Mohamed Benchaâboun: « Nous espérons que le prochain gouvernement fera de l’économie une priorité »

Bon cru pour BCP au premier semestre 2016. En dépit d’un contexte marqué par la décélération du crédit, le groupe arrive à sortir son épingle du jeu, faisant état d’une bonne situation financière.

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Mohamed Benchaâboun Crédit: DR

En marge de la présentation des résultats semestriels de BCP, organisée mardi 6 septembre, le président directeur général, Mohamed Benchaâboun, revient dans cette interview accordée à Telquel.ma sur les réalisations de l’établissement de crédit. Malgré une conjoncture défavorable, le Produit net bancaire (BNP) s’est apprécié de 5,5%, à 8,1 milliards de dirhams. Le résultat net part du groupe (RNPG) emprunte le même trend haussier, en enregistrant une croissance significative de 13% pour s’établir à 1,4 milliard de dirhams. Cette croissance est principalement soutenue par l’impact de la réforme institutionnelle.

Telquel.ma: Comment expliquez-vous l’embellie de vos performances malgré la baisse des crédits et la conjoncture économique difficile ?

Mohamed Benchâaboun: Le groupe a effectivement enregistré de bons résultats dans l’ensemble, malgré la baisse des marges d’intermédiation (collecte de dépôts et distribution des crédits) et la constitution de provisions sur les créances en souffrance, relativement importantes. Le produit net bancaire, qui provient de l’activité de crédit, a été affecté par la baisse des marges d’intermédiation. Cette baisse, nous l’avons compensée en grande partie par le volume qui reste relativement modeste. L’activité d’intermédiation a eu néanmoins un impact limité sur le PNB puisque cette branche n’a baissé que 1%. Nous avons également compensé cette légère baisse par une évolution très importante des activités de marché et des marges sur les commissions bancaires. Résultat : Nous avons enregistré des croissances à deux chiffres au niveau de ces deux compartiments de manière que, globalement, le PNB au premier semestre ait pu croître de 5,5% par rapport à l’année dernière.

Les réalisations du continent sont-elles toujours meilleures que celles réalisées par le marché local ?

Quand on regarde l’activité de d’intermédiation, c’est-à-dire tout ce qui concerne la collecte des ressources d’un côté et la distribution des crédits de l’autre, au Maroc, nous avons eu des croissances de l’ordre de 2% alors qu’en Afrique, l’évolution était de 15% en ce qui concerne les dépôts, et de plus de 20% pour ce qui a trait aux crédits. Donc, effectivement, nous sommes dans un rythme de croissance beaucoup plus fort dans les pays d’implantation de notre groupe en Afrique. On peut parler aujourd’hui du continent comme d’un véritable relais de croissance.

Peut-on dire d’emblée que l’année 2016 sera bouclée sous le signe de la performance pour la BCP ?

La pression sur les taux débiteurs restera au même niveau que celui qu’on a observé au premier semestre 2016. Il est donc important pour nous de pouvoir compenser cette baisse par les revenus qui pourraient être générés par les autres activités. Le problème, c’est que l’activité de marché ne pourra pas générer le même niveau de résultat que celui affiché au premier semestre de cette année. Donc, il n’y a qu’une option à prendre en considération pour maintenir le même niveau de performance n’ayant pas la possibilité de développer le PNB au-delà d’un certain niveau. Il s’agit des provisions pour les créances en souffrance, notamment le coût du risque, qui doit baisser. Comme nous avons constitué des provisions importantes au premier semestre 2016, nous pensons que le deuxième semestre connaîtra une baisse importante du coût du risque, ce qui nous permettra de maintenir les résultats au niveau des nos attentes.

Comment appréhendez-vous l’année 2017, sachant que les prévisions de croissance tournent autour de 1% ?

L’année 2017 démarrera avec un nouveau gouvernement. Nous sommes très optimistes quant à l’avènement de la nouvelle équipe. Et nous espérons que cette équipe fera de l’économie une priorité pour le pays parce que sans croissance, on ne peut pas imaginer des emplois. Il est fondamental de faire en sorte que 2017 ne soit pas inscrite simplement dans la continuité de ce que nous avons observé au premier semestre 2016, mais qu’elle soit en rupture positive par rapport à 2016.

Le crédit aux entreprises est à l’arrêt. En tant que banque, quelles sont les démarches envisagées pour redynamiser ce segment ?

Il existe deux cas de figure quand on parle de la branche Corporate : les entreprises qui affichent des difficultés du fait de la conjoncture, et la baisse de l’activité d’un secteur donné. Pour ces cas, le secteur bancaire essaie de trouver tous les moyens adaptés pour accompagner ces entreprises pour qu’elles puissent s’en sortir. Le deuxième cas de figure fait référence aux entreprises qui connaissent des difficultés structurelles. Et c’est ce qui est versé dans les créances en souffrance. Et malheureusement dans ces cas-là, il n’y a pas grand-chose à faire, à part constituer des provisions qui coûtent cher à tout le secteur.

Quels sont les secteurs qui sont aujourd’hui les plus touchés par la crise ?

Nombreux sont les secteurs qui affichent aujourd’hui des difficultés. Il s’agit notamment de la promotion immobilière, le tourisme, les secteurs industriels tels que la métallurgie, les matériaux de construction…

 

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