Le Japon à la recherche d'un nouvel élan en Afrique

Le Japon organise pour la première fois sur le continent africain la Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique. Objectif : ouvrir un nouveau chapitre dans ses relations avec le continent via des investissements de « qualité ».

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Le Japon veut ouvrir un nouveau chapitre dans sa relation avec l’Afrique et compte renforcer sa présence et intensifier ses investissements sur le continent. Un nouveau départ dans les relations nippo-africaines qui sera inauguré lors de la 6e édition de la TICAD, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique les 27 et 28 août. Preuve d’un regain d’intérêt pour le continent, le pays du Soleil levant a décidé de délocaliser pour la première fois cet événement majeur sur le continent, à Nairobi au Kenya, les cinq précédentes éditions s’étant déroulées au Japon. 10 000 personnes (chefs d’État et de gouvernements, chefs d’entreprises, organisations internationales…) sont attendues lors de cet événement. Parmi eux, 4 000 Japonais, dont les dirigeants de 150 entreprises japonaises.

Plus d’investissements en Afrique

« Le Japon a longtemps sillonné l’Afrique pour exporter ses produits. On ne veut plus se contenter d’exporter nous voulons investir davantage. Nos entreprises doivent être plus présentes » a lancé Hiroyuki Ishige directeur général du JETRO, l’Agence japonaise de commerce extérieur lors de la conférence inaugurale organisée le 26 août en prélude à ce sommet intitulé Japan-Africa Business Conference.

En effet malgré « des investissements d’une centaine d’entreprises en Afrique ces trois dernières années » selon Matsumura Yoshifumi ministre japonais délégué de l’Économie et du Commerce, les relations commerciales entre le Japon et le continent africain reste à développer. Leurs échanges commerciaux en 2015 font état de 11,55 milliards de dollars d’importations japonaises de l’Afrique, mais seulement 8,57 milliards de dollars d’exportations nipponnes vers le continent, selon le magazine Jeune Afrique.

Le Japon qui compte donc diversifier sa présence en Afrique mise sur trois axes prioritaires avec un intérêt porté aux plus grands défis auxquels fait face l’Afrique depuis le dernier TICAD en 2013 notamment la baisse des prix des matières premières (pétrole); l’épidémie de maladies infectieuses (Ebola), mais aussi la vague de radicalisation (terrorisme).

Le Japon et la BAD main dans la main

Pour ce faire, le Japon envisage d’investir 30 milliards de dollars (27 milliards d’euros) en Afrique au cours des trois prochaines années, dont un tiers (10 milliards de dollars) seront affectés au développement des infrastructures au niveau du continent, notant qu’il s’agit d’investissements aussi bien publics que privés.

Une collaboration avec la BAD est également prévue. Le Japon et la Banque africaine ont annoncé, un accord de 3 milliards de dollars au profit du développement du secteur privé africain. Ces fonds vont être fournis dans le cadre de la troisième phase de l’Initiative renforcée d’assistance au secteur privé de l’Afrique (EPSA). Pour favoriser également les investissements privés, Akinwumi Adesina le président de la BAD a de son côté promis un soutien de l’institution africaine de « 2 milliards de dollars les 6 prochaines années dans le secteur de l’énergie en Afrique ». Le Japon fournira une allocation supplémentaire d’un montant pouvant atteindre 300 millions de dollars, pour cofinancer avec la BAD des projets aidant les pays d’Afrique à accéder aux meilleures technologies disponibles en matière de combustion propre de charbon et à faibles émissions de carbone.

Notons que le Maroc est le 7e partenaire africain du Japon avec 2,59 % des échanges commerciaux selon Jeune Afrique. Une quarantaine d’entreprises nipponnes sont présentes dans le royaume notamment dans le secteur automobile avec Sumitomo, Yazaki ou encore Fujikura. Elles font parties des premières entreprises créatrices d’emplois privés dans le royaume à l’instar du fabricant de câbles, Sumitomo, qui emploie dans ses huit usines au Maroc 18 000 salariés.

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