Plus de 6000 migrants secourus en mer au large de la Libye

Plus de 6000 migrants ont été secourus lundi 3 octobre, au large de la Libye. L'un des chiffres les plus élevés de l'année.

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Patera
Des migrants clandestins dans une embarcation pneumatique dans le détroit de Gibraltar. Image d'illustration. Crédit: AFP / Marcos Moreno Crédit: AFP / Marcos Moreno

Environ 6 055 migrants, l’un des chiffres les plus élevés de l’année, ont été secourus mais neuf ont trouvé la mort au large de la Libye lundi, jour du 3e anniversaire du terrible naufrage de Lampedusa, à l’origine d’une mobilisation européenne.

Les migrants étaient entassés à bord de 39 embarcations, essentiellement des canots pneumatiques mais aussi cinq bateaux de pêche avec plusieurs centaines de personnes à bord et deux radeaux, quasiment tous récupérés à 30 milles nautiques au large de Tripoli.

Des navires militaires italiens et européens ainsi que des bateaux humanitaires comme ceux de Médecins sans Frontières (MSF), SOS Méditerranée, Save the Children, Sea-Eye ou encore l’Astral des Espagnols de ProActiva Open Arms ont participé aux sauvetages.

Dès avant l’aube, plusieurs de ces navires privés ont été appelés au secours de 720 migrants, dont 198 mineurs voyageant presque tous seuls, serrés sur le pont et dans la cale d’un bateau de pêche de 15 à 20 mètres de long, a constaté un photographe de l’AFP à bord de l’Astral.

«Pendant des heures, à chaque fois que des personnes étaient transbordées du pont vers nos canots de sauvetage, il en sortait autant de la cale. C’était inimaginable !», a témoigné Yohann Mucherie, coordinateur de l’équipe de sauvetage de SOS Méditerranée, dans un communiqué.

Un peu plus loin, le Dignity de MSF est arrivé au secours d’un canot dont de nombreux passagers étaient déjà à l’eau. «Ils étaient sur le point de se noyer. Cela a été un moment horrible», a raconté dans un communiqué Nicolas Papachrysostomou, coordinateur MSF.

Beaucoup de personnes ont souffert de brûlures dues au carburant, dont les effets sont redoutables sur la peau quand il est mêlé à l’eau de mer. Une évacuation médicale a été nécessaire pour deux femmes et un enfant de 8 ans grièvement brûlés, mais l’une des deux femmes, enceinte, est décédée avant l’arrivée de l’hélicoptère, a rapporté MSF.

Les garde-côtes n’ont donné aucune précision sur les huit autres décès. Mais les dangers de ces embarcations surchargées sont tels que quelques heures de navigation peuvent être fatales: asphyxie par émanations de carburant ou dans une cale, hypothermie, déshydratation, brûlures…

Un responsable des garde-côtes libyens a indiqué pour sa part que deux enfants et neuf femmes ont péri lundi lorsqu’une petite embarcation avec à son bord des migrants à destination de l’Italie a chaviré au large des côtes libyennes.

Cette année plus que les précédentes, les départs de migrants depuis la Libye se font par vagues successives, avec une concentration d’opérations lorsque la mer est calme. Le 30 août, les garde-côtes italiens avaient ainsi compté 6.500 migrants secourus en une journée.

Cette intense activité en mer, après plusieurs semaines de calme relatif, coïncide avec l’anniversaire du naufrage de Lampedusa, quand, le 3 octobre 2013, une embarcation avait pris feu et coulé tout près de l’île italienne: 366 corps avaient été récupérés.

Les images des cercueils alignés avaient poussé l’Italie à lancer la vaste opération de secours Mare Nostrum, qui a cédé la place un an plus tard à un dispositif européen étoffé peu à peu et auquel s’ajoutent désormais les navires humanitaires privés.

Ces efforts n’ont cependant pas pu empêcher la mer Méditerranée d’engloutir depuis plus de 11.400 migrants, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

En mars 2015, l’Italie a adopté une loi faisant du 3 octobre la «journée nationale de la mémoire et de l’accueil» en hommage à ces migrants décédés. A Lampedusa, 200 jeunes Européens ont accompagné lundi matin des survivants du naufrage et des proches de victimes dans une marche commémorative.

Depuis ce naufrage, l’Italie a vu arriver plus de 467.000 migrants, dont 132.000 cette année. Si les Syriens ont représenté jusqu’à un tiers de ces migrants, les nouveaux arrivants viennent d’Afrique subsaharienne.

A partir du printemps 2015, le flux des Syriens s’est en effet déplacé vers la route balkanique, avant d’être stoppé par l’accord signé en mars entre la Turquie et l’Union européenne. Lundi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a cependant reproché à l’UE de tarder à verser les 3 milliards d’euros prévus.

Parallèlement, l’UE a annoncé être parvenue à un « arrangement » avec l’Afghanistan pour faciliter le retour des Afghans déboutés du droit d’asile.

L’Italie, dont les centres d’accueil sont débordés, souhaite voir ces accords se multiplier, mais répète qu’il est impossible de faire le tri en pleine mer: « Nous ne savons pas s’ils sont réfugiés ou non quand nous les sauvons, mais nous savons que nous devons les sauver », a déclaré à Lampedusa le ministre de l’Intérieur, Angelino Alfano.

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