Quatre constructeurs de camions écopent d'une amende de 2,93 milliards d'euros

Les constructeurs de camions Daimler, DAF, Volvo-Renault Trucks et Iveco ont écopé le 19 juillet une amende de 2,93 milliards d'euros pour avoir participé à un cartel pendant 14 ans.

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Camions Daimler. Crédit : DR

La Commission européenne a infligé mardi une amende record de 2,93 milliards d’euros à quatre fabricants européens de camions, accusés de s’être entendus pendant 14 ans sur les prix de vente de leurs poids lourds.

«C’est la plus grosse amende jamais infligée dans un cas de cartels dans l’UE, le double du précédent record», a déclaré à la presse la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager. Ce dernier remonte à la fin 2012, quand la Commission européenne avait condamné sept entreprises à payer au total 1,47 milliard d’euros pour s’être entendues pendant dix ans sur le prix des tubes cathodiques entre 1996 et 2006.

L’allemand Daimler est le plus lourdement sanctionné (un milliard d’euros). Viennent ensuite le néerlandais DAF (752 millions), le suédois Volvo-Renault Trucks (670 millions) et l’italien Iveco (494 millions). Ils ont tous reconnu leur participation et accepté de conclure cet accord.

L’allemand MAN (détenu par son compatriote Volkswagen), partie prenante du cartel mais qui en a révélé l’existence à la Commission européenne, n’a pas eu à payer d’amende. Dans un communiqué, le groupe allemand indique «avoir échappé à une sanction financière de 1 milliard d’euros» grâce à sa coopération avec l’exécutif européen.

Le suédois Scania, qui est également soupçonné d’avoir participé à cette entente, a refusé l’accord proposé par la Commission et l’amende qui lui est liée. «Par conséquent, l’enquête le concernant se poursuit», a dit Margrethe Vestager.

«Notre message est clair: les cartels n’ont pas de place en Europe», a insisté la commissaire danoise. Cette sanction contre des groupes européens survient moins d’une semaine après que la Commission européenne a lancé une enquête -la troisième- contre le géant américain de l’internet Google, l’accusant de position dominante dans ses pratiques publicitaires.

«Il n’est pas acceptable que MAN, Volvo/Renault, Daimler, Iveco et DAF, qui produisent à eux seuls environ 9 camions sur 10 de poids moyen et lourd en Europe, aient conclu une entente au lieu de se livrer concurrence», a estimé Vestager.

«Pendant 14 ans, ces sociétés se sont entendues sur les prix et sur la répercussion des coûts de mise aux normes environnementales sur les clients», a-t-elle ajouté.

D’après l’enquête de la Commission, «tout a commencé par une rencontre dans un hôtel douillet à Bruxelles en janvier 1997». Les fabricants incriminés sont notamment pointés du doigt pour s’être entendus sur la mise en œuvre de normes anti-pollutions: une accusation embarrassante pour l’industrie automobile dans son ensemble, dans le contexte du scandale des moteurs diesel truqués.

Margrethe Vestager a toutefois précisé que l’enquête concernant les fabricants de camions n’avait pas pu établir de lien avec le scandale de Volkswagen et des moteurs truqués.

Dans des communiqués diffusés séparément mardi, Volvo et Daimler ont dit «regretter ce qui s’était passé», précisant qu’«ils en avaient tiré les conséquences».

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