Différentes personnalités du milieu de la finance se sont réunies le 21 juillet au siège de l’OCP Policy Center, à Rabat, pour aborder le sujet des investissements durables.
Plusieurs acteurs du secteur financier, des économistes, des représentants d’institutions publiques et de la COP22 étaient à Rabat jeudi 21 juillet pour aborder le thème de la finance climatique. Le workshop « Unlocking Capital Markets in the South for the Climate Transition », co-organisé par le comité scientifique de la COP22 et l’OCP Policy Center a réuni, notamment, le président du comité scientifique de la COP22 Nizar Baraka, le directeur général de la bourse de Casablanca, Karim Hajji, le co-directeur du programme des Nations Unies pour l’environnement, Nick Robins, la présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux, Nezha Hayat et la responsable du département de la surveillance de Bank Al Maghrib, Ghita Tahiri Joutei.
Le terme de finance climatique fait référence à tous les investissements, publics ou privés, et les réglementations qui contribuent à lutter contre le changement climatique et à assurer la transition vers une économie durable. Dès 2009, lors de la Conférence sur le climat de Copenhague, les pays industrialisés se sont fixé l’objectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour soutenir les activités durables. L’année dernière, la COP21 à Paris a été l’occasion pour différentes institutions financières d’établir des principes communs, dans le sens d’une finance plus verte. Mais dans les faits, la barre des 700 à 1 000 milliards de dollars d’investissement visée en 2009 n’a pas été atteinte et la mise en place d’une réglementation claire dans ce domaine peine à voir le jour.
Les limites des obligations vertes
Toutes les personnalités présentes au siège de l’OCP Policy Center étaient sur la même longueur d’onde : les institutions financières doivent aller au-delà du simple déblocage de fonds et s’accorder pour mettre en place une nouvelle réglementation et de nouveaux mécanismes financiers. Parmi les outils novateurs abordés, les obligations vertes ont beaucoup de succès. Il s’agit d’un emprunt obligataire classique, excepté qu’il doit orienter les investisseurs vers des projets « durables », c’est-à-dire compatibles avec la protection de l’environnement et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le problème, c’est qu’il n’existe à ce jour pas de critères clairement établis permettant de définir ce type d’investissement. « On a, en effet, besoin d’une plus grande transparence sur la nature des investissements et d’établir une sorte de guide des bonnes pratiques » affirme Nick Robins du programme des Nations Unies pour l’environnement.
Quel rôle pour le Sud ?
L’autre problématique soulevée lors de ce workshop pré-COP22 est la nécessité pour les pays du Sud de développer des institutions financières capables de proposer leurs propres réglementations et investissements durables, plutôt que de dépendre des fonds débloqués par les pays du Nord. Selon Didier Loukakou, membre de la Commission de surveillance du marché de l’Afrique centrale (COSUMAF), qui réunit le Cameroun, la Centrafrique, le Tchad, le Congo, la Guinée équatoriale et le Gabon, les pays qu’il représente devraient participer aux différents accords sur la finance climatique. D’autant que de nombreux investisseurs privés africains ont recours à des obligations vertes. « Les responsabilités doivent cesser d’être vues comme différenciées entre pays développés et pays en développement, nous partageons la même planète » assure le docteur en droit.
À l’approche de la COP22, qui a lieu en novembre, rien n’a été encore entrepris pour initier un véritable changement de paradigme dans le secteur financier pour inclure davantage le Sud. Mais les organisateurs espèrent que la Conférence sur le climat de Marrakech sera celle de l’entrée en vigueur des différents accords signés.
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