Les services de sécurité marocains ont répertorié 1 609 Marocains ayant rejoint les zones de tension en Syrie, en Irak et dernièrement en Libye, dont un peu plus de 800 qui ont rejoint les rangs de Daech.
Ces chiffres détaillés ont été annoncés le 15 juillet à Al-Jazeera par Abdelhak Khiyam, le directeur du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), relevant de la DGST (Direction générale de sécurité du territoire) et surnommé par la presse le « FBI marocain ». « Nous donnons ces chiffres en toute transparence, contrairement à d’autres pays qui préfèrent ne pas les fournir », a-t-il expliqué.
Lors de cette émission, le patron du BCIJ s’est notamment exprimé sur le risque terroriste et l’évolution de la stratégie des mouvements terroristes. Il a rappelé que la menace ne se résume pas à Daech, et que d’autres organisations sont actives dans le recrutement de jihadistes et la préparation d’actions terroristes, citant le Front Al-Nosra, le mouvement Cham Al-Islam, Al Qaïda ou encore Al Mourabitoune.
En sécuritaire expérimenté, Abdelhak Khiyam a noté le changement de stratégie graduelle opéré par les mouvements terroristes ces dernières années, et notamment leur manière de recruter et de fomenter des actions criminelles. Au début, « les organisations terroristes en général, et pas seulement Daech, ont tenté d’entraîner des Marocains dans des camps puis de les faire revenir pour effectuer des opérations. Ceux là ont été démantelés en totalité », a-t-il expliqué. Par la suite, cette méthode a évolué avec Daech, qui s’est mis à recourir à des cellules dormantes. La stratégie a alors changé une nouvelle fois, en fournissant un soutien logistique aux cellules qui ont fait leur allégeance et qui se trouvent déjà sur le territoire.
« La méthodologie même du terrorisme a changé, avant il y avait des discours de chefs terroristes, de Ben Laden, Ayman Al-Dawahiri ou autre. Dorénavant, ils ‘activent’ quelqu’un en passant simplement par internet », résume Abdelhak Khiyam.
Ultime évolution des méthodes terroristes : le recours à des ressortissants étrangers pour brouiller les pistes. C’est ce qu’ont vécu les services de sécurité, qui ont réussi à mettre à mal cette technique en démantèlement plusieurs cellules qui fonctionnent sur ce mode. Le patron du BCIJ cite celle conduite par un ressortissant tchadien, une autre par un Français ou encore une autre pilotée par un Italien.
L’émission est également revenue sur la coopération entre les services sécuritaires, et notamment avec l’Algérie. Khiyam s’est félicité des relations « bonnes et fructueuses » avec l’Europe, les États-Unis et le monde arabe, mais a déploré « l’inexistence » d’échange de renseignements entre le Maroc et son voisin immédiat. Une situation qui aura des conséquences sur l’Algérie en premier lieu, selon lui, dans la mesure où la zone du Sahel est candidate à devenir à son tour une zone de tension. « Beaucoup d’organisations terroristes et mafieuses y sont actives, le passage des armes y est facile », prévient-il.
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