À Rabat, la FGD accuse Benkirane de faire le jeu du «tahakoum»

Nabila Mounib, Mohammed Sassi et Omar Balafrej ont rassemblé plusieurs centaines de sympathisants FGD à Rabat. Objectif : Se positionner comme une alternative au PJD et au PAM.

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Crédit Rachid Tniouni

L’entrée du théâtre Allal El Fassi à Rabat est exceptionnellement bondée en cette fin d’après-midi du 4 octobre. Pour cause : La tenue du meeting de la Fédération de la gauche démocratique (FGD, regroupant trois partis le PSU, le CNI et le PADS) mené par le duo Nabila Mounib-Omar Balafrej, pour qui le lieu représente tout un symbole. En 2015, les deux visages médiatiques de l’alliance de gauche y avaient tenu un meeting lors la campagne des élections locales, durant lesquelles le FGD avait créé la surprise en emportant neuf sièges dans l’arrondissement d’Agdal Ryad et quatre dans le conseil de la ville.

Accueil de rock star

Il est 17 heures et aux abords de salle, les militants de la Fédération, mais aussi les simples curieux, discutent des dernières évolutions de la campagne électorale, tandis que certains membres de l’alliance se félicitent du travail déjà accompli. Devant la salle se mêlent étudiants, jeunes professionnels, anciens membres du Mouvement 20-Février. Sont également présents quelques « célébrités » comme le militant amazigh Ahmed Assid, l’historien Maâti Monjib ou encore l’économiste Fouad Abdelmoumni. On retrouve même un militant d’Annahj Addimocrati, dont le parti boycotte pourtant les élections, venu « soutenir nos alliés malgré les divergences sur la participation au scrutin ».

Crédit Rachid Tniouni
Crédit : Rachid Tniouni

Nous entrons ensuite dans la salle où l’ambiance est, pour le moment, calme. La leader de la Fédération , Nabila Mounib est retenue par un entretien accordé au site d’informations Hespress. Après 30 minutes d’attente, elle apparaît dans la salle. « Salutations militantes pour la leader de la gauche ! » scande la salle sous les crépitements des flashs des journalistes. Sur fond de musique de Marcel Khalifa, Nabila Mounib ainsi que les candidats r’batis de la Fédération, Omar Balafrej et Mohamed Sassi, sont accueillis comme des rockstars.

La salle, qui dispose d’une capacité d’accueil de 400 personnes, devient incapable de contenir les quelque 900 personnes venues assister au meeting. Les drapeaux de la FGD et programmes s’agitent. Nabila Mounib commence son discours en remerciant Abdellah Hammoudi, présent dans la salle, pour la lettre signée par 100 personnalités ayant déclaré leur soutien à Nabila Mounib et la FGD. La leader de l’alliance enchaîne ensuite sur le programme du FGD qui est, selon elle, « le plus fort et le plus courageux » et dénonce l’hypocrisie de certains partis qui « ont détruit l’école publique et viennent la défendre dans leurs programmes ». Elle dénonce également la cherté du logement social, concédé à 250 000 dirhams, et dont la construction « coûte entre 70 000 et 80 000 dirhams seulement ». Avant de lancer une pique envers ceux considérés favoris du scrutin : « Nous sommes en train d’édifier une troisième voie contre les mercenaires de la religion et les trafiquants de drogue ».

Crédit Rachid Tniouni
Crédit : Rachid Tniouni

Un plan Marshall pour l’enseignement

Omar Balafrej prend ensuite la parole et expose sans façon les objectifs de la Fédération. Ambition annoncée : Remporter un siège dans la circonscription de Rabat-Océan , qui en compte quatre, et « quinze sièges au niveau national ». Au minimum, l’alliance souhaite pouvoir former « un groupe parlementaire » enchaîne Omar Balafrej qui avait fait campagne dans la capitale durant les élections locales en 2015. « Contrairement à la première campagne, les citoyens commencent à nous connaître. Sur les 28 000 maisons visitées par les tournées porte-à-porte, presque une maison sur deux reconnaît Nabila Mounib, et un peu moins moi-même. On est accueilli avec beaucoup de sympathie. Beaucoup de gens qui ne votaient pas avant comptent voter pour nous ».

Crédit Rachid Tniouni
Crédit : Rachid Tniouni

Le leader du mouvement Clarté Ambition et Courage livre ensuite sa vision du programme de la FGD. « Quand on revendique la démocratie, ce n’est pas une fin en soi, mais parce que c’est le meilleur système qu’ait trouvé l’humanité afin d’atteindre le développement ». S’agissant de l’éducation Balafrej est sans ambages : « Il ne faut pas considérer le secteur de l’éducation comme les autres. Il nous faut un plan Marshall pour l’éducation ».

Crédit Rachid Tniouni
Crédit : Rachid Tniouni

Benkirane accusé de servir le tahakoum

Mohamed Sassi, militant respecté du PSU, prend ensuite la parole sous les clameurs de la salle. Il se lance tout d’abord dans une critique acerbe contre Abdelilah Benkirane « Benkirane se plaint maintenant du tahakoum. Mais que faisait-il pendant ces cinq dernières années ? Servir le tahakoum. Ne nous dites pas que vous y avez été contraint. Nous en avons assez des Chefs du gouvernement qui passent cinq ans au gouvernement et se plaignent du fait qu’on ne les ait pas laissé travailler ». Pour rappel, en 1997, le candidat de la FGD faisait partie d’un courant au sein de l’USFP qui refusait l’entrée d’Abderrahman Youssoufi dans le gouvernement d’alternance, craignant qu’il ne dispose de ses prérogatives pour exercer le pouvoir.

Sassi reproche également à Benkirane son attitude vis-à-vis du 20-Février. « Les jeunes du mouvement que vous avez diabolisés sont sortis contre le tahakoum. Quand vous avez cherché à les affaiblir, vous l’aviez servi ».

Sassi, en rassembleur, a terminé son discours en appelant à fonder une nouvelle alternative. « Nous sommes en train de créer quelque chose de beau, une nouvelle offre politique dans le pays. Dans les cinq prochaines années, il faut qu’un nouveau parti soit créé. La FGD est une base parmi d’autres pour arriver à ce but. Sans doute nous avons laissé derrière nous des militants dans l’USFP qui ne sont pas d’accord avec la ligne officielle du parti et qui refusent l’alliance avec le PAM. À ceux-là, notre main est tendue. »

Nizar Bennamate avec Anne-Myriam Abdelhak

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