La vieille dame de Rabat est-elle dépassée par son propre patrimoine foncier et touristique ? La Caisse de dépôt et de gestion (CDG) cherche un cabinet de conseil pour l’accompagner dans l’amélioration de la gestion de ses portefeuilles touristique et foncier et de leur dispositif de pilotage, d’après un appel d’offres rendu public par l’institution.
En plus de ses activités dans l’épargne et la prévoyance, Banque, finance et assurance, la CDG dispose d’un large portefeuille dans le domaine du développement territorial qui englobe, entre autres, ses opérations sur le secteur touristique, immobilier et tertiaire. Rien qu’en tourisme, la CDG participe dans plusieurs projets de grande envergure comme celui de la station Saidia qu’elle a dû reprendre en main en 2011 pour la repositionner et lui insuffler une nouvelle dynamique. La CDG est également partie prenante de la station de Taghazout, du projet de développement de la station thermale de Moulay Yacoub, du projet Oued Fès, etc. Tous ces projets ont connu ou connaissent des retards ou des dysfonctionnements. Le dernier exemple en date est celui du projet de Ouèd Fès qui traîne depuis 2007. Début 2016, Medz, filiale de CDG qui porte le projet décide d’offrir, à titre gracieux, des lots de terrain à des opérateurs hôteliers pour essayer de débloquer le projet.
C’est dire la difficulté de gérer autant de projets d’envergure. Dans son dernier rapport sur les établissements et les entreprises publics, la Cour des comptes n’a pas manqué de soulever plusieurs problématiques liées à la gestion et la gouvernance au sein de l’établissement.
« La CDG, bien qu’elle soit un établissement public de grande taille, détient plusieurs filiales et participations structurellement déficitaires dont certaines portent des projets entrant dans le cadre de la mise en œuvre de politiques sectorielles initiées par l’État », soulève les magistrats de la Cour des comptes. Comprenez la participation de la Caisse à la concrétisation des objectifs de la vision 2020 et du programme Azur.
L’institution dirigée par Driss Jettou soutient également que « le processus de filialisation a conduit à une diversification qui s’opère en dépassement du cadre juridique la régissant. Cette orientation comporte de nombreux risques. En effet, cette politique a poussé la CDG à intervenir dans des domaines d’activité fortement concurrentiels et à s’engager dans des secteurs dont la rentabilité est incertaine ».
La Cour des comptes reproche à la Caisse sa politique de filialisation engagée en 2004. « Le groupe CDG s’est trouvé opérateur dans plusieurs secteurs d’activité pouvant être exercés par le secteur privé. Parmi ces secteurs on y trouve notamment : la promotion immobilière, l’habitat social, l’intermédiation boursière, la gestion d’actifs, le développement et la gestion de résidences pour étudiants, l’ingénierie et le conseil, le gardiennage, la construction et la gestion des parkings urbains et le tourisme». Rien que sur la période 2008-2015, 59 autorisations par décret ont été accordées à la CDG pour la création de filiales ou la prise de participations.
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