Le cabinet américain McKinsey Global Institute a publié le 15 septembre la deuxième édition de son rapport « Lions on the Move II : Réaliser le potentiel des économies africaines », six ans après la première édition. Selon le nouveau rapport, la croissance des onze économies qui représentent 60 % du PIB africain, notamment les pays exportateurs de pétrole et les pays nord-africains (Égypte, Libye et Tunisie) s’est fortement ralentie. En revanche, les autres économies ont, quant à elles, accéléré leur taux de croissance annuel, qui est passé de 4,1 % en 2000-10 à 4,4 % en 2010-15. « Le tableau d’ensemble reste positif et le FMI prévoit que l’Afrique deviendra la deuxième région mondiale en termes de croissance d’ici 2020 », note le rapport.
Quatre facteurs économiques fondamentaux peuvent expliquer la croissance économique africaine selon le cabinet américain. Le document énonce d’abord un taux d’urbanisation décrit comme le plus rapide au monde. Au cours des dix prochaines années, 187 millions d’Africains de plus vivront en ville, soit l’équivalent de la moitié de la population américaine d’aujourd’hui. De même, le continent comptera la plus grande population en âge de travailler au monde, soit 1,1 milliard de personnes en 2034 (un nombre plus élevé que celui de la Chine ou de l’Inde). Autre facteur évoqué, les ressources naturelles essentielles. En effet, le continent regorge de 60 % de la surface agricole utile encore non utilisée dans le monde, ainsi que réserves considérables de vanadium, de manganèse et d’autres minerais.
La technologie, facteur essentiel de développement
McKinsey cite le potentiel d’une révolution technologique accélérée, notamment les technologies mobiles et numériques, avec une pénétration des smartphones prévue à 50 % en 2020 contre 18 % en 2015. « Ces facteurs devraient contribuer à accélérer considérablement la croissance de la consommation et des chaînes d’approvisionnement des entreprises et offrir la possibilité de développer de grandes entreprises industrielles et de service rentable », explique Acha Leke, associé principal chez McKinsey et co-auteur du rapport dans un communiqué.
Les possibilités de croissance des économies africaines passent donc par les dépenses des ménages et des entreprises africaines, qui sont évaluées actuellement à 4 000 milliards de dollars. « D’ici à 2025, elles pourraient atteindre 5 600 milliards de dollars », estime McKinsey. Les dépenses des entreprises devraient, quant à elles, passer de 2 600 milliards de dollars en 2015 à 3 500 milliards de dollars d’ici 2025, tandis que la production manufacturière devrait doubler à 930 milliards de dollars.
L’activité entrepreneuriale, un atout indéniable
Les trois quarts de ce développement pourraient être générés par les entreprises basées en Afrique, qui répondent à la demande en pleine expansion du marché africain. « Aujourd’hui, l’Afrique importe un tiers des produits alimentaires, des boissons et des produits transformés similaires qu’elle consomme. Le quart restant de la croissance pourrait venir d’une augmentation des exportations », fait remarquer le cabinet.
Pour tirer le meilleur parti de ces opportunités, « l’Afrique a besoin de plus de grandes d’entreprises », signifie le rapport. La nouvelle base de données dont dispose le cabinet indique que le continent compte 700 entreprises générant des revenus de plus de 500 millions de dollars, dont seulement 400 réalisent plus de 1 milliard de chiffre d’affaires. « Les grandes entreprises africaines se développent plus rapidement et sont généralement plus rentables que les entreprises internationales équivalentes », précise McKinsey.
Selon McKinsey, les 100 principales entreprises africaines ont réussi à prendre des positions dominantes sur leurs marchés domestiques, « en développant leurs activités sur plusieurs décennies, en intégrant ce que d’autres entreprises auraient tendance à sous-traiter, en investissant dans les infrastructures et en fidélisant les talents ».
Ce que McKinsey préconise
Le cabinet américain ne se contente pas d’évaluer la situation économique du continent. Il émet des recommandations qui favoriseraient l’essor économique du continent. Ainsi, « pour prospérer dans le secteur commercial, les entreprises devront offrir des produits et mettre en place des équipes de ventes capables de cibler un secteur privé relativement fragmenté », indique Acha Leke.
Des secteurs comme le commerce de gros et de détail, les aliments et la transformation des produits agricoles, la santé, les services financiers, l’industrie légère et la construction « sont les six secteurs à haut potentiel caractérisés par une forte croissance, de bons rendements et un faible taux de consolidation, présente des opportunités additionnelles de croissance », spécifie le cabinet.
Cependant, les entreprises ne sont pas les seules invitées à accomplir des efforts. « Ce que notre étude montre également c’est le niveau d’effort que doivent fournir aussi bien les entreprises que les gouvernements africains pour traduire ces opportunités en avantages économiques tangibles », a ajouté l’associé principal chez McKinsey.
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