationale sont mobilisés, 4 000 gardes supplémentaires étant en alerte. Mais certains habitants n’ont pas obtempéré. Judy Ruscino, 74 ans, explique que son mari et elle se sont mis à l’abri dans leur garage à Daytona Beach. « Les gens n’ont pas l’air de comprendre et ne partent pas », a déploré le shérif du comté de Martin (Floride) William D. Snyder. « Je ne dis pas ça pour être dramatique… J’ai demandé à mon détective en chef s’il avait des housses mortuaires parce que si des terrains de mobile-homes sont frappés par des vents de 225 km/h, on va avoir des morts », a-t-il dit à NBC. Mesure rarissime, le géant du divertissement Disney a ordonné jeudi la fermeture de tous ses parcs d’attraction en Floride à partir de la fin d’après-midi jusqu’à vendredi. L’aéroport d’Orlando a fermé en début de soirée, selon les autorités.
En Caroline du Sud, déjà frappée en 2015 par de graves inondations, plus d’un million de personnes ont reçu l’ordre de s’éloigner des côtes. En quelques heures, la station balnéaire populaire de Myrtle Beach s’est ainsi vidée de ses occupants. « Hier, cet endroit était rempli de monde et en venant aujourd’hui on s’est dit : ‘Oh mon Dieu, il n’y a personne ‘ », constatait Kelly Allmendinger dont la famille prévoyait de passer la tempête recluse, après avoir fait des provisions. La Géorgie a elle aussi donné l’ordre d’évacuer six comtés de son littoral. Matthew devrait frapper ses côtes samedi.
A l’est de Matthew, la dépression Nicole est devenue un ouragan jeudi. Il est passé en catégorie 2 dans la soirée avec des vents soufflant jusqu’à 165 km/h mais ne menaçait pas de terres habitées, selon le dernier bilan disponible du NHC, à 3 heures GMT.
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